Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pays-Bas (royaume des) (suite)

Les Pays-Bas et l’étranger

Il n’y a pas d’État en Europe dont les activités dépendent autant de l’étranger ; les exportations représentent près de la moitié du produit national brut (deux fois plus qu’en Allemagne fédérale ou en Grande-Bretagne, trois fois plus qu’en France) ; c’est indiquer combien les Pays-Bas sont attachés à la liberté des échanges et ont souffert des entraves qu’ils connurent lors des guerres ou des accès de protectionnisme.

La balance commerciale est aujourd’hui équilibrée, car l’accroissement du coût des achats de pétrole a pu être compensé par les notables exportations de gaz naturel (la moitié de la production). Comme toutes les nations développées, les Pays-Bas importent surtout des denrées brutes et exportent des produits finis ; les autres États de la C. E. E., l’Allemagne fédérale en tête, sont à la fois leurs principaux fournisseurs et clients, et la place de la Grande-Bretagne, déjà importante, doit s’accroître avec l’entrée de ce pays dans le Marché commun.

À l’étroit dans leurs frontières, les Néerlandais mettent beaucoup d’espoirs dans la Communauté européenne, dont le Benelux* préparait l’avènement. La perte de l’Indonésie, avec laquelle ils ont renoué des relations économiques, ne les empêche pas de s’intéresser aux pays en voie de développement, d’abord leurs associés de Surinam et des Antilles, mais aussi tous ceux qui sont susceptibles de bénéficier de la compétence technique d’experts en bonification des terres et en agriculture tropicale.

Si 560 000 Néerlandais vivent hors des Pays-Bas (dont 130 000 en Allemagne fédérale), plus de 280 000 étrangers y résident ; nombreux en outre sont ceux qui y passent, à l’occasion d’une escale, d’un congrès, d’un voyage touristique ; les grandes villes de l’Ouest présentent ainsi un aspect très cosmopolite qui reflète l’ouverture vers le monde de l’économie néerlandaise. L’aéroport de Schiphol, qui a surtout une fonction internationale en raison de la petitesse du territoire, figure d’ailleurs parmi les premiers d’Europe avec un trafic annuel de 6 millions de passagers (3 M en 1963), en partie assuré par la compagnie nationale K. L. M. (Koninklijke Luchtvaart Maatschappij) dont la fondation remonte en 1919.

Deux grandes sociétés néerlandaises

Les deux plus importantes firmes européennes par le chiffre d’affaires sont anglo-néerlandaises : la Royal Dutch-Shell, qui occupe la quatrième place dans le monde (la deuxième, si l’on inclut sa filiale américaine), et Unilever, première société mondiale dans le domaine de l’alimentation. On voit ensuite apparaître parmi les douze premières firmes européennes deux sociétés à capitaux en très grande partie néerlandais et qui ne semblent pas à la mesure d’un si petit État : Philips et AKZO.

Philips

Occupant en Europe le quatrième et le premier rang dans la construction électrique et électronique, Philips emploie plus de 300 000 salariés dans le monde entier, dont moins du tiers aux Pays-Bas. Son siège social est resté à Eindhoven, où eurent lieu ses débuts, et les descendants de ses fondateurs continuent de participer à l’administration de la firme, qui a, bien sûr, abandonné son caractère d’entreprise familiale. Les frères Philips commencent en 1891 à fabriquer des lampes à incandescence, dans les bâtiments d’une ancienne usine textile ; après un départ difficile (30 ouvriers en 1895), l’entreprise bénéficie d’un essor rapide au début du xxe s. et emploie 20 000 salariés en 1929, avec une production plus variée : lampes au tungstène, appareillage radio. La crise économique de 1929 et la Seconde Guerre mondiale frappent durement une firme qui avait conquis de nombreux marchés étrangers ; mais, avec l’aide de l’État, elle connaît un relèvement rapide après 1945. Sa production se diversifie techniquement et géographiquement ; la gamme des activités intéresse non seulement l’électroménager, l’électro-acoustique et les télécommunications, qui ont fait sa célébrité dans le grand public, mais aussi les installations d’éclairage, les composants électroniques et l’équipement médical ; Philips possède des établissements dans une soixantaine de communes néerlandaises (en particulier dans des pôles de développement comme Drachten), en Belgique et dans un grand nombre d’autres pays. (V. électrique [industrie de la construction].)

AKZO

Elle figure au troisième rang mondial (au second en Europe) parmi les fabricants de fibres synthétiques et au huitième (sixième en Europe) parmi les firmes chimiques. Elle emploie 100 000 travailleurs, dont une trentaine de milliers aux Pays-Bas. Sa naissance est plus tardive que celle de Philips, mais elle acquiert rapidement une dimension internationale ; son siège social reste établi à Arnhem, où débuta en 1911 l’industrie néerlandaise des textiles artificiels. Une série de concentrations marque l’histoire de la firme : en 1929, ENKA (Nederlandsche Kunstzijdefabriek, la première société néerlandaise de soie artificielle), dont les contacts avec l’étranger étaient déjà nombreux, se rapproche de la société allemande Vereinigte Glanzstoff-Fabriken AG et absorbe une société concurrente de Breda (HKI) pour donner naissance à l’Algemene Kunstzijde Unie (AKU) ; celle-ci étend ses activités au caoutchouc synthétique et à la pétrochimie, en liaison avec des entreprises américaines, et surtout fusionne en 1969 avec un autre « grand » de la chimie néerlandaise, Koninklijke Zout-Organon (KZO), résultant lui-même d’une association intervenue en 1967 entre la Koninklijke Nederlandsche Zoutindustrie (Hengelo ; chimie à base de sel gemme) et Zwanenberg-Organon (Oss ; produits alimentaires et pharmaceutiques, détergents). AKZO possède maintenant une centaine d’établissements (répartis entre 20 pays), dont plus de cinquante sur le territoire néerlandais. Sa situation semblait très prospère lorsqu’en 1972 apparurent des difficultés d’écoulement sur le marché des fibres synthétiques ; la firme établit un plan de réorganisation se traduisant par la suppression de plusieurs milliers d’emplois (aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse et en Belgique) ; la réaction des salariés de l’usine de Breda a cependant remis en cause son application intégrale. (V. chimiques [industries].)