Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pays-Bas (suite)

Tandis que le pensionnaire Johan Van Oldenbarnevelt (1586-1618) procure aux Provinces-Unies (du Nord) l’alliance de l’Angleterre et le soutien financier de la bourgeoisie marchande, le fils de Guillaume d’Orange, le stathouder Maurice de Nassau (1584-1625), entreprend la reconquête de quelques places occupées dans le Nord par Alexandre Farnèse : Breda en 1590 ; Nimègue en 1591 ; Groningue en 1594. La fin des guerres franco-espagnole en 1598 et anglo-espagnole en 1604 incite alors les Provinces-Unies à signer le 9 avril 1609, grâce à la médiation d’Henri IV, la trêve de Douze Ans avec l’Espagne, qui reconnaît ainsi de facto leur indépendance.

Réouvertes en 1621, les hostilités sont marquées d’abord par la reprise de Breda en 1625 par le marquis Ambrogio de Spinola, au service de l’Espagne (1569-1630), dont les forces sont bientôt mises en difficulté par le frère et successeur de Maurice de Nassau, le prince Frédéric-Henri (1625-1647). Conquérant tour à tour Bois-le-Duc (1629), Venlo, Roermond, Maastricht (1632), bénéficiant à partir de 1635 de l’alliance de la France, dont les forces prennent à revers celles de l’Espagne aux Pays-Bas, s’assurant enfin la maîtrise des mers grâce à la victoire navale décisive des Dunes remportée en 1639 par l’amiral Tromp (1598-1653), Frédéric-Henri crée les conditions favorables à la reconnaissance de jure de l’indépendance des Provinces-Unies par l’Espagne, qui leur cède en outre des morceaux du Brabant, de la Flandre et du Limbourg, dits alors pays « de la Généralité », car ils sont désormais gouvernés directement par les États-Généraux. Stipulées par les clauses du traité de La Haye du 30 janvier 1648, confirmées peu après par celles du traité de Münster, ces dispositions officialisent la disparition des Pays-Bas unis. Ils ne revivent un temps que de 1815 à 1830 dans le cadre du royaume des Pays-Bas.

P. T.

➙ Amsterdam / Anvers / Belgique / Bourgogne / Brabant / Bruges / Charles le Téméraire / Flandre / Hanse / Gand / Hainaut / Hollande / Jean sans Peur / Limbourg / Luxembourg / Orange-Nassau / Pays-Bas (royaume des) / Philippe le Hardi / Philippe le Bon / Provinces-Unies / Tournai / Ypres.

 A. Waddington, la République des Provinces-Unies, la France et les Pays-Bas espagnols de 1630 à 1650 (Alcan, 1895-1897 ; 2 vol.). / H. Pirenne, Histoire de Belgique (Lamertin, Bruxelles, 1900-1932 ; 7 vol.). / H. Van Houtte, Histoire économique de la Belgique à la fin de l’Ancien Régime (Van Rysselberghe, Gand, 1920). / L. Dechesne, Histoire économique et sociale de la Belgique depuis les origines jusqu’à 1914 (Sirey, 1932). / J. A. Van Houtte, Esquisse d’une histoire économique de la Belgique (Universitas, Louvain, 1943). / M. Braure, Histoire des Pays-Bas (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1951). / E. de Moreau, Histoire de l’Église en Belgique (Desclée De Brouwer, 1952). / F. Van Kalken, Histoire de la Belgique et de son expansion coloniale (Office de publicité, Bruxelles, 1954). / J. Craeybeckx, Un grand commerce d’importation : les vins de France aux anciens Pays-Bas (xiiie- xvie siècle) [S. E. V. P. E. N., 1959]. / J. Dhont, Histoire de la Belgique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1963 ; 2e éd., 1968).

Pays-Bas (royaume des)

En néerl. Nederland, État de l’Europe occidentale.
La Hollande ne saurait à elle seule donner une image exacte de l’ensemble des Pays-Bas, bien qu’elle en soit la partie la plus densément peuplée et qu’elle concentre les principales activités politiques, commerciales et financières. Certes, on retrouve partout l’immense ciel nébuleux des toiles du xviie s., mais le paysage plat et quasi amphibie des polders ne caractérise guère que la moitié nord-ouest du pays et il existe beaucoup plus de variété dans ce petit État que les faibles contrastes d’altitude ne le laisseraient supposer.


Le pays

Près de 50 p. 100 du territoire se situent au-dessous du niveau des hautes eaux marines ou fluviales ; le reste du pays se compose de régions plates ou légèrement vallonnées, entre 5 et 50 m d’altitude, s’élevant progressivement en direction des frontières orientale et méridionale, le point le plus haut étant atteint dans le sud du Limbourg (322 m). Des alignements de hauteurs viennent cependant rompre cette relative monotonie : le cordon des dunes littorales (15 à 30 m d’altitude, 57 m au maximum en Hollande-Septentrionale), les collines de la province d’Utrecht, de la Veluwe (qui dépassent 100 m en certains endroits), de la Drenthe et de la Twente.

L’ensemble est de constitution récente : les terrains primaires, secondaires et même tertiaires se trouvent maintenant en profondeur dans la vaste aire de subsidence vers laquelle convergèrent les cours de l’Escaut, de la Meuse et du Rhin ; à l’exception d’une partie du Limbourg, les formations quaternaires affleurent presque partout : alluvions des grands fleuves, dépôts morainiques, argiles et tourbes marines. La topographie de l’est et du sud des Pays-Bas se fixe à peu près dès le Quaternaire ancien ; le Rhin et la Meuse épandent de vastes cônes de déjection à la sortie de l’Ardenne et du Massif schisteux rhénan ; l’avant-dernière des grandes glaciations, qui recouvre le nord des Pays-Bas jusqu’à une extension maximale Haarlem-Utrecht-Nimègue, constitue un épisode décisif : elle accumule le matériel fluviatile meuble (surtout sableux) en moraines de poussée (dont la Veluwe présente le meilleur exemple) et dépose une faible épaisseur de moraine de fond argileuse parsemée de blocs erratiques venus de Scandinavie. Les différents stades d’avancée et de recul de la calotte glaciaire mêlent ces deux types de paysages au nord du Rhin, où d’anciens chenaux proglaciaires, tel le Vecht d’Overijssel, témoignent de l’écoulement passé des eaux de fonte. La dernière glaciation n’atteint pas le territoire néerlandais ; le climat périglaciaire qui règne alors introduit quelques retouches à la topographie par des épandages éoliens de sables et, à l’extrême sud, de lœss.