Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pau (suite)

Si la vaste superficie de la commune a permis la croissance démographique récente (48 000 hab. en 1954), une ample banlieue s’est développée autour de la capitale béarnaise. À l’ouest, la population de Billère est passée de 3 080 habitants en 1954 à 14 871 en 1975, et celle de Lons de 2 450 à 3 376. Si la moyenne terrasse, la plaine du gave, a été conquise par les espaces fonctionnels (anc. O. R. T. F., coopérative céréalière et abattoirs à Billère ; zone industrielle à Lons), la marée des pavillons a déferlé sur le Pont-Long. Elle tend même, aujourd’hui, à souder Lescar (4 938 hab.) à l’agglomération ; un nouvel ensemble fonctionnel (centre commercial, dépôts d’hydrocarbures, silos à maïs) s’est constitué dans la plaine. Au sud, les vieux villages de Jurançon (8 647 hab.) et de Gelos (3 557 hab.) sont enserrés dans une agglomération qui, partie de la route d’Oloron, s’est étendue jusqu’aux premiers coteaux du Jurançonnais, s’insinuant le long des vallées qui viennent du sud (« Vallée heureuse » à Gelos, vallée du Nez le long de la R. N. 134) et s’étirant le long du gave ; les premières maisons commencent même à escalader les coteaux. À l’est et au-delà de l’ensemble industriel qui, près de la gare, jouxte l’Ousse et le gave de Pau, la commune de Bizanos (4 264 hab.) s’est développée dans la vallée de l’Ousse. Mais déjà des villas apparaissent au nord sur les coteaux qui dominent le Pont-Long à Navailles-Angos, près de Morlaàs ainsi qu’au sud autour du bourg de Gan.


Les fonctions

Si Pau a une tradition certaine de ville manufacturière (en particulier, travail du lin au xviiie s.), la cité n’a cependant jamais été une véritable ville industrielle, tout au moins jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale : on ne comptait que 1 000 ouvriers en 1939. Les replis stratégiques effectués à partir de 1939, la possibilité d’utiliser le gaz naturel produit à Lacq, l’arrivée de cadres et les initiatives hardies de quelques chefs d’entreprise ont été à l’origine du développement de l’industrie au cours du dernier quart de siècle : 9 000 salariés en 1954 et 16 000 quinze ans après. Outre le puissant centre de recherches de la S. N. P. A. (plus de 1 000 salariés), il s’agit surtout d’industries de transformation, qui sont le fait de petites et moyennes entreprises, à structure familiale souvent : cinq d’entre elles seulement emploient plus de 200 personnes. Au voisinage de la gare, dans des quartiers vieillis, sont les industries les plus anciennes (minoterie, brasserie, métallurgie). À la périphérie de l’agglomération sont des industries récentes, usines avenantes et dont les activités sont variées : fabrication d’articles chaussants, d’aimants, confection, entre autres. La majorité d’entre elles sont dans le Pont-Long. Pour essayer de remédier à cette dispersion de l’industrie a été créée la zone industrielle de Lons.

La fonction industrielle a toujours été éclipsée par les fonctions tertiaires, dont les lettres de noblesse sont plus anciennes : marché du bétail actif, marché de foies gras, la ville est devenue au cours des deux dernières décennies un très important centre de collecte de maïs avec la puissante coopérative de Billère ; y siègent aussi les organismes du monde paysan pour la région. De modernes installations d’abattage de gros bétail et de volailles y ont été mises en place. Centre de négoce des produits de l’agriculture régionale, Pau est aussi un très important centre de commerce de détail, offrant une gamme très variée de magasins, notamment des magasins de luxe, dont l’existence est justifiée par la présence d’une clientèle à revenus élevés. La création, en 1969, d’une université des pays de l’Adour a été la dernière étape d’une quinzaine d’années d’efforts pour redonner à la capitale béarnaise une de ses plus nobles fonctions d’Ancien Régime : son aire de recrutement englobe la majeure partie des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées ainsi que le sud des Landes. Ville de parlement sous l’Ancien Régime (dont le ressort s’étendait uniquement, il est vrai, au Béarn), Pau est la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, mais aspire à devenir la capitale des pays de l’Adour, qui se cherchent. Il reste que son influence est contrariée à l’ouest de Peyrehorade par celle de Bayonne, en Bigorre par celle de Tarbes et dans les pays landais (exception faite du Tursan) par Bordeaux. Son épanouissement est aussi gêné par le découpage des régions de programme, séparant les Hautes-Pyrénées (Midi-Pyrénées) des Pyrénées-Atlantiques (Aquitaine) ; d’aucuns voient dans la réalisation d’une métropole bipolaire Pau-Tarbes, dont l’autoroute serait l’épine dorsale et le nouvel aéroport de Ger le trait d’union, la solution à une rivalité séculaire entre Béarnais et Bigourdans.

S. L.

➙ Aquitaine / Béarn / Pyrénées-Atlantiques.

 P. Tucoo-Chala, Histoire du Béarn (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962). / C. Frégnac, Merveilles des châteaux du Languedoc et de Guyenne (Hachette, 1967). / P. de Gorsse, « l’Art en Gascogne et en Béarn », dans Gascogne, Béarn, comté de Foix (Horizons de France, 1968). / C. Higounet (sous la dir. de), Histoire de l’Aquitaine (Privat, Toulouse, 1971).


L’art à Pau

Le château de Pau, dont les parties les plus anciennes remontent au xiiie s., a été transformé au cours des âges. Des constructions de la première forteresse subsistent la tour Mazères et les soubassements de la tour Billère. Le donjon carré et le corps de logis qui fait face aux Pyrénées datent de Gaston Phébus. Charmé par l’élégance des châteaux de la Loire, Gaston IV de Foix-Béarn demanda à l’architecte Bertrand de Bordelon d’adapter sa demeure au goût nouveau. Marguerite d’Angoulême et Henri d’Albret poursuivirent l’œuvre entreprise et donnèrent à la décoration intérieure un caractère Renaissance. Devenu caserne sous la Révolution, le château se trouvait dans un état d’abandon quand Louis-Philippe décida de le restaurer en 1838. Cette restauration, achevée par Napoléon III, répond à la vision que le xixe s. avait du Moyen Âge et de la Renaissance. Un incomparable ensemble de cent tapisseries des Flandres et des Gobelins ornent les pièces.