Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pathologie (suite)

La pathologie interne est d’appartenance médicale ou chirurgicale. Ici, à l’inverse de la pathologie traumatique externe, l’examen clinique « de visu » n’apporte pas toujours la solution diagnostique. L’interrogatoire soigneux portant sur les antécédents personnels et familiaux, l’histoire de la maladie et l’examen minutieux (inspection, palpation, percussion, auscultation) constituent une première étape, qui fournit parfois, mais rarement un signe pathognomonique, c’est-à-dire qui suffit à lui seul pour faire le diagnostic. Le recours aux examens biologiques, radiologiques, endoscopiques et parfois à d’autres épreuves plus complexes (cathétérismes, examens histologiques par biopsie, examens isotopiques) est nécessaire pour comprendre le rôle pathogène de certains agents infectieux bactériens, parasitaires ou viraux, de certains agents toxiques, de certains désordres physiologiques, de certains obstacles aux sécrétions, etc. La pathogénie (le mécanisme) de l’affection étant éclairée, un diagnostic peut être porté et une thérapeutique, envisagée (médicale et/ou chirurgicale). Dans un grand nombre de cas, la méthode anatomo-clinique définissant les rapports entre manifestations pathologiques et modifications anatomiques — macroscopiques et microscopiques — est encore suffisante. Mais, de plus en plus, certaines maladies sont interprétées comme le résultat de conflits d’ordre immunitaire, l’organisme lui-même élaborant des auto-anticorps dont la fixation sur différents organes sera responsable des lésions et des manifestations cliniques.

Dans certaines maladies, et de manière spontanée (après la « crise ») ou lorsque le traitement est efficace, la guérison est obtenue. Dans nombre de cas, la maladie est simplement contrôlée, les manifestations cliniques régressent, mais les signes biologiques persistent, ainsi que les lésions histologiques responsables. Enfin, dans les cas mortels, la vérification anatomique (l’autopsie) permet de mettre en évidence, par l’examen anatomo-pathologique, la corrélation anatomo-clinique et parfois la cause non élucidée de la maladie et de son évolution fatale.

La pathologie chirurgicale constitue une branche fondamentale de la pathologie interne. Cependant, elle ne peut être strictement isolée, car des manifestations pathologiques impliquant une sanction chirurgicale peuvent, dans certains cas, être soignées par des moyens médicaux. Certaines affections ne peuvent être traitées que chirurgicalement, et seul le degré d’urgence de l’intervention curatrice crée alors une hiérarchie dans les impératifs du diagnostic : par exemple, une rupture de grossesse extra-utérine impose une intervention immédiate, alors que la suspicion de fissuration subaiguë d’une grossesse tubaire justifie des examens complémentaires, l’intervention pouvant être secondairement décidée sur des arguments de certitude.


Pathologie des différents organes et appareils


Le cœur et les vaisseaux

Les malformations cardiaques congénitales, anatomiquement connues depuis plusieurs siècles, sont actuellement bien analysées grâce aux progrès techniques (angiographie, cathétérisme), et la correction chirurgicale de nombre d’entre elles est aujourd’hui possible (v. cœur).

Les lésions cardiaques post-streptococciques (rhumatisme articulaire aigu) constituent également un important chapitre de la pathologie cardiaque.

La pathologie des artères coronaires, dont l’obstruction progressive ou brutale est responsable de l’angine de poitrine et de l’infarctus du myocarde, est également en plein essor. La chirurgie réparatrice (pontage coronarien) est parfois possible lorsque les lésions sont limitées. Les cardiopathies toxiques, métaboliques ou de surcharge sont plus rares. La pathologie artérielle métabolique et dégénérative (diabète ou artériosclérose) est très fréquente et de traitement difficile.


Les poumons

La pathologie pulmonaire et pleurale, autrefois dominée par la tuberculose*, paraît actuellement faire une plus large place au cancer* bronchique et à l’insuffisance respiratoire par bronchite chronique, très fréquente dans certains pays.


Le tube digestif et ses annexes

En pathologie digestive, c’est le caractère fonctionnel qui est le plus souvent mis en cause. Mais la crainte d’une tumeur (œsophage, estomac, côlon) fait multiplier les explorations complémentaires. La pathologie hépatobiliaire est également très importante (v. bile, cirrhose, foie, hépatite). La rate peut être atteinte isolément (splénomégalie) ou en même temps que le foie comme dans les syndromes ou maladies de Banti. La pathologie pancréatique conduit à de très nombreuses indications médicales ou chirurgicales (v. pancréas).


La pathologie du sang et des organes hématopoïétiques

Elle semble actuellement dominée par les affections malignes d’origine médullaire ou ganglionnaire (leucémies*, lymphogranulomatoses*, lymphosarcome, dysglobulinémie). Le diagnostic et le traitement de ces maladies font heureusement des progrès constants, et la survie est maintenant souvent très prolongée. Les anémies toxiques (médicaments, produits industriels) ou carentielles (vitamine B12, acide folique) sont très fréquentes. Les tares globulaires, les anomalies de l’hémoglobine sont également à l’origine d’affections redoutables chez les Africains ou dans certaines régions d’Asie (v. hématie et sang).


Les voies urinaires

La pathologie de l’appareil urinaire* est très riche. L’infection urinaire basse en est l’expression la plus connue ; elle peut, par sa répétition, être responsable d’infections du parenchyme rénal avec ses risques de retentissement sur la fonction. La lithiase rénale peut être liée à une maladie métabolique (lithiase maladie) ou à un obstacle (lithiase d’organe). La pathologie urinaire peut également être d’origine malformative ou tumorale.


Le système nerveux

La pathologie neurologique, dont les caractéristiques cliniques et anatomiques ont été remarquablement étudiées par les cliniciens et les physiologistes français, peut avoir une origine fonctionnelle (crise de nerfs), psychiatrique (hystérie*), vasculaire (ramollissement, hémorragie), dégénérative (maladie de Parkinson*) ou tumorale (bénigne ou maligne) [v. nerveux (système)].