Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pasteur (Louis) (suite)

Le 6 juillet 1885, Joseph Meister, un enfant de neuf ans mordu deux jours plus tôt, est amené à Pasteur. Après de nombreuses hésitations, on commence le traitement par des moelles de plus en plus virulentes. En août, l’enfant est considéré comme sauvé. Quelques mois plus tard, Jean-Baptiste Jupille, gravement mordu, traité au sixième jour, est également sauvé par le traitement. Bientôt des blessés affluent à Paris. La prophylaxie de la rage est efficace après morsure.

L’Académie des sciences adopte le projet de la fondation d’un « Institut Pasteur ». Une souscription nationale et internationale est ouverte en 1886. Jacques Joseph Grancher, Émile Roux, André Chantemesse poursuivent le traitement des maladies, mais Pasteur, souffrant, doit partir pour le Midi se reposer avec sa famille. À son retour à Paris, un nouvel accident neurologique le contraint à diminuer ses activités. L’Institut Pasteur est inauguré le 14 novembre 1888, et le 27 décembre 1892, à la Sorbonne, les soixante-dix ans de Pasteur sont célébrés avec éclat.

Grâce aux travaux des élèves de Pasteur, les germes de la diphtérie et de la peste sont découverts, et le rôle des toxines est mis en évidence ; Roux met au point la sérothérapie antidiphtérique, qu’il applique le 1er février 1894.

Le 1er novembre 1894, Pasteur tombe malade. Il participe encore aux activités de ses collaborateurs, mais il meurt le 28 septembre 1895.

Les travaux de Pasteur

Pasteur, chimiste et biologiste, a accompli une œuvre immense. Toutes ses découvertes ont eu des incidences pratiques.

• Par ses travaux sur les cristaux, il a créé la stéréochimie.

• Étudiant les fermentations, il a appliqué ses découvertes à la protection des vins et de la bière par la pasteurisation.

• Il a sauvé la sériciculture en démontrant le caractère héréditaire de la pébrine et en inventant le « grainage ».

• Il a démontré l’importance des micro-organismes comme éléments d’équilibre dans la nature et leur rôle dans l’infection. Recherchant des moyens thérapeutiques, il a mis au point la vaccination contre le charbon et celle contre la rage.

Son œuvre a bouleversé les conceptions de la pathologie infectieuse, influencé la chimie biologique et créé de nouvelles méthodes industrielles.

L’Institut Pasteur

Inauguré le 14 novembre 1888, l’Institut Pasteur répondait initialement à deux buts : la préparation et l’administration des traitements antirabiques, sous la direction des élèves de Pasteur, parmi lesquels Roux et Chamberland ; la recherche en chimie biologique.

Le développement de l’Institut entraîna bientôt sa division en plusieurs secteurs :
— service bactériologique, comprenant un secteur de microbiologie et un service de vaccins ;
— service de sérothérapie (préparation, distribution et vente des sérums) ;
— service de chimie biologique ;
— hôpital Pasteur (fondé par donation postérieure), destiné au traitement des maladies infectieuses et possédant également une consultation externe.

Le développement considérable des fonctions de recherche aboutit à la création de plusieurs annexes (Garches) et des filiales provinciales (Lille) ou étrangères.

• L’enseignement prodigué à l’Institut Pasteur est essentiellement microbiologique et bactériologique. Des cours et des travaux pratiques sont organisés chaque année pour des étudiants français et étrangers (par exemple microbiologie générale et systématique, mycologie, épidémiologie). Des enseignements de courte durée sanctionnés par des certificats peuvent être suivis pour l’acquisition de nouvelles techniques.

• L’Institut Pasteur est également un centre de recherches thérapeutiques (mise au point de sérums et de vaccins, étude des antibiotiques [action sur les germes et application à la lutte anti-infectieuse] et fondamentales (bactériologie, virologie, physiologie cellulaire, immunologie).

De nombreux élèves de l’Institut Pasteur sont devenus célèbres : E. Roux (sérothérapie antidiphtérique), A. Yersin (peste), E. Metchnikov (phagocytose), A. Laveran (paludisme), A. Calmette (B. C. G.), G. Ramon (anatoxines), J. Tréfouël (sulfamides) et, plus récemment, les prix Nobel, F. Jacob, A. Lwoff et J. Monod, spécialistes de génétique bactérienne comptant parmi les créateurs de la biologie moléculaire.

• La fonction de distribution des produits de l’Institut Pasteur explique son développement commercial (vaccins, sérums, milieux de culture, réactifs de laboratoire, etc.).

• L’Institut Pasteur est géré par un conseil d’administration comportant en particulier le délégué général à la recherche scientifique, le directeur général de l’I. N. S. E. R. M. (Institut national de la santé et de la recherche médicale), un représentant des finances. Les autres membres sont élus pour leurs connaissances scientifiques, administratives ou financières. La gestion est confiée à un conseil scientifique et à un directeur (Jacques Tréfouël, Pierre Mercier, Jacques Monod) assisté de trois directeurs adjoints.

Les difficultés administratives et financières croissantes de l’Institut Pasteur ont abouti en 1971-72 à une importante réforme (création de la société anonyme Institut-Pasteur Production pour doter la fondation de moyens industriels capables de renforcer le secteur productif).

Louis Pasteur Vallery-Radot

Médecin français (Paris 1886 - id. 1970). Petit-fils de Louis Pasteur, médecin des hôpitaux de Paris en 1920, agrégé en 1927, professeur de clinique médicale à l’hôpital Broussais (1939), il a étudié les maladies allergiques et rénales. On lui doit de nombreux ouvrages didactiques réalisés avec ses élèves (traités de pathologie médicale). Il fut secrétaire général à la Santé publique en août 1944. Député de Paris en 1951, démissionnaire en 1952, il fut élu au Conseil constitutionnel en 1959. Après sa retraite, il continua d’avoir une activité intellectuelle importante dans les services hospitaliers de ses élèves.

Il publia les Œuvres complètes de Pasteur (1922-1939) et sa Correspondance (1951) ainsi qu’un Pasteur inconnu (1954). Membre de l’Académie de médecine en 1936, il avait été élu à l’Académie française en 1944.

P. V.