Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

ardoise (suite)

Quelle que soit la méthode utilisée, elle comprend les opérations suivantes :
— l’abattage de la bordée, c’est-à-dire d’une partie du banc de 2 à 3 m d’épaisseur, à l’aide d’un explosif peu brisant (poudre noire) ou par havage. Si l’abattage se fait par sciage au fil, on fait tomber tout le banc, c’est-à-dire une tranche ayant toute la surface de la chambre, avant de passer aux opérations suivantes ;
— le décalâbrage et le chevillage. Il est en effet indispensable de faire tomber de la voûte ou des parois les morceaux de schiste ébranlés par l’abattage ou de les cheviller ;
— le triage, le débitage et le chargement de la pierre abattue. Ces opérations se font à l’aide de coins ou d’aiguilles infernales, en utilisant les plans de fissilité et de quernage du schiste ardoisier ;
— le remblayage, ou enlèvement des déchets. Les déchets, c’est-à-dire les morceaux impropres à la fabrication, soit environ 50 p. 100 du schiste abattu, doivent être enlevés dans les méthodes à descendre pour pouvoir abattre la tranche suivante. Au contraire, dans la méthode à monter, il faut les compléter avec les déchets provenant du creusement des galeries du niveau supérieur.


Travail au jour

Initialement, la pierre montée du fond était transformée en ardoises de couverture par un seul ouvrier, le fendeur sur butte. Actuellement, le travail est divisé et comprend les opérations suivantes :
— le débitage, c’est-à-dire la division du bloc remonté du fond en plaques de 8 à 12 cm d’épaisseur suivant le plan de fissilité ;
— le sciage, comprenant deux phases : le sciage primaire, qui découpe les plaques en bandes, et le sciage secondaire, où les bandes sont découpées en répartons, c’est-à-dire en parallélépipèdes ayant l’épaisseur de la plaque et les autres dimensions un peu supérieures à celles d’un modèle d’ardoise. L’outil de sciage est un disque diamanté de 500 mm de diamètre et tournant à 2 200 tr/mn ;
— la fente, dans laquelle le fendeur commence par diviser le réparton en plaquettes de 10 à 15 mm d’épaisseur, soit l’épaisseur de quatre ardoises. Il place ensuite ces doubles jets dans une presse où il les refend en deux jets, puis en quatre fendis ;
— le rondissage, qui donne au fendis la forme et les dimensions de l’ardoise.


Modèles d’ardoise

La variété des modèles est une nécessité de fabrication qui s’est imposée pour obtenir un meilleur rendement. Il faut remarquer en effet que seulement 40 à 50 p. 100 du schiste abattu est remonté au jour ; le répartonnage diminue encore ce tonnage de moitié, si bien qu’une fois effectués la fente et le rondissage on aboutit à un rendement final de 10 à 15 p. 100. On distingue quatre grandes catégories de modèles :
— les modèles ordinaires, ou modèles français (épaisseur voisine de 3 mm), utilisés dans les régions de plaine, au bord de la mer ;
— les modèles anglais, plus résistants en raison de leur épaisseur (4 mm), employés dans les régions de climat dur (grêle, neige) ;
— les modèles carrés, pour couvrir les bâtiments industriels et agricoles ;
— les modèles historiques H1 (5 mm) et H2 (6 mm), qui servent à la réparation et à la réfection des monuments classés.


Usages du schiste ardoisier


Couverture des bâtiments

L’usage le plus courant est la couverture des bâtiments. Les ardoises sont disposées de manière à empêcher l’eau qui tombe ou qui ruisselle sur le toit de pénétrer à l’intérieur. Pour arriver à ce but, il faut utiliser des techniques de pose bien définies et adaptées à la région, à la nature des bâtiments, à la décoration recherchée ou à l’économie visée.


Dallages et parements

Lorsque le schiste n’a pas une fissilité suffisante pour être débité à l’épaisseur voulue permettant d’en faire des ardoises de couverture, on l’utilise pour la fabrication des dallages et parements sous des formes variées. En revanche, l’ardoiserie exige un schiste peu délité et sans défauts pour la fabrication de dalles brutes, rabotées ou polies. Ces dalles sont usinées pour différents usages où l’ardoise remplace le marbre :
— en intérieur, pour les marches d’escalier, les tablettes de radiateur, les revêtements de cheminée ;
— en extérieur, pour les appuis de fenêtre, les revêtements de façade, les tables de jardin, etc. ;
— pour la fabrication d’objets divers : tables de dissection, cuves, pièces isolantes en construction électrique, billards, tableaux noirs pour écoles, etc.


Poudres et paillettes

Depuis longtemps, les exploitants ont cherché un débouché pour les déchets de fabrication. La poudre d’ardoise est utilisée pour la fillerisation des bitumes servant à la fabrication des feutres asphaltés. Outre son rôle de stabilisateur, elle améliore la souplesse et le coefficient d’isolation. On l’utilise aussi dans l’industrie des peintures, des mastics, des matières plastiques et du ciment. Aux États-Unis, elle entre dans la fabrication des savons abrasifs et des produits asphaltés pour routes. Quant à la paillette, elle recouvre les feutres asphaltés servant à la couverture. Enfin, en Amérique, une usine fabrique du schiste expansé qui remplace le mâchefer pour la fabrication d’agglomérés.

G. Le B.

➙ Couverture.

Arétin (l’)

En ital. Pietro Aretino, écrivain italien (Arezzo 1492 - Venise 1556).


Contrairement à la légende, « le fléau des princes, le véridique et divin » Arétin ne fut ni de basse extraction ni un autodidacte. Et, loin d’être une courtisane de bas étage, sa mère Margherita Bonci, issue de l’aristocratie siennoise, non seulement lui procura une excellente éducation, mais le fit introduire à la cour du pape Léon X par l’intermédiaire du gentilhomme arétin Bacci, auquel la liait une relation amoureuse. Entre-temps (de 1506 à 1517), Pietro put acquérir dans les milieux humanistes de Pérouse une double formation de poète et de peintre. Du sérieux de cette éducation à l’école de Tebaldeo et de Serafino Aquilano, maîtres de la poésie courtisane humaniste, témoigne le raffinement stylistique de son premier recueil poétique, L’Opera nova (1512).