Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

ardoise (suite)

• En Allemagne, les plus importants gisements de la République fédérale d’Allemagne sont situés en Rhénanie et dans la vallée de la Moselle : à gauche du Rhin, le gisement de l’Eifel possède plusieurs ardoisières en exploitation dans la région de Mayen ; à droite du Rhin, la veine de Kaub est la seule à avoir une importance économique. Viennent ensuite les gisements de Westphalie (Fredeburg), de Hesse (Wissenbach) et de Saxe (Goslar).

Dans la République démocratique allemande, les exploitations ardoisières se trouvent en Thuringe et en Franconie.

• En Belgique et au Luxembourg, on exploite une partie des gisements ardennais. Seule la partie supérieure de l’étage donne des exploitations importantes, telles que celle d’Herbeumont, de Warmifontaine et de Martelange en Belgique, et celles de Haut Martelange et d’Asselborn au Luxembourg.

• En Norvège, il existe plusieurs ardoisières dans la région de Bergen. D’une teinte vert pomme caractéristique, les gisements norvégiens sont très riches en silice.

• En Suisse, l’industrie ardoisière est en déclin. Seules les ardoisières dites « du Simplon » (Termen) ou « du Valais » fabriquent encore un peu d’ardoises de couverture.

• En Italie, l’industrie est pratiquement concentrée dans la région de Cicagna (province de Gênes) : il s’agit de petites exploitations familiales à flanc de montagne. L’ardoise étant calcaire, la fabrication est orientée sur les dalles qui servent à faire des billards ou des tableaux d’école.

• En Espagne, il existe de grandes étendues de terrains ardoisiers de différentes qualités, mais leur exploitation ne s’est développée que depuis quelques années. Le plus important gisement est celui de Galice, avec le centre de Puente de Domingo Flórez.

• Au Portugal, le principal centre est celui de Vallongo, qui fournit un schiste facile à exploiter, peu délité, mais sensible aux agents atmosphériques, et pour cette raison utilisé surtout en ardoiserie.

Il existe encore quelques gisements d’importance secondaire en Yougoslavie, dans la vallée du Vardar, en Tchécoslovaquie, au nord de la Moravie, en Roumanie (gisements non exploités) et en Russie.

• En Afrique, il faut citer les ardoisières d’Agourai et d’Et-lias, dans la région de Meknès, et surtout le gisement ardoisier d’Afrique du Sud, situé à quelques kilomètres de la fameuse mine de diamants de Kimberley.


Industrie ardoisière

L’utilisation du schiste pour les toitures ne s’est faite qu’assez tard, parce que les affleurements, altérés par les agents atmosphériques, étaient peu fissiles. L’industrie ardoisière semble avoir pris naissance dans la vallée du Rhin et de la Moselle, puis s’est développée en Anjou, au pays de Galles et en Bretagne, c’est-à-dire dans des pays soumis au gel et à la pluie fréquente. Jusqu’au xie-xiie s., les ardoises épaisses et mal taillées sont réservées aux constructions vulgaires, et ce n’est qu’à partir du xiiie s., lorsqu’on sait tailler des ardoises fines et régulières, que les architectes utilisent l’ardoise à la décoration des édifices. Le développement de ce matériau lourd est lié à celui des transports, et les premières exploitations importantes sont à proximité de la mer ou d’une voie d’eau. L’ouverture des voies ferrées à partir de 1850 permet un nouvel essor à l’industrie ardoisière, qui atteint son apogée à la fin du xixe s. À cette époque, les grandes ardoisières de Penrhyn et de Dinorwic, au pays de Galles, occupent 6 000 ouvriers. En même temps, les colons ouvrent en Pennsylvanie des exploitations à ciel ouvert, et en Anjou les ardoisières de Trélazé et de Renazé sont au maximum de leur prospérité, car l’industrie ardoisière bénéficie d’une main-d’œuvre très bon marché. L’évolution de la situation entre les deux guerres mondiales, et surtout depuis 1940, est due :
— à l’augmentation du prix de revient dans une industrie qui comporte 75 p. 100 de main-d’œuvre ;
— à la difficulté de mécaniser sans perte de matière la fabrication d’un matériau hétérogène et fragile ;
— au prix élevé de la pose par le couvreur d’un produit de dimensions relativement petites ;
— à la concurrence de produits nouveaux : terre cuite et amiante-ciment en France, tuiles en ciment en Angleterre et dérivés du pétrole aux États-Unis.


Méthodes de fabrication

La fabrication des ardoises de couverture comprend deux parties bien distinctes : l’extraction de la pierre et la fabrication des ardoises à partir de la pierre extraite.


Extraction de la pierre

Le travail consiste à détacher de la veine le tonnage maximal de blocs transportables, en les brisant le moins possible. On emploie différentes méthodes suivant la profondeur et l’inclinaison des gisements. L’exploitation à ciel ouvert, qui est la plus ancienne, est encore utilisée en certains endroits (pays de Galles, États-Unis). Comme toutes les méthodes d’exploitation en descendant, elle nécessite l’enlèvement des déchets en plus des blocs d’ardoise ; d’autre part, elle devient de plus en plus onéreuse et dangereuse au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans le sol, et il faut alors recourir aux méthodes d’exploitation souterraine. On peut, dans ce cas, utiliser des méthodes en chambres montantes (ou par gradins renversés), telles que celles employées en Anjou, où le gisement est sensiblement vertical. On ouvre au niveau inférieur du panneau à exploiter une série de chambres de 20 à 30 m de longueur, sur toute la largeur de la veine. Ces chambres sont séparées par des piliers de protection. Le défruitement se fait ensuite en remontant par tranches successives (ou bancs), en utilisant les déchets pour remblayer le vide produit dans la chambre par l’extraction de la bonne pierre. La hauteur de remontée, limitée par la résistance des piliers qui soutiennent la voûte des chambres, est un peu inférieure à 100 m.