Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

ardoise

Roche schisteuse, facile à diviser en feuillets minces, et possédant des qualités d’imperméabilité, de résistance et d’inaltérabilité qui la font employer à divers usages.



Origine géologique

À certaines périodes de l’histoire de la Terre, des vases argileuses, provenant de l’érosion des reliefs voisins, se sont déposées au fond des mers ou des lacs, en couches superposées sur de très grandes épaisseurs. Ces sédiments enfouis en profondeur furent soumis à des températures et à des pressions telles que leur composition minéralogique fut modifiée. Des plissements ultérieurs de l’écorce terrestre exercèrent sur ces dépôts métamorphisés des efforts de compression qui leur conférèrent la propriété très importante de la fissilité. Ce laminage, orientant les éléments constitutifs du schiste, non seulement parallèlement à un plan perpendiculaire aux pressions, mais encore parallèlement à une direction de ce plan, est mis en évidence par la déformation des fossiles. Les mouvements de terrains ont créé également, dans la masse schisteuse, des surfaces de rupture avec ou sans infiltration, appelées délits, qui peuvent rendre le schiste inutilisable, et constituent une des principales causes des accidents. À part quelques gisements de montagne (Savoie, Pyrénées), les schistes ardoisiers se sont déposés au cours de l’ère primaire. En général, ceux-ci se présentent sous forme de veines fissiles, noyées sans limites nettement tranchées dans des schistes présentant des défauts ou n’ayant pas une fissilité suffisante pour être transformés en ardoises.


Composition chimique et minéralogique

L’ardoise est composée de minéraux complexes, et la fissilité est d’autant plus grande que les éléments sont plus lins et mieux orientés. Les constituants varient avec la provenance, mais toutes les ardoises sont à base de silice et de silicates complexes d’alumine, tels que la séricite, la chlorite, le mica sodique et l’argile. On y trouve également, mais en proportion moindre, d’autres éléments dont quelques-uns sont nuisibles, du moins sous certaines formes, à la conservation de l’ardoise. C’est ainsi que le fer à l’état d’oxyde s’hydrate, et que le calcaire rend l’ardoise poreuse à la longue.


Propriétés physiques du schiste ardoisier

Sa propriété essentielle, qui est utilisée lors de la fabrication des ardoises de couverture, est sa facilité de clivage parallèlement à un plan privilégié, dit « plan de fissilité ». La fissilité est d’autant plus grande qu’elle permet d’obtenir sous une faible épaisseur des plaques de plus grande dimension. Elle s’atténue assez rapidement sous l’action de la gelée et sous l’effet du vent ou du soleil, qui lui font perdre son eau naturelle. L’ardoise est imperméable, non poreuse et imputrescible. Sa couleur varie avec le gisement : le fond est toujours gris, avec des nuances vertes, bleues ou rouges. Sa densité est de l’ordre de 2,8.


Principaux gisements


Gisements français

• En Anjou-Mayenne se trouve le gisement le plus important de France. Le centre de Trélazé produit à lui seul la moitié des ardoises françaises. C’est le plus anciennement exploité, en raison de la proximité de voies d’eau qui ont permis le transport de l’ardoise. Dans la masse schisteuse, qui a une puissance de 800 m et affleure suivant des alignements S.-E. - N.-O., on exploite trois veines d’une trentaine de mètres. Le centre de Renazé est également ancien, mais en voie d’épuisement, tandis que celui de La Pouëze est assez récent. Le centre de Noyant-Combrée exploite une veine très puissante, où la pierre est peu délitée, mais donne des ardoises pyriteuses.

• En Bretagne, les schistes ardoisiers abondent dans les départements des Côtes-du-Nord et du Finistère. Actuellement, les seules exploitations en activité sont celles de Moulin-Lande à Maël-Carhaix et de Kermanach à Saint-Hernin. Les ardoisières de Sizun donnent une ardoise rustique et tachetée. Dans l’ouest de la province ne subsiste que l’ardoisière de Cô (près de Ploërmel), dont le schiste est gris verdâtre.

• Dans les Ardennes, on trouve deux bassins bien distincts, celui de Fumay et celui de Rimogne. À Fumay, les schistes ardoisiers sont verts ou violets, mais les deux ardoisières encore en activité n’exploitent que la veine violette. À Rimogne, le schiste est vert grisâtre (rugueux d’aspect) ou bleu foncé, mais l’exploitation est actuellement orientée vers la fabrication de poudre et de granulés à partir du schiste vert.

• En Corrèze, les gisements d’Allassac et de Travassac sont peu fissiles et donnent une ardoise épaisse difficilement transportable.

• Dans les Alpes, on trouve des schistes de divers âges géologiques, principalement des ères secondaire ou tertiaire. Le schiste est fissile, mais très tourmenté, et ne permet qu’une exploitation artisanale.

• Dans les Pyrénées, les gisements appartiennent également à des âges très différents, allant du Dévonien, à Arreau, au Carbonifère dans la région de Bedous-Laruns, et au Crétacé dans celle de Bagnères-de-Bigorre, seul gisement exploité actuellement.

D’une façon générale, l’exploitation s’est concentrée sur les gisements puissants qui donnent une ardoise fissile et de bonne qualité ; les nombreuses petites exploitations du siècle dernier ont été arrêtées lorsque les couches superficielles ont été épuisées. La production annuelle française d’ardoises de couverture est d’environ 125 000 t.


Gisements étrangers

• En Grande-Bretagne, les gisements du pays de Galles sont les plus riches du monde. Les schistes du groupe de Bangor, à l’extrême ouest du Caernarvonshire, ont jusqu’à 280 m de puissance. Ils sont peu coupés et de couleur pourprée ou verdâtre. Les schistes de l’assise de Llandilo sont gris bleuâtre, faciles à fendre, avec peu de pyrites. En dehors du pays de Galles, l’Angleterre exploite des schistes moins fissiles dans la région des lacs du Cumberland et du Westmorland.

• Aux États-Unis, les principales exploitations sont situées en Pennsylvanie, où le gisement ardoisier s’étend de Slatedale, à l’ouest, à Bangor, à l’est. Viennent ensuite le gisement qui chevauche sur les États de Vermont et de New York, puis celui de Monson, dans le Maine.