Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paris (suite)

Les substitutions de matières premières, les nouveaux procédés de fabrication, le recul du charbon, les progrès considérables des nouvelles sources d’énergie et leur diffusion, l’apparition de nouveaux besoins et de nouveaux objets de consommation, l’élévation du niveau de vie, tout concourt à transformer sans cesse les méthodes et les techniques de la production industrielle, et cela n’est évidemment pas sans répercussion sur les localisations, y compris à l’intérieur de l’espace urbain.

En outre, les progrès des moyens de circulation abaissent le coût des transports ; le développement des moyens de transmission de la pensée raccourcit les distances relatives ; bref, les inconvénients de l’éloignement et de la dispersion vont peu à peu en s’atténuant.

Les évolutions en cours dans la région parisienne peuvent se résumer ainsi :
1o simplification de l’éventail des industries parisiennes par renforcement des effectifs des branches déjà les plus importantes (la métallurgie, le bâtiment, la chimie) et amenuisement progressif de ceux des branches déjà moins importantes (par exemple le bois et l’habillement) ;
2o toutefois essor de quelques industries nouvelles, comme l’électronique et les matières plastiques ;
3o concentration croissante des entreprises et des établissements avec recul de l’artisanat, disparition de nombreuses petites entreprises et souvent des regroupements ;
4o stagnation ou même légère régression des effectifs industriels de la région, alors que ceux de la France entière ont augmenté ;
5o diminution des effectifs directement productifs et progrès des emplois tertiaires du secondaire, ainsi que d’emplois de plus en plus qualifiés (techniciens, cadres) ;
6o désindustrialisation lente, mais inéluctable de la partie centrale de l’agglomération, c’est-à-dire essentiellement de Paris, à la suite de cessations d’activités, de desserrements et de décentralisations (il en résulte des transformations importantes du paysage urbain dans les vieux quartiers industriels ainsi que des modifications de la structure des emplois) ;
7o accentuation du desserrement, c’est-à-dire du glissement ancien et spontané des industries de la partie centrale vers la banlieue non plus avec de grosses implantations isolées (Poissy, Flins, Saclay, etc.), mais avec regroupement d’entreprises moyennes ou petites dans des zones équipées par les collectivités locales ou les organismes publics ou parapublics (le nouveau paysage industriel est totalement différent de l’ancien : zones exclusivement industrielles, bâtiments clairs et fonctionnels, parkings, pelouses, plus de murs sales ni de hautes cheminées de briques, etc.) ;
8o ralentissement de la décentralisation vers la province, les formes et les résultats en étant très variables selon les secteurs industriels (mais il s’agit de plus en plus de créations industrielles ou d’expansions décentralisées et non pas de départs complets de la région parisienne).

La région parisienne constitue un des organismes industriels les plus complexes qui soit, par là même doté d’une grande force de résistance, de renouvellement et d’adaptation, mais en même temps d’une certaine fragilité.


Le secteur tertiaire

Certes, Paris est, de loin, la première place financière française, la première région industrielle, le premier foyer intellectuel, scientifique et artistique, mais toutes ces primautés découlent, plus que partout ailleurs, de son rôle de capitale politique et administrative.

• Les activités. Dans l’agglomération, les services de l’État proprement dits occupent 350 000 personnes, les collectivités locales 150 000, et le secteur parapublic 400 000, soit au total 900 000 personnes. L’échelon national — ministères, administrations centrales, grands services nationaux de tous ordres —, en représente environ 25 p. 100, soit 225 000 ; 10 p. 100 correspondent aux tâches régionales, et 65 p. 100 aux besoins locaux et départementaux de la population résidente ; les services liés à la satisfaction des besoins régionaux et locaux forment ce qu’on appelle le tertiaire public induit.

Les ministères proprement dits n’emploient pas plus de 26 000 personnes (70 000 avec tous les grands services publics nationaux), mais les fonctions de capitale intellectuelle et scientifique y ajoutent 75 000 emplois, et les tâches nationales du secteur parapublic 80 000.

Ce sont l’Éducation nationale (100 000) et les Postes et Télécommunications (85 000) qui exigent le plus d’emplois. Ensuite viennent les Finances et les Affaires économiques (40 000), les Armées (32 000), l’Intérieur (11 500). Douze autres ministères emploient moins de 9 000 personnes chacun, dont neuf moins de 5 000. Dans la dernière décennie, au total, le nombre d’emplois publics et parapublics a augmenté en moyenne de 4,5 p. 100 par an, surtout du fait de l’enseignement.

Le secteur parapublic, à caractère souvent non seulement administratif, mais industriel ou commercial, — la S. N. C. F., la R. A. T. P. et l’E. D. F., les banques et assurances nationalisées, la Caisse des dépôts et consignations, la Sécurité sociale, les Charbonnages de France, le Commissariat à l’Énergie atomique, Air-France, l’Aéroport de Paris, l’Agence Havas, etc. — totalise près de 400 000 personnes, ce qui fait que les pouvoirs publics contrôlent directement ou indirectement un peu plus de 20 p. 100 de l’emploi dans l’agglomération.

Enfin se développent de plus en plus les institutions et les organismes internationaux (plus de 400), intergouvernementaux et aussi privés. Leur nombre tend à se multiplier ; ils sont créateurs d’emplois, en même temps qu’ils attirent étrangers et devises : l’Unesco, à elle seule, utilise à Paris plus de 1 700 personnes.

C’est souligner un phénomène bien connu que de rappeler l’extrême rassemblement du patrimoine et des activités culturels français dans Paris : environ 70 théâtres, 80 musées, 170 grandes bibliothèques, la grande majorité des instituts et des centres de recherche. Néanmoins, depuis 1945, un desserrement sensible s’est produit vers la banlieue avec la création de théâtres (Nanterre, Saint-Denis, Aubervilliers, Vincennes, Villejuif, etc.) et l’installation de facultés et de centres de recherche (Orsay, Nanterre, Villetaneuse, Sceaux, Créteil, Palaiseau, le C. N. R. S. à Gif-sur-Yvette, etc.), qui tendent même à former une nouvelle banlieue « intellectuelle » au sud-ouest de l’agglomération.