Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paris (suite)

La main-d’œuvre occupée par toutes les industries représente au total près de la moitié de la population active de l’agglomération (44 p. 100). Le « tertiaire du secondaire » (occupations non directement productrices des entreprises industrielles) est bien plus développé que partout ailleurs. Il s’agit des innombrables emplois des sièges sociaux, des bureaux, des services commerciaux et de comptabilité, des laboratoires et des organismes de recherche, des entrepôts, etc.

La main-d’œuvre affectée à la production proprement dite est proportionnellement moins nombreuse qu’en province : elle atteint à peine 70 p. 100 des effectifs (60 p. 100 à Paris). Elle se consacre aussi le plus souvent aux stades de fabrication les plus avancés et les plus délicats. La proportion des cadres, des techniciens et des ouvriers qualifiés est, pour toutes ces raisons, en général plus forte qu’en province. La masse des salaires distribués dans l’agglomération est ainsi proportionnellement beaucoup plus importante que ne l’indiquent les effectifs.

Le développement industriel de l’agglomération a surtout été l’œuvre des deux derniers tiers du xixe s. Le chemin de fer, en diminuant le coût des transports et grâce à son tracé rayonnant, avec Paris au centre de sa toile d’araignée, renforça le pouvoir polarisant de la capitale. Il ne faisait d’ailleurs qu’accentuer les effets du dessin du réseau routier. Préparée par un certain développement déjà ancien des industries de luxe, conséquence précoce de la fonction de la capitale, puis des industries chimiques, nées en partie de l’utilisation d’abondants déchets urbains, cette industrialisation s’accéléra à partir du xixe s. avec la croissance de la métallurgie due en grande partie à l’extension du réseau ferroviaire au départ de Paris et au développement des charpentes métalliques — et, à la fin du siècle et au début du xxe, avec l’essor des industries électriques, automobiles, puis aéronautiques, qui jouèrent un rôle moteur capital. Depuis, cette prééminence n’a pas été remise en cause.

Ainsi que le montre le calcul de la valeur ajoutée par secteur, c’est la métallurgie différenciée, déjà importante par son nombre de salariés (730 000), qui représente la plus forte proportion : 43 p. 100 de la valeur ajoutée du même secteur industriel pour toute la France. C’est sur elle, automobile en tête, que reposent d’abord la prééminence industrielle parisienne et son pouvoir polarisant.

• Les localisations. Dans Paris, on trouve surtout des zones mixtes : résidences, industries et autres activités. L’est s’oppose à l’ouest, bien moins industriel, au moins sur la rive droite.

Les arrondissements périphériques du sud (XVe, XIVe et XIIIe) s’opposent à ceux du nord (XVIIe et XVIIIe), moins industriels.

Ces dissymétries dans Paris résultent évidemment de facteurs anciens ; la rive gauche fut longtemps le quartier des abbayes et des couvents, de l’université ; la rive droite, celui des marchands, des Halles et de l’Hôtel de Ville. L’artisanat fut très tôt le plus actif à proximité des rues les plus commerçantes, rue Saint-Denis et rue Saint-Martin. Mais, au cours de la seconde moitié du xixe s., les terrains libres et bon marché proches du fleuve et des voies ferrées furent plus nombreux dans les arrondissements périphériques du sud et du sud-est, urbanisés plus tard, ce qui facilita l’installation d’usines et d’entrepôts.

En banlieue proche, la répartition est inverse de celle de Paris : l’ouest, surtout le nord-ouest, est bien plus industriel que le centre-est ; le nord dépasse le sud. Mais cette dernière dissymétrie s’atténue lorsque l’on passe de la proche à la moyenne et à la grande banlieue, et cela de plus en plus, du fait de l’industrialisation du secteur centre-sud (de Massy à Longjumeau) ainsi que du développement et de l’influence d’Orly et de Saclay. L’essor industriel de la moyenne banlieue sud est un des faits les plus marquants de la période récente.

Le contraste reste, malgré tout, saisissant entre est et sud, d’une part, et nord et ouest, d’autre part, aussi bien du point de vue de la nature des industries que de l’importance globale.

C’est qu’autrefois, là où tous les facteurs se trouvaient réunis — proximité de Paris, voies d’eau, voies ferrées nombreuses, absence de relief, direction des régions industrielles de province —, l’industrialisation a été la plus intense, et la présence d’industries en a attiré d’autres ; c’est le cas du secteur Levallois-Perret, Clichy, Saint-Ouen, Asnières, Saint-Denis, La Courneuve, Aubervilliers. Ces communes constituent la zone majeure d’industries lourdes de l’agglomération et en même temps la zone la plus étendue de forte densité de gros établissements industriels.

Les nouvelles zones industrielles sont plus nombreuses au nord et à l’est qu’à l’ouest et au sud. Sur près de 140, plus d’une centaine ont un organisme promoteur, renferment déjà des établissements — en moyenne une quinzaine par zone, soit au total 1 800 dès à présent — et totalisent 2 000 ha, dont la moitié est occupée ou réservée. Elles sont peu liées aussi bien aux voies d’eau qu’aux voies ferrées, comme à Aulnay-sous-Bois, au Haut-Montreuil, à Vélizy-Villacoublay, au Plessis-Robinson.

Les industries que nous appellerons spécifiquement parisiennes — articles de Paris, bijouterie-joaillerie, orfèvrerie, ferronnerie, tabletterie, jeux et jouets, instruments de musique, meubles d’art, matériel de précision, parfumerie, produits de beauté —, si l’on y inclut l’habillement avec ses annexes et les activités productrices de biens culturels (livres, journaux, revues, disques, films, etc.), jouent aussi un rôle très important et restent très concentrées dans la ville même de Paris ou à ses abords immédiats. En effet, elles y sont très liées au commerce, en particulier celui qui est dit « de luxe », et à de nombreuses activités non industrielles — enseignement et recherche, tourisme, spectacles, activités artistiques, etc. —, bref à l’ensemble de la vie parisienne.