Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paris (suite)

La localisation de cet habitat collectif récent a connu deux principales étapes. Durant une première période (1954 - environ 1964), on a utilisé les vides du tissu urbain laissés en arrière par la vague des lotissements de l’entre-deux-guerres et situés souvent entre les voies ferrées et sur les plateaux, en particulier dans les banlieues sud (Bagneux, Villejuif), sud-ouest (Meudon, Beauregard) et sud-est (Choisy, Créteil) ; ces espaces libres sont moins éloignés de Paris que bien des lotissements plus anciens, tout en étant moins bien desservis par les transports en commun. Durant une seconde période (depuis environ 1964), ils se raréfient, et l’on construit de plus en plus les grands ensembles sur les franges de l’agglomération, comme au Val-d’Yerres, à Grigny, à Saint-Michel-sur-Orge, à Orsay, à Verneuil-Vernouillet, à Survilliers.

Ces « grands ensembles » représentent des caractères urbanistiques communs. La densité de logements à l’hectare varie de 60 à 85, sans compter les équipements collectifs généraux (soit de 20 000 à 35 000 habitants au kilomètre carré). Les bâtiments d’habitation ne couvrent que de 10 à 20 p. 100 de la surface au sol ; le reste est occupé par d’immenses parkings, des espaces verts aux arbres chétifs, la voirie, etc. Les deux tiers des bâtiments ont cinq niveaux (quatre étages), les plus longs pouvant atteindre jusqu’à 300 m d’une façade rectiligne et uniforme. Quelques tours ont jusqu’à vingt-cinq étages.

Les logements, en grande majorité de trois ou quatre pièces, sont insuffisamment insonorisés, mais sains, aérés et ensoleillés, dotés de confort. La population est composée presque uniquement de jeunes adultes avec de nombreux enfants et appartient en général aux classes populaires, parfois aux couches inférieures des classes moyennes.

• Enfin, on ne saurait passer sous silence la banlieue lépreuse des terrains vagues, cités d’urgence ou de transit, baraquements provisoires et bidonvilles. Cette banlieue abrite surtout des immigrés récents : Africains du Nord (Nanterre), Portugais (Champigny), Africains de l’Ouest aussi. Les municipalités sont désarmées pour empêcher cette explosion spontanée. L’absence d’équipements urbains et d’un minimum de confort, l’entassement, les matériaux légers et hétéroclites, la boue, l’eau croupissante donnent à ces secteurs un visage qui n’a plus rien d’urbain, sans parler du danger constant d’incendie en hiver ou d’épidémie en été.

Sur ses marges, la banlieue parisienne ne s’arrête pas toujours brutalement. Elle pénètre le milieu rural par une sorte de front pionnier, de zone hybride en rapide évolution, provisoirement banlieue semi-rurale.


L’emploi et les activités

L’agglomération constitue, en raison même de l’importance de sa population, de sa situation géographique, mais surtout du rôle essentiel de la capitale dans toute la vie française, conséquence d’une excessive centralisation, la région la plus active de France.

Le taux d’activité global est nettement plus fort dans la région parisienne (47 p. 100) que dans l’ensemble de la France (41 p. 100). La population active dépasse les 4 millions, dont 80 p. 100 de salariés, et elle augmente de plus de 1 p. 100 par an. Elle comporte une proportion plus forte de femmes (40 p. 100) que la moyenne française (35 p. 100) ; celles-ci sont dans les services deux fois plus nombreuses que les hommes.

C’est seulement à Paris même que le nombre d’emplois est très supérieur à la population active résidente (la ville reçoit tous les jours 900 000 actifs). Dans tous les autres départements de la région, il est nettement inférieur.

Parmi les catégories socio-professionnelles, les plus nombreux sont les ouvriers : 35,2 p. 100 (France entière, 37,7 p. 100) ; leur proportion varie de 26 p. 100 à Paris à 46 p. 100 dans la Seine-Saint-Denis. Les cadres supérieurs sont 8,7 p. 100 (France entière, 4,9 p. 100). L’agglomération possède relativement moins de patrons et aussi d’ouvriers que le reste de la France, mais davantage de cadres et d’employés : conséquence de la structure de ses activités, en premier lieu industrielles.


L’industrie

L’agglomération parisienne constitue, et de loin, la plus importante et la plus complète région industrielle française. Elle représente le quart de toute l’industrie nationale par les effectifs (soit 1 610 000 travailleurs), plus encore par la valeur de sa production, par son pouvoir d’innovation et d’entraînement, par son rayonnement. Presque toutes les branches y sont présentes.

• Les industries. L’agglomération est le type même de la vieille région industrielle urbaine et métropolitaine qui conserve encore de nombreux atouts : infrastructures lourdes et installations depuis longtemps amorties ; énergie et nombreuses matières premières souvent meilleur marché, en raison de la concentration des voies de communication de toutes sortes et de l’importance de la demande ; interférence d’un très riche éventail d’activités ; rôle régulateur des entreprises sous-traitantes ; coût des transports réduit au minimum dans de nombreux cas, en raison de la proximité d’activités et de fabrications extrêmement variées ; main-d’œuvre de toute nature des deux sexes, aux vieilles traditions de travail qualifié ; souplesse du marché du travail ; abondance des capitaux ; marché de consommation très important, à fort pouvoir d’achat ; traditions de recherche scientifique et technique et d’invention. À côté de colosses tels que Renault à Billancourt, qui, avec ses 35 000 ouvriers, est le plus grand établissement industriel de France, sans cesse se créent ou disparaissent d’innombrables et dynamiques moyennes et petites entreprises, parfois aux limites de l’industrie et de l’artisanat.

La région parisienne est un espace industriel fait d’un faisceau complexe de relations qui unissent les activités industrielles entre elles et aussi avec les autres activités, par exemple le tourisme pour les industries de luxe, les administrations centrales pour les industries vivant des commandes de l’État, l’enseignement, la recherche et les activités artistiques pour les industries de pointe et pour celles qui sont productrices de biens à caractère culturel, etc.

Les industries de la région représentent des parts très inégales, mais presque toujours importantes des diverses branches : 28 p. 100 de toute la main-d’œuvre, à peu près la même proportion des établissements de plus de 200 salariés, qui sont près de 1 200, et de la valeur ajoutée de la production industrielle du pays.