Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paris (suite)

Les types d’espace urbain

Chaque secteur de l’espace urbain, à Paris comme en banlieue, doit son originalité à de multiples caractères : relief, histoire, mode d’occupation du sol, nature et importance des activités, commerces et équipements, dessin du réseau de voirie et de circulation, âge, densité et caractères des immeubles, auxquels sont liées la densité de la population et sa structure sociale. Mais, même pour de petits espaces, l’homogénéité est rare. Dans les vieux quartiers du centre, entre les percées hausmanniennes, bordées d’immeubles bourgeois du xixe s., subsistent de vieilles rues étroites, sinueuses, encadrées d’immeubles plus anciens et délabrés. Les quartiers périphériques populaires de l’est et du sud comportent des îlots bourgeois, notamment autour des parcs — Buttes-Chaumont, Montsouris —, ainsi qu’à Montmartre. La limite entre secteurs différents d’aspect et de fonctions n’est pas toujours nette.


La ville de Paris

• Le vieux Paris historique ou monumental, le beau Paris, correspond à peu près aux huit premiers arrondissements, de la Bastille à l’Étoile et de l’Opéra à l’Observatoire, cœur en forme d’amande partagé par la Seine. L’architecture de toutes les époques est représentée. Ce centre s’ordonne autour de deux grands axes, nord-sud et sud-est-nord-ouest. Chaque axe est double : rues Saint-Martin et Saint-Jacques, rues Saint-Antoine et Saint-Honoré pour les anciens, boulevards Sébastopol et Saint-Michel, rue de Rivoli et Champs-Élysées pour les nouveaux. Dans ce cœur on peut distinguer : le plus vieux Paris, le Paris des affaires, des spectacles et des touristes, le Quartier latin, le Paris des ministères.

C’est dans le plus vieux Paris des quatre premiers arrondissements et de la partie du Ve et du VIe la plus proche de la Seine (Maubert, Saint-Séverin, Saint-André-des-Arts) qu’en dehors des grands axes récents la trame urbaine est la plus ancienne et la plus serrée, et que les immeubles sont les plus âgés (90 p. 100 antérieurs à 1870). Le parcellaire est resté laniéré et morcelé, hérité de vignes ou de jardins ; les rues sont étroites, parfois sinueuses et reliées par des passages, le pavé est usé et disjoint, les trottoirs sont insuffisants, les immeubles vétustes, mal entretenus, les cours sales, les couloirs et les escaliers obscurs, les appartements petits et sans confort, les boutiques souvent vieillottes. Mais quelle densité extraordinaire de bureaux, de commerces de détail et de gros, d’artisans en cour ou en chambre et même de petites industries, en particulier dans le Marais ! Les activités commerciales sont infiniment plus nombreuses sur la rive droite dans les 550 ha des quatre premiers arrondissements que dans les 470 ha des Ve et VIe rive gauche, mais le départ des Halles a été pour ce centre de la rive droite un véritable traumatisme.

Le Paris des affaires empiète encore sur le vieux Paris dans les Ier et IIe arrondissements, notamment avec le quartier de la Bourse, devenu celui des banques, des assurances et des agents de change. Le quartier de la presse est tout proche. De là, les bureaux privés et les sièges sociaux se sont répandus vers le nord dans le IXe arrondissement, vers l’ouest dans le VIIIe et aujourd’hui au nord du XVIe et au sud du XVIIe. Les bureaux ont remplacé peu à peu les logements, chassé les occupants d’anciens hôtels particuliers (par exemple rue de Berri). Aujourd’hui, on tend de plus en plus à construire à leur place des immeubles de bureaux modernes et fonctionnels. C’est le quartier des « P.-D. G. », des cadres supérieurs et des employés de bureau.

À ce quartier s’adjoignent au nord les quartiers des gares avec leur pullulement de cafés, de restaurants et d’hôtels, leur va-et-vient de banlieusards, de provinciaux et d’étrangers, leur ronde de taxis. Saint-Lazare est en bordure du centre des affaires ; quatre lignes de métro se croisent à proximité, et la gare déverse tous les matins des dizaines de milliers de migrants journaliers. Plus éloignées, au bout de l’interminable rue Lafayette, les gares du Nord et de l’Est, proches l’une de l’autre et accessibles du centre par le boulevard Sébastopol, créent un autre pôle d’attraction.

À l’ouest, aux affaires se mêlent les commerces de luxe (rue du Faubourg-Saint-Honoré) et notamment la haute couture et la bijouterie (place Vendôme), les grands magasins (Galeries Lafayette, Printemps, Trois Quartiers), les hôtels de grand, confort, les cafés et les restaurants, les activités liées au tourisme, comme les agences de voyages, et les spectacles. Mais la densité des établissements de spectacles caractérise au moins cinq quartiers : les Champs-Élysées, les Grands Boulevards de l’Opéra à la République, Pigalle et Montmartre ainsi que, sur la rive gauche, Saint-Germain-des-Prés - Montparnasse et, de plus en plus, le Quartier latin.

Malgré l’essaimage de l’enseignement supérieur en banlieue, le Quartier latin conserve la plus forte densité d’universités, d’instituts, de centres de recherche, de laboratoires, de grandes écoles, de grands lycées ; il se caractérise de plus en plus par l’animation du Boul’-Mich (boulevard Saint-Michel) et de ses abords, secondairement du boulevard Saint-Germain. Vers l’ouest, dans le VIe arrondissement, on passe au quartier de l’édition. Le jardin du Luxembourg et l’avenue de l’Observatoire aèrent au sud tout ce secteur.

Le Paris historique et monumental comprend un dernier secteur très différent du vieux Paris, le quartier du pouvoir politique : assemblées, ministères, grandes administrations nationales dans le VIIe arrondissement et pour partie dans le VIIIe (place Beauvau, Élysée). La trame urbaine est mieux ordonnée, les commerces sont groupés dans quelques rues (rues du Bac, de Bellechasse) ; les autres artères sont bordées des longues façades sévères des ministères et des ambassades (rues de Grenelle, de Varenne, Saint-Dominique). Le quartier est aéré à la fois par les parcs, invisibles de la rue, des anciens hôtels particuliers (hôtel Matignon) et par les vastes esplanades des Invalides, du Champ-de-Mars, du bas des Champs-Élysées. Il prend une teinte militaire autour du ministère de la Guerre, des Invalides et de l’École militaire, sièges de nombreux états-majors.

Entourant ce centre historique, le reste de la ville peut être subdivisé en un Paris bourgeois à l’ouest et un Paris populaire au nord, à l’est et au sud.