Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Paris

Capitale de la France.


La géographie de Paris


La ville, l’agglomération, la région

Paris n’est plus seulement la ville de Paris, mais une vaste agglomération née d’elle, dont elle reste le cœur irremplaçable : 1 800 km2, 9 millions d’habitants ; un Français sur six est parisien ou « banlieusard ». Paris se situe parmi les quatre plus grandes agglomérations-métropoles mondiales. Il offre peut-être l’exemple le plus typique de la capitale, pôle incontesté de son pays. Londres et Tōkyō, plus encore Moscou, Rome, Madrid et bien d’autres métropoles politiques n’exercent pas dans leurs États respectifs le premier rôle avec tant de netteté dans la quasi-totalité des domaines.

L’agglomération parisienne est de loin le plus grand carrefour de la France, la première place financière, la première région industrielle, le principal centre touristique, le premier foyer intellectuel, scientifique et artistique. Sa population dépasse celles de la Suisse, de l’Autriche ou même de la Suède, approche celle de la Bulgarie, de la Grèce, du Portugal ou de la Belgique. Les agglomérations françaises qui viennent après celle de Paris, Lyon et Marseille, sont dix fois moins peuplées. La population de l’agglomération parisienne égale celle de la vingtaine d’agglomérations françaises dépassant les 200 000 habitants et représente près du quart des citadins français. Cette prépondérance, que l’on ne retrouve ni en Grande-Bretagne, ni en Allemagne fédérale, ni en Italie, ni au Japon, a des conséquences essentielles sur la vie et l’économie du pays.

Un nouveau découpage de la région parisienne a été décidé par la loi du 10 juillet 1964 et le décret du 25 février 1965 qui ont porté le nombre de départements de trois à huit. Le département de Seine-et-Marne n’a pas changé ; la Seine, moins Paris (80 communes), à laquelle ont été ajoutées une quarantaine de communes de l’ancien département de Seine-et-Oise, a été partagée en trois départements, ainsi que le reste de la Seine-et-Oise ; la ville de Paris est devenue à elle seule un département. Cette réforme avait pour but de porter remède à une certaine sous-administration aux niveaux intermédiaires entre la commune et la région. La région parisienne couvre environ 12 000 km2, soit à peine plus de 2 p. 100 de la France. En dehors de l’agglomération parisienne, elle renferme 750 000 citadins appartenant à 74 villes ou agglomérations de 2 000 à 60 000 habitants et 350 000 ruraux dispersés entre 830 communes, au total, avec l’agglomération, presque 20 p. 100 de la population française.

L’agglomération parisienne, dans des limites allant sans cesse en s’élargissant et qui, vers 1850, n’enfermaient guère plus que la partie de Paris correspondant aux onze premiers arrondissements actuels — soit 35 km2 —, a vu en un peu plus d’un siècle sa superficie portée à 1 800 km2 et sa population passer d’un peu plus de 2 millions d’habitants à 8,5 millions. Mais, tandis que le nombre des habitants de la ville même de Paris passait de 1 700 000 à 2 300 000, augmentant d’à peine 35 p. 100 (ils furent 2 900 000 en 1921), la population de la banlieue était multipliée par plus de 15 : de 400 000 habitants elle passait à 6 200 000. De 1962 à 1968, la croissance moyenne annuelle a été de 100 000 habitants environ, soit 1,3 p. 100 ; elle est tombée aux environs de 35 000 habitants (0,4 p. 100) de 1968 à 1975.

L’occupation de l’espace est très inégale. La densité moyenne de population de l’agglomération dite « étendue », c’est-à-dire prise dans son sens le plus large, qui couvre 1 800 km2, y compris les grands espaces non bâtis (secteurs restés ruraux, bois et parcs, aéroports, etc.), est d’environ 5 000 habitants au kilomètre carré. Mais la densité résidentielle des espaces essentiellement habités peut varier beaucoup : de 100 000 habitants au kilomètre carré dans les vieux arrondissements à trame urbaine très dense du centre à 3 000 habitants seulement dans les banlieues à belles propriétés de résidence bourgeoise ; elle est en moyenne de 10 000 habitants au kilomètre carré dans les lotissements de pavillons et de 20 000 à 35 000 habitants dans les grands ensembles récents. Sur les marges de l’agglomération, où la majeure partie du territoire reste encore cultivée, elle n’atteint, en moyenne, que 500 habitants au kilomètre carré.

Les activités, — industries, commerces, services privés et publics —, occupent dans l’agglomération restreinte relativement peu de place ; il en est de même, mais dans une moindre mesure, de l’habitat ; à l’inverse, la voirie et les services publics exigent beaucoup de terrain ; quant aux grands espaces verts, agricoles et non bâtis, ils constituent encore le tiers du sol. Dans l’agglomération étendue, de superficie double, on voit croître la part des espaces non bâtis, surtout des terrains agricoles, qui, avec les espaces verts, occupent près de la moitié de la surface.

Le mot Paris recouvre au moins trois acceptions.

• Le beau Paris, le plus connu, souvent le seul connu du touriste provincial ou étranger, est le Paris historique et monumental, l’« ovale sacré », allongé de part et d’autre des rives de la Seine, de Notre-Dame à l’Étoile et de Montmartre à Montparnasse ; 20 km2, 1 p. 100 de l’agglomération, mais quelle concentration à la fois de témoignages du passé et d’activités ! Que de monuments, de musées, de théâtres, de commerces et de bureaux sans que les immeubles d’habitation disparaissent : plus de 1 million d’emplois, mais encore une arrière-garde de 500 000 habitants.

• La ville-département de Paris est limitée par les boulevards des maréchaux et le boulevard périphérique, qui ont remplacé l’enceinte de 1840. C’est encore, par tradition, le Paris « intra-muros ». Elle s’étend sur environ 90 km2 (105 avec les bois de Boulogne et de Vincennes), soit plus du quadruple du « beau Paris ». Elle abrite de nuit environ 2 300 000 habitants, mais, le jour, en renferme sans doute plus de 4 000 000. Les arrondissements dits « périphériques », ceux qui sont numérotés de XI à XX, possèdent encore de nombreuses activités artisanales et industrielles, et près de 1 800 000 habitants.