parenté (suite)
Inversement, certains degrés de parenté bénéficient de privilèges de familiarité : lorsque la relation neveu / oncle maternel est positive, elle s’accompagne presque toujours d’un droit de s’approprier les biens de l’oncle (Fidjiens, Winnebagos du Wisconsin, Thongas et Hottentots d’Afrique), parfois même de traiter celui-ci plus ou moins comme souffre-douleur. Pour d’autres parents, ces privilèges consistent en un droit de plaisanter ensemble, ou parenté à plaisanterie (il s’agit souvent, ici, de conjoints potentiels).
Formulation algébrique des rapports de parenté
Il s’agit d’une proposition de Leach, appuyée sur la critique des termes traditionnels (descendance, filiation, etc.), dont l’emploi risque d’être inadéquat. Ainsi, chez les Trobriandais (filiation utérine), le père n’est pas considéré comme géniteur : il serait donc erroné de parler, à propos de la relation père / enfant, d’un rapport de descendance, puisque ce terme inclut dans notre vocabulaire les rapports père / enfant aussi bien que les rapports mère / enfant et dans une perspective génétique. Inversement, chez les Kachins, l’influence génétique est paternelle. Les relations père / enfant et mère / enfant, dans ces deux cas, doivent être classées comme parenté par alliance.
Leach propose, afin d’éviter tout risque d’ethnocentrisme, de nommer p la relation de descendance maternelle, q la relation de descendance paternelle et d’étudier comme une fonction (Z) le rapport p/q. Cela met en évidence une série de variations dont les exemples trobriandais et kachin constituent les deux formes extrêmes, alors que le vocabulaire traditionnel — concept de paternité sociologique (Malinowski*, à propos des Trobriandais) et concept de descendance complémentaire (Meyer Fortes) — ne permettait pas de s’apercevoir que ces deux cas relevaient d’un même type de structure.
N. D.
➙ Famille / Filiation / Mariage / Structuralisme.
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