Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

parc zoologique (suite)

Cet établissement suscita un grand mouvement de curiosité et d’intérêt parmi les artistes peintres de l’époque, tels que Pieter Boel, Nicasius, Boucher, Parrocel, Van Loo, Nicolas Robert, Nicolas Lancret, ainsi que parmi les sculpteurs, tels Jacques Houzeau, Puget, Jean Raon, Corneille Van Cleve. La ménagerie de Versailles possédait l’une des plus célèbres collections du monde ; elle fit connaître aux naturalistes de nouveaux types d’animaux d’Afrique, d’Amérique et des pays proches de l’océan Indien. Des missions furent envoyées dans les pays d’outre-mer pour y collecter des espèces rares. Dès qu’un animal arrivait à Versailles, le roi le faisait représenter en peinture par Nicasius ou par Boel et en miniature sur vélin par Nicolas Robert ou par Jean Joubert. La ménagerie royale fut utile à la zoologie économique, mais surtout au développement de l’anatomie comparée.

L’Académie des sciences, créée en 1666, consacra une de ses séances hebdomadaires aux sciences de la nature. La ménagerie de Versailles lui servit de matériaux d’études. Les animaux étaient disséqués par l’anatomiste J. G. Du Verney. Après sa mort, J. B. Winslow, F. Petit et S. F. Morand continuèrent son œuvre.

Vers cette époque, Buffon* commençait à écrire son Histoire naturelle. Alors qu’il était superintendant du « Jardin des plantes médicinales du roy », il émit l’idée d’agrandir ce jardin et d’y adjoindre une petite ménagerie. Cette idée fut reprise par Bernardin* de Saint-Pierre, qui la proposa à l’Assemblée constituante.

La ménagerie du Jardin du roy, qui prenait en même temps le nom de Muséum national d’histoire naturelle, fut fondée en 1793 avec les restes de la ménagerie royale de Versailles. Ce fut la première des ménageries scientifiques et le premier établissement national de ce genre.

Devant le succès mondial remporté par cette organisation, des établissements du même genre naquirent un peu partout.

En 1826, la Société zoologique de Londres fonda un jardin, puis ce fut le tour de Dublin en 1830, d’Amsterdam en 1838, de Rotterdam en 1857, de Philadelphie en 1874 et de Cincinnati en 1875.

Tous ces parcs zoologiques furent fondés dans des buts désintéressés.


Conceptions modernes

Lacépède, professeur au Muséum, décrit dès 1800 la façon dont il conçoit le jardin zoologique idéal : « Des abris simples et commodes, entourés de fleurs et de feuillages, rappelleront aux citadins les chaumières, les vergers et les bois, ne laissant à la contrainte que ce qu’il est impossible de faire sans elle, servant d’asile et non pas de prison, ne montrant que des animaux utiles, aussi libres qu’ils puissent l’être et plus heureux en quelque sorte que lorsqu’ils ne vivaient que sous la main de la Nature. » Plus loin, il ajoute : « On pourra comparer cette immense ménagerie à une campagne variée et souriante, où les différentes espèces d’animaux jouiront de toute la liberté qu’il sera possible de leur laisser sans danger pour des spectateurs nombreux, quelquefois imprudents [...]. »

Il définit aussi le rôle d’un jardin zoologique : « Trois objets sont le but principal d’un tel établissement : [...] faire servir la curiosité publique à répandre une instruction durable et facile, sous l’apparence d’une satisfaction passagère et légère [...] ; donner aux naturalistes les vrais moyens de perfectionner la zoologie par les ménageries [...] ; servir la Société plus directement encore en acclimatant les animaux étrangers réclamés par l’économie publique. »

Il prévoit même l’importance des jardins zoologiques dans le domaine de la psychologie animale, science inexistante à cette époque.

De nos jours, les grands jardins zoologiques sont de véritables établissements scientifiques. Le parc zoologique du bois de Vincennes, à Paris, fondé par le Muséum national d’histoire naturelle, possède ses laboratoires de recherche de parasitologie et de pathologie comparée. Il en est ainsi dans les autres grands parcs, tels que ceux de Londres, d’Anvers, de Bâle, de Francfort-sur-le-Main, etc.

À son époque, Lacépède ne pouvait pas prévoir une des plus importantes fonctions d’un parc zoologique : celle de l’élevage des espèces sauvages en voie de disparition de leur milieu naturel. Celles-ci sont déjà, hélas ! fort nombreuses.

P. B.

parenté

Liens de consanguinité et d’alliance.



Introduction

La notion de parenté comprend deux types de relations interindividuelles : les liens de consanguinité et les liens d’alliance (fig. 1). Les modalités d’agencement de ces deux catégories dans une société donnée constituent son système de parenté. La terminologie corrélative à chaque système (vocabulaire de parenté ou système des appellations : ensemble des désignations des divers degrés de parenté) ne correspond pas obligatoirement à un état réel des relations sexuelles : ainsi, lorsque plusieurs individus sont désignés par un même terme que le père (ou la mère) [parenté classificatoire], il serait erroné d’en déduire l’existence d’une forme de mariage par groupes (ainsi que le fait L. H. Morgan* d’après l’étude de la terminologie de parenté hawaiienne).

Un groupe de filiation peut être désigné par des termes tels que lignée, ligne, lignage, matrilignage ou patrilignage et, lorsqu’il y a organisation clanique, matriclan ou patriclan. Le mariage doit être considéré comme un rapport contractuel établi entre deux groupes de parents plutôt qu’entre deux individus isolés. Ces groupes, dénommés groupes de filiation locaux, se composent de trois générations successives d’hommes adultes ; ils doivent être clairement différenciés des lignées de filiation mentionnées plus haut, qui, si elles sont éléments du système de parenté, ne correspondent pas à des segments réels de la société (pas de résidence commune ; tous les individus qui constituent une telle lignée ne sont pas obligatoirement encore en vie). Selon E. Leach, les lignées de filiation exogames, lorsqu’elles correspondent à un groupe résidentiel, se subdivisent en sous-groupes qui entreront dans un rapport donneurs de femmes / preneurs de femmes.