Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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parasitisme (suite)

Localement, sur ou autour de la zone parasitée, une inflammation se développe. Elle n’est pas spécifique lorsqu’elle prend le caractère d’une congestion banale. Elle peut, toutefois, le devenir, c’est-à-dire acquérir par son aspect et sa localisation des caractères qui la rendent différente d’autres processus, qui lui donnent sa particularité : ainsi la typhlite nécrosante hémorragique de la coccidiose aiguë du Poulet à Eimeria tenella. À côté de ces manifestations où prédominent les phénomènes vasculaires, d’autres réactions sont marquées par une mobilisation cellulaire autour du foyer parasitaire ; certaines d’entre elles, qui s’organisent selon un type nodulaire, sont souvent assez caractéristiques : par exemple, dans les entomoses, le nodule sous-cutané de l’hypodermose (varron) ; dans les helminthoses, les nodules sous-muqueux de l’œsophagostomose larvaire bovine (l’une des variétés de strongyloses), les nodules pneumoniques des protostrongylidoses ovines ; dans les mycoses, les réactions pseudo-tuberculeuses de l’aspergillose parenchymateuse, fréquente chez les Oiseaux.

Les lésions générales peuvent être la conséquence de l’altération organique causée par un parasite d’habitat spécifique (par exemple, chez le Mouton, la cachexie qu’entraîne la présence dans les canaux biliaires d’un nombre important de Fasciola hepatica, l’anémie consécutive à l’accumulation des ankylostomes dans l’intestin grêle). Elles sont aussi la conséquence de la dissémination et de la multiplication dans l’organisme de certains parasites : les piroplasmes déterminant par exemple la congestion de nombreux organes (foie, rate, rein).

• Les symptômes des parasitoses sont divers. Des troubles organiques sont associés à la présence du parasite dans un habitat déterminé. Les manifestations observées demeurent cependant variables selon l’hôte et l’espèce parasitaire en cause : ainsi, les parasites cutanés créent des inflammations papuleuses urticariennes (Arthropodes), kératosiques et prurigineuses (gales), kératosiques, séborrhéiques et non prurigineuses (démodécie canine), etc. Aux parasites du tube digestif sont liés des manifestations diarrhéiques parfois très intenses (œsophagostomose larvaire), à caractère dysentérique (coccidiose bovine) ou plus discrètes (ankylostomose) ainsi que des troubles dyspeptiques (ascaridose). Les parasites de l’arbre aérifère entraînent de la dyspnée et de la toux (dictyocaulose du veau). On conviendra qu’il serait nécessaire de passer en revue toute la pathologie organique pour apprécier correctement les modalités symptomatologiques des parasitoses.

Il faut aussi faire une part importante aux troubles généraux, non pas qu’ils soient toujours caractéristiques, mais parce qu’ils sont souvent les seuls signes d’une parasitose interne. L’amaigrissement, l’asthénie, la subanémie, par exemple, sont les symptômes banals d’helminthoses telles que l’æmoncose (l’une des strongyloses) ou la fasciolose hépatique. L’hyperthermie est notable dans certaines protozooses (la crise thermique des piroplasmoses est assez caractéristique) ou dans les complications bactériennes des helminthoses.

Il faut noter que l’intensité des symptômes, surtout dans le cas, comme celui des helminthes, où les parasites ne se multiplient pas chez leur hôte, est en rapport direct avec l’importance de l’infestation. Par ailleurs, s’il est vrai qu’un équilibre s’établit souvent entre l’hôte et le parasite, cela signifie qu’un animal peut vivre avec quelques parasites sans qu’il en soit apparemment troublé : son état de santé demeure satisfaisant. Mais, en fait, la limite entre le parasitisme sans conséquences pathologiques visibles et la parasitose déclarée n’est pas si nette, surtout dans les conditions actuelles de l’élevage, car, si les moyens modernes de lutte permettent de limiter l’extension et la prolifération des parasites, la surpopulation animale dans les enceintes d’élevage, par contre, augmente souvent dangereusement les risques de contamination, tandis que les animaux, fragilisés par les contraintes génétiques et nutritionnelles, offrent une plus grande réceptivité aux agresseurs. Ainsi se trouve maintenue une permanence parasitaire qui ne prend pas toujours la forme d’une maladie au sens banal du terme, mais celle d’un cryptoparasitisme dont les effets sont moins cliniques que pondéraux, moins appréciables par des symptômes que par les bilans économiques évoqués précédemment.

On conçoit que l’évolution des maladies parasitaires soit variable, selon les parasites en cause, selon leur nombre, selon l’hôte. Il arrive que le cours de la maladie soit bref et aboutisse, dans un pourcentage élevé de cas, à la mort ; il en est ainsi de l’histomonose du dindonneau, de la coccidiose cæcale du Poulet, de la fasciolose aiguë du Mouton. Mais l’issue fatale n’est pas la conclusion inéluctable d’une évolution de type aigu ; la babésiose (ou piroplasmose) bovine, par exemple, pour spectaculaire que soient les symptômes d’hyperthermie, d’abattement, d’anémie qui l’accompagnent, n’entraîne la mort que dans moins de 10 p. 100 des cas environ. La majorité des maladies parasitaires évolue cependant sous une forme subaiguë ou chronique : c’est sur quelques semaines, voire sur quelques mois que s’étendent les manifestations morbides, qui s’aggravent au point d’aboutir à la mort par épuisement de l’organisme ou par complications secondaires, ou qui s’amendent petit à petit ; la guérison spontanée demeure toutefois relative, car des séquelles compromettent souvent l’avenir des sujets. Enfin, il existe des évolutions subcliniques, des formes latentes qui ne doivent pas être minimisées, comme il a été indiqué.


Lutte contre les parasitoses


Diagnostic

Savoir reconnaître une maladie parasitaire, rechercher et apprécier l’importance d’un parasitisme sont des conditions préalables à l’application de moyens thérapeutiques et prophylactiques efficaces. Aussi un diagnostic correct s’impose-t-il, mais les méthodes qu’il met en œuvre doivent-elles concilier précision et relative simplicité d’exécution : exigences parfois contradictoires dans la pratique courante de l’élevage.