Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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parasitisme (suite)

Des Vertébrés peuvent aussi intervenir. C’est en mangeant certains Poissons que les Carnivores contractent des trématodoses (Opisthorchiidés) ou une nématodose rénale aussi curieuse que redoutable (Dioctophyme). Des prédateurs peuvent trouver dans les muscles ou les viscères de Mammifères des éléments larvaires qui évoluent chez eux à l’état adulte. Par exemple, les Téniadés du Chien sont transmis par l’ingestion de viscères de Rongeurs (Tænia pisiformis) ou de Ruminants (Tænia tenuicollis, Echinococcus granulosus). Notons que l’Homme lui-même héberge un Ver solitaire (Tænia saginata) après consommation d’une viande de Bœuf renfermant la larve de ce parasite (Cysticercus bovis). La trichinellose rentre également dans la catégorie des helminthoses consécutives à l’alimentation carnée.


Réceptivité

Plusieurs facteurs extrinsèques ou intrinsèques interviennent, qui permettent ou non, qui favorisent plus ou moins l’installation du parasite et l’expression de son rôle pathogène.

• L’espèce a une importance primordiale. Si quelques parasites n’ont aucune exigence d’hôtes (Trichinella, Toxoplasma), d’autres manifestent une spécificité qui peut être très étroite, dans la mesure où ils ne se développent que chez une seule espèce hôte (cas des Coccidies Eimeria ou des Piroplasmes). Mais la majorité des parasites a une spécificité de genres ou de familles, quelquefois plus large encore (cas de Fasciola hepatica). Il faut remarquer que cette spécificité est rarement assez limitée pour empêcher totalement le passage d’une espèce à une autre, même éloignée, et notamment le passage de l’animal à l’Homme, soit que le parasite évolue chez les humains de la même façon que chez l’animal (Fasciola), soit qu’il y demeure en impasse, par impossibilité biologique de poursuivre une évolution ébauchée (larva migrans par larves d’Ascaridés) ou par impossibilité d’assurer sa pérennité, parce que l’Homme joue le rôle d’hôte intermédiaire atypique (trichinose-échinococcose).

• L’âge est également un facteur majeur. En règle générale, les jeunes sont le plus souvent et le plus dangereusement atteints. Aussi rapporte-t-on beaucoup de parasitoses aux jeunes de l’espèce en cause (ascaridiose du chiot et du poulain, strongyloïdose du porcelet, bronchite vermineuse du veau, coccidiose cæcale du poussin, histomonose du dindonneau, etc.). Les adultes ne sont pas épargnés, mais ils manifestent des troubles moins nets dans la plupart des cas. Ils développent une immunité à l’égard des parasites et résistent partiellement, sinon totalement aux réinfestations ou aux surinfestations. L’immunologie parasitaire détient dès lors une place de choix dans les études actuelles, car de sa connaissance, encore imparfaite, dépend en grande partie l’explication des rapports qui s’établissent entre le parasite et son hôte. À quelques exceptions près, comme les brebis infestées par Fasciola hepatica, les animaux adultes, moins fréquemment et moins intensément atteints, demeurent des sources de parasites peu profuses, mais souvent durables et, qui plus est, ignorées quand les agresseurs sont en trop petit nombre pour déterminer des troubles.

• L’état de santé individuel n’est pas à négliger : le sujet — et c’est un fait banal pour toutes les agressions — résiste d’autant mieux qu’il est assuré d’un bon équilibre physiologique, que ses facultés d’adaptation sont disponibles. Une maladie intercurrente, un état de dysnutrition ou, plus subtilement, une sensibilité accrue aux agressions et une plus grande labilité des systèmes de défense naturelle (observables chez des animaux sélectionnés sur de hautes performances de production) favorisent les parasitoses. Celles-ci, de leur côté, affaiblissent le sujet et l’entraînent à subir d’autres dommages ; les complications bactériennes de certaines maladies parasitaires (apparition d’une broncho-pneumonie suppurée lors de dictyocaulose chez le veau, par exemple) sont fréquentes. C’est un cercle vicieux dont l’animal a souvent de la difficulté à s’extraire spontanément.


Manifestations anatomo-cliniques

• La diversité d’action des parasites n’est pas pour surprendre, si l’on songe à la grande variété morphologique et biologique de ces agresseurs. Même si elles paraissent difficilement isolables dans le contexte pathogénique, un certain nombre d’actions élémentaires peuvent, toutefois, être soulignées. Une action mécanique s’exerce lorsque les parasites, par leur volume ou par leur nombre, obstruent certains conduits (bouchons ascaridiens dans l’intestin grêle, bouchons bronchiques muco-vermineux par Dictyocaulus, obstructions de vaisseaux capillaires par les Microfilaires), lorsque leur masse est suffisante pour comprimer des organes (le cénure vésiculaire détermine, en se développant dans l’encéphale des Ovins, des troubles de compression graves) ; cette action s’exerce aussi à l’échelle cellulaire (le développement intraépithélial des Coccidiés, par exemple, aboutit à l’éclatement du cytoplasme de la cellule hôte). Une action traumatique, propre à tous les parasites, est cependant plus ou moins accusée. Certains Vers qui vivent libres dans la lumière intestinale ont un pouvoir inflammatoire moins prononcé que ceux qui, se fixant à la muqueuse, créent des brêches ulcéreuses (Strongylus des Équidés, Ancylostoma des Carnivores). Il reste que les phénomènes inflammatoires, quels qu’ils soient, sont souvent le point de départ de perturbations métaboliques en chaîne. L’action toxique existe (salive venimeuse de certaines espèces de petits Diptères piqueurs, les Simulies), mais elle n’est souvent que présumée, rarement démontrée (cas des helminthes). L’action spoliatrice a des conséquences plus graves lorsqu’il s’agit de parasites hématophages (externes comme les Ixodidés, les Diptères hippoboscidés, les Aphaniptères ou les Anoploures ; internes comme des helminthes, tels Fasciola hepatica ou Ancylostoma caninum, pour ne retenir que quelques exemples) que dans le cas d’espèces histophages (Trichonema ou petits Strongles des Équidés), mucophages (Dictyocaulus) ou chymivores (Ascaris). Une action plus complexe, liée au caractère antigénique de chacun des parasites, ne doit pas être négligée : c’est l’action allergisante, qui se traduit chez l’hôte par des réactions d’hypersensibilité à la suite du contact avec un parasite qui aura sensibilisé l’animal au cours d’une précédente infestation ; la gastrite œdémateuse à Ostertagia, le syndrome asthmatiforme de la dictyocaulose, les réactions érythémateuses et prurigineuses de la pulicose canine en constituent quelques exemples.

• Les lésions qu’entraîne la présence des parasites sont locales et générales.