Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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parasitisme (suite)

Dans le cas de l’immunité acquise, il faut distinguer la prémunition de l’immunité vraie. La prémunition est la protection, d’une durée variable, d’un hôte déjà parasité contre une nouvelle infestation par la même espèce de parasite. On l’observe dans le cas du paludisme et du parasitisme par Cestodes (la présence d’un Ténia dans l’intestin protège l’hôte contre de nouvelles infestations ; d’où son qualificatif de Ver solitaire). L’immunité vraie est le résultat d’une guérison suivie d’une immunisation qui met en jeu le système réticulo-endothélial de l’hôte et où les cellules impliquées produisent des anticorps spécifiques. Comme exemple d’une telle immunité, on peut citer celle du Macaque rhésus vis-à-vis de Plasmodium cynomolgi.

La durée de l’immunité acquise va de quelques mois à dix ans dans le cas de divers Plasmodium.

Des essais d’immunité provoquée ont été tentés soit par inoculation de parasites vivants à virulence contrôlée ou atténuée, soit par inoculation de parasites tués. Ils concernent essentiellement des infestations humaines par Protozoaires (Trypanosoma, Plasmodium) ou helminthes (Nématodes, Cestodes) et sont encore au stade expérimental.

Les réactions sérologiques permettent parfois de préciser l’identité exacte d’un parasite lorsque celui-ci est difficile à mettre en évidence de par sa localisation profonde chez l’hôte.

Des antigènes parasitaires ont été extraits chez des Protozoaires (Trichomonas, Trypanosoma) et des helminthes (Ascaris, Echinococcus, Fasciola). Ils déterminent la production d’anticorps correspondant aux divers sites antigéniques. Celle-ci est attestée par d’autres réactions, telles que l’agglutination, qui, chez les Trypanosomes, fait preuve d’une spécificité très étroite.


Écologie des parasites

Le biotope d’un parasite n’est autre que la partie du corps de l’hôte où on le rencontre régulièrement : téguments, poils ou phanères pour un ectoparasite ; tube digestif, viscères ou cavité cœlomique pour un endoparasite. De même qu’un animal libre peut être écologiquement défini par la plus ou moins grande constance du biotope dans lequel on le rencontre, un animal parasite est en général localisé dans une partie du corps ou dans un organe bien déterminé de son hôte (fig. 5). Les exemples sont très nombreux : les Flagellés du sang des Vertébrés, les Trématodes de la vésicule biliaire des Poissons, les Copépodes fixés sur diverses parties du corps de ces derniers, etc.

À l’intérieur d’un même organe, on peut observer une répartition différente de divers parasites. C’est le cas des Vers intestinaux (Nématodes et Cestodes), étudiés par C. Joyeux et J. G. Baer, ou des Mallophages du plumage de certains Oiseaux, chez qui V. B. Dubinin a pu donner de véritables « cartes de répartition » des parasites sur l’hôte. Une telle représentation cartographique du parasitisme a été récemment utilisée par divers auteurs.

Les composantes écologiques du biotope constitué par les divers organes de l’hôte ont été précisées : ainsi l’intestin grêle des Vertébrés, où l’on distingue des facteurs physiques (pH, pression osmotique, rH), chimiques (divers gaz, substances en provenance de l’estomac, sucs digestifs, cholestérol, bile) et biotiques (flore bactérienne permettant la synthèse de diverses vitamines).

Tous ces facteurs réunis exercent une action globale sur les parasites, différente des réactions directes de l’hôte. C’est ainsi que, souvent, la taille d’un parasite est en rapport avec celle de son hôte : le Bothriocéphale, qui atteint plusieurs mètres dans le tube digestif de l’Homme, ne mesure que de 20 à 40 cm dans celui du Chat. Des cas analogues sont connus chez des Insectes entomophages. La détermination du sexe du parasite peut également être influencée par le milieu de l’hôte : le Nématode Strongyloides papillosus pond chez le Mouton, son hôte normal, des œufs qui donneront 1 mâle pour 2 000 femelles, alors que, chez le Lapin, hôte expérimental, on aura plus de 200 mâles pour 400 femelles. Parfois, le cycle des parasites est concomitant de celui de l’hôte, ce phénomène s’observant surtout chez les Protozaires (Grégarines, Flagellés, Ciliés).

Les facteurs du milieu extérieur (nature du sol, température, humidité, pH, etc.) agissent sur les stades libres des parasites (dans les cas où leur cycle ne se déroule pas entièrement dans l’hôte), mais également sur les parasites in situ dans l’hôte.

L’association des parasites dans un même hôte est appelée parasitofaune ou parasitocénose (c’est le « complexe biologique » des anciens auteurs). À l’intérieur de celle-ci existe souvent une compétition interspécifique (c’est-à-dire entre espèces différentes) ou intraspécifique (c’est-à-dire entre individus d’une même espèce). Nous en citerons deux exemples : chez les Oiseaux d’Amérique du Nord, on n’a jamais trouvé deux espèces différentes d’Acanthocéphales chez le même hôte ; la dimension du Nématode Toxocara canis est inversement proportionnelle au nombre de ceux-ci chez le Chien : lorsqu’ils sont au nombre de plusieurs dizaines, ces vers mesurent de 1 à 9 cm, alors que, lorsqu’ils sont seuls ou en très petit nombre, ils atteignent de 13 à 18 cm.

L’écologie des parasites nous mène directement à l’étude de la spécificité parasitaire.


Spécificité parasitaire

La notion de spécificité est toujours très importante dans l’étude du parasitisme. On peut la définir comme la modalité suivant laquelle un parasite est inféodé à tel ou tel hôte. Une spécificité sera dite stricte lorsqu’un parasite ne se rencontre exclusivement que chez une seule espèce d’hôte. C’est le cas de certains Protozoaires d’Invertébrés (Grégarines, Flagellés), qui sont souvent spécifiques de telle espèce d’Arthropode. Il en est de même chez certains Crustacés (Épicarides, Copépodes), chez des Insectes ectoparasites de Vertébrés et chez divers helminthes (Cestodes, Nématodes).