Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

parasitisme (suite)

Action sur l’hôte et importance pathologique

L’idéal pour un parasite est de ne pas trop nuire à l’hôte, sous peine de le tuer et de perdre ainsi « le vivre et le couvert ». Néanmoins, les parasites peuvent exercer diverses actions nocives sur leurs hôtes.


Action spoliatrice

Les parasites (et particulièrement les endoparasites), prélevant toute leur nourriture à partir des substances assimilables de leur hôte, exercent une indéniable action spoliatrice sur celui-ci ; cette spoliation dépend, bien entendu, de la taille de l’hôte, de la localisation des parasites et de leur nombre.

Cette action est particulièrement nette dans le cas de parasites hématophages (Plasmodium, agent du paludisme ; ankylostomes, qui peuvent faire tomber chez l’Homme le nombre des hématies de 5 millions à 2 ou 3 millions). De même, certains Insectes entomophages qui ont une taillé comparable à celle de leurs hôtes peuvent détruire ces derniers.


Castration parasitaire

Une autre forme d’action spoliatrice des parasites consiste en un arrêt du développement et du fonctionnement des organes reproducteurs des hôtes, ce qu’Alfred Giard a qualifié de castration parasitaire. On observe dans de tels cas une atrophie plus ou moins importante des glandes génitales (gonades) de l’hôte sous l’influence du parasite.

On distingue une castration directe lorsque le parasite se développe dans les organes génitaux eux-mêmes, en se substituant à eux (par exemple le Diptère Cuterebra emasculator du testicule d’un Écureuil, le Trématode Distomum megastomum des gonades d’un Crabe), et une castration indirecte lorsqu’elle résulte d’une action à distance : c’est le cas de divers Péridiniens (Protozoaires) parasites de Copépodes libres, des Nématodes d’Insectes (Sphærularia, Bradynema, Howardula), des Épicarides et des Rhizocéphales parasites d’autres Crustacés.

De plus, on observe souvent une modification des caractères sexuels secondaires de l’hôte, qui amène l’apparition d’individus ayant un aspect intersexué.

Tel est le cas des Crabes mâles parasités par des Sacculines (Rhizocéphales), dont l’abdomen prend un aspect intermédiaire entre celui d’un mâle normal et celui d’une femelle, les Crabes femelles sacculinisés étant peu modifiés. Chez les Andrena (Hyménoptères) parasitées par des Stylops (Strepsiptères), chacun des sexes a tendance à perdre ses caractères propres et à prendre ceux du sexe opposé.

Dans le cas des Insectes sociaux, on observe chez certains d’entre eux l’apparition, sous l’influence des parasites, d’individus présentant des caractères de diverses castes. On les appelle intercastes. C’est ainsi que, chez les Fourmis infestées par des Nématodes Mermithidés, on observe des mermithogynes, qui ressemblent aux reines, mais qui jouent le rôle d’ouvrières, des mermithergates, qui sont des ouvrières parasitées sans modification morphologique, et des mermithostratiotes, qui sont des soldats parasités, dont les uns ressemblent à des ouvrières, les autres à des soldats normaux (fig. 4).


Action toxique

Certains parasites produisent des substances toxiques pour leur hôte. Tel est le cas des Sarcosporidies (Protozoaires Sporozoaires parasites des muscles des Vertébrés), qui excrètent une toxine (sarcocystine). Par contre, l’hypothèse selon laquelle les Plasmodium produiraient une toxine amenant les accès de fièvre chez les paludéens n’a jamais été vérifiée. Il y aurait une substance toxique chez les Toxoplasma (rattachés aux Sporozoaires) et chez divers Nématodes (Ascaris, Ankylostomes, etc.).


Action traumatique et infectieuse

On observe tous les degrés entre une simple irritation locale des téguments de l’hôte par un ectoparasite (Crustacés, Acariens, Insectes) et une destruction des tissus par divers endoparasites. Ces derniers sont principalement des Nématodes ou des Insectes (Diptères à larves parasites productrices de myiases). Parmi les Nématodes pouvant perforer les tissus de leur hôte, citons la Filaire de Médine (Dracunculus medinensis), dont la femelle perce le derme humain, et l’Ascaris de l’Homme (Ascaris lumbricoides), qui peut perforer la paroi intestinale. De même, le Strongle géant (Dioctophyme renale) peut détruire complètement le tissu rénal du Chien, son hôte habituel. Comme Diptères à larves productrices de myiases, citons Lucilia bufonivora, dont la femelle pond sur les Crapauds (Bufo) ses œufs, d’où écloront des larves qui pénétreront dans les narines de l’Amphibien ; celui-ci succombera et sera ensuite dévoré par les parasites. Parfois, des parasites entraînent avec eux des microbes pathogènes ; d’où leur action infectieuse. C’est le cas de l’Amibe dysentérique (Entamœba histolytica), qui non seulement a une action de nécrose dans la sous-muqueuse intestinale, mais entraîne avec elle divers germes de l’intestin. (V. amibiase.) Il en est de même de certains Nématodes intestinaux humains (Ascaris, Trichocéphale, Oxyure), qui peuvent introduire avec eux des bactéries pathogènes.


Action mécanique

Cette action se fait surtout sentir lorsque des parasites sont très nombreux à l’intérieur d’un hôte ou y effectuent des migrations. C’est le cas des ascarides humains, qui peuvent provoquer des occlusions intestinales ou se rendre dans divers endroits inhabituels du corps (cavité nasale, oreille, œil, appendice, etc.). D’autres Nématodes, comme les Filaires, et particulièrement la Filaire de Bancroft (Wuchereria Bancrofti), peuvent provoquer une hypertrophie des membres ou des organes infestés avec aspect rugueux de la peau (éléphantiasis). De même, les Strongylides parasites des bronches des Ruminants provoquent chez ces derniers une bronchite vermineuse due à l’occlusion des bronches par les Nématodes. Certains Protozoaires (Grégarines) parasites d’Insectes peuvent provoquer la rupture du tube digestif de l’hôte lorsqu’ils y sont en trop grand nombre.


Action irritative et inflammatoire

Certains parasites pénétrant dans les téguments d’un hôte qui n’est pas l’hôte habituel ont une action irritative et inflammatoire. Ainsi, le Nématode Ancylostoma brasiliense, parasite du Chien et d’autres Carnivores, peut occasionner chez l’Homme une dermatite avec de violentes démangeaisons (creeping eruption).