Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

parapsychologie (suite)

Voici des exemples remarquables : Warcollier pique une épingle au centre de trois cercles concentriques, bleu, blanc, rouge, fixe le tout pendant quelque temps, de telle sorte que, par fatigue rétinienne, la vision des cercles devient latérale et que l’image de l’épingle se dédouble ou forme des angles aigus. Mme A. B., participante, dessine trois cercles concentriques, les surmonte d’une sorte de cible constituée de deux cercles concentriques et entoure l’ensemble de cette figure de lignes doubles et de lignes anguleuses.

R. Warcollier regarde une carte postale hollandaise datant de 1952 et reproduisant des moulins à vent sur le bord d’un canal. Ensuite cette carte lui en rappelle inconsciemment une autre, représentant six jeunes filles hollandaises en coiffe, bras dessus, bras dessous... Mme X, participante, écrit : « Des femmes, bras dessus, bras dessous, en coiffe. Paysage hollandais, moulins à vent, tulipes, canaux fleuris. »

La vie du médium Daniel Dunglas Home

Écossais (près d’Édimbourg 1833 - Paris 1886), il fut emmené tout jeune aux États-Unis par son oncle et sa tante. Il avait l’air d’être un pôle d’attraction pour les phénomènes bizarres : en sa présence, des objets se mettaient à flotter, on entendait des coups frappés dans les cloisons, des essaims de mains invisibles frôlaient ou même giflaient les personnes présentes. Daniel Dunglas Home répéta ses expériences en France devant Napoléon III, des groupes de savants anglais et français, des prestidigitateurs : personne ne réussit jamais à le démasquer, et c’est lui-même qui mit en garde certains chercheurs contre d’autres médiums frauduleux. Il faisait des démonstrations étonnantes de lévitation et de télékinésie : on vit une fois une lourde table de marbre se soulever à plus de 4 m.

Il semble qu’il y ait eu trop de témoins à ses expériences pour pouvoir admettre que Home ait été soit un prestidigitateur fabuleux, soit même un hypnotiseur ; le plus simple, dans son cas, paraît être de s’incliner et d’admettre l’intervention d’énergies inconnues neutralisant la pesanteur.


L’explication des phénomènes paranormaux

• L’affirmation du surnaturel. Le paranormal invite au mysticisme, et il n’est pas tellement étonnant que les phénomènes occultes aient donné lieu bien souvent à des mystiques et à des religions, en tout cas à l’affirmation du surnaturel.

La religion des esprits, ou spiritisme, est actuellement répandue dans le monde entier. Selon ses normes, le Christ serait le plus grand médium de l’histoire, Victor Hugo l’un des plus grands saints de tous les temps. À la base de tout ce mouvement, il y avait un Lyonnais, Léon Hippolyte Denizart Rivail, dit Allan Kardec (1804-1869). C’était un enfant prodige d’origine modeste, qui se passionnait pour la pédagogie et inventa des dispositifs mnémotechniques pour apprendre l’histoire et les mathématiques.

Dès qu’il s’intéressa au spiritisme, vers 1850, les esprits lui demandèrent d’écrire un livre, qu’il signa Allan Kardec, nom d’un de ses ancêtres d’origine viking, un compagnon du chef Rollon.

La société spirite eut tout de suite un succès retentissant et compta parmi ses membres des hommes tels que Camille Flammarion et Napoléon III. Rivail mourut en 1869, en laissant derrière lui ce spiritisme, qui devait devenir une religion d’État au Brésil, où, pourtant, le fondateur n’était jamais allé.

• La contribution de Freud*. Là, comme dans le domaine du psychopathologique, Freud a mis au point une technique de pensée et un système de concepts qui permettent d’intégrer les phénomènes paranormaux dans le contexte total de l’homme.

Lui-même ne s’est vraiment intéressé à la télépathie qu’à partir de 1925.

À partir du cas d’une prédiction qui s’était révélée fausse (la voyante avait prédit deux enfants à une femme qui, à quarante-trois ans, n’en avait toujours pas), Freud émit l’hypothèse que la prédiction se rapportait moins au futur qu’au souhait inconscient de la consultante, que la voyante aurait accrochée télépathiquement. À partir de là, Freud détermina ce qu’on pourrait appeler une sorte de moment psychique télépathique. « J’ai souvent eu l’impression, écrit-il dans le même article, [...] que des souvenirs comportant une forte couleur émotionnelle se transmettent avec succès, sans grande difficulté [...]. Sur la base de nombreuses expériences, je suis enclin à conclure que la transmission de pensée a les plus grandes chances de se produire au moment où l’idée émerge du subconscient ou, pour employer des termes techniques, au moment où l’idée passe du processus primaire au processus secondaire [...] et ce moment psychique télépathique serait le sommeil : [...] S’il existe quelque chose de tel que les messages télépathiques, nous devons admettre la possibilité qu’ils parviennent à un individu pendant son sommeil, et que cet individu en prenne connaissance par un rêve. J’irai plus loin. Par analogie avec d’autres matériaux perceptuels et intellectuels, il est même possible que des messages télépathiques reçus durant la journée ne puissent accéder à la conscience que par un rêve la nuit suivante [...]. Souhaitons que la psychanalyse nous aide à confirmer l’existence de la télépathie et à en approfondir les mécanismes. »

• Cosmos et science-fiction. Pourtant, il semble que certains faits parapsychologiques invitent à dépasser une explication qui se limite à l’analyse des mécanismes internes du psychisme et suggèrent l’idée d’un ordre, d’un « cosmos » qui dépasse de beaucoup le domaine des relations interhumaines.

Or, cet ordre, ce cosmos, comme disent les parapsychologues, on peut avoir l’impression de le frôler très fréquemment, toutes les fois, par exemple, qu’on se trouve en face de ce que l’on appelle une coïncidence (lorsque, par exemple, je pense intensément à un ami absent depuis des années et que, quelques secondes plus tard, je le croise dans la rue...). Dans certains cas, la « coïncidence » s’apparente au miracle : telle l’arrivée de la manne céleste sur les Hébreux affamés. Qu’on y mette ou non le nom de Dieu, il est clair qu’on se réfère alors à un ordre qui dépasse infiniment l’entendement humain. La science-fiction, qui intègre les pouvoirs occultes et les coïncidences fabuleuses, est un rêve de maîtrise de cet ordre ou de ces ordres (univers parallèles) supra-humains. Il n’y a là peut-être que rêves ou hypothèses ; en tout cas, c’est à un élargissement de la conscience et de la compréhension que nous invitent le paranormal et les sciences qui s’y rattachent.

D. C.