Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

paraffine (suite)

Utilisation

De tous les produits issus directement du pétrole, aucun n’a des utilisations aussi nombreuses et diverses que la paraffine. L’importance du point de fusion comme caractéristique est évidente pour le débouché traditionnel des bougies et des cierges ; elle n’est pas moindre pour l’imprégnation des emballages, cartons et papiers paraffinés, si l’on veut éviter qu’ils ne collent les uns aux autres par temps chaud. L’emploi généralisé de la paraffine pour protéger, envelopper et présenter les aliments, son utilisation dans de nombreux cosmétiques et son ingestion directe avec certains médicaments exigent une purification très contrôlée et conforme aux normes du codex, afin de garantir que les produits quittant la raffinerie soient effectivement dépourvus d’odeur, de goût et d’éléments instables susceptibles de s’oxyder ultérieurement.

En France, la consommation de paraffines et de cires, de l’ordre de 60 000 t/an, est relativement faible et devrait se développer dans la mesure où le papier imprégné résiste à la concurrence de l’emballage plastique.

A.-H. S.

➙ Hydrogénation / Pétrole / Raffinage du pétrole.

 X. Normand, Leçons sommaires sur l’industrie du raffinage du pétrole (Technip, 1965 ; 2 vol.).

Paraguay

État de l’Amérique du Sud.
Isolé à 1 200 km de la mer, entre le 19e et le 29e degré de lat. S., le Paraguay est traversé par le grand cours d’eau qui lui a donné son nom et qui servait, au cours de l’époque coloniale, de voie de pénétration vers les Andes. Il fait actuellement figure de « Cendrillon » de l’Amérique latine, car c’est un pays pauvre, au niveau de vie très bas, à la croissance économique lente en dépit de milieux naturels qui ne sont pas dépourvus de possibilités.



Les milieux naturels

Le Paraguay, traversé par le tropique du Capricorne, se trouve divisé en trois types de milieux naturels et de paysages, qui commandent encore l’essentiel des formes de l’occupation humaine. Le relief, peu accidenté, joue un faible rôle dans cette division. Il convient, toutefois, d’opposer la partie orientale, constituée de plateaux cristallins qui prolongent le socle et sont entaillés par le Paraná, à la vaste plaine du Chaco, à l’ouest du río Paraguay. Cette dernière zone, très plate, est le « pays des rivières sans lit » : les cours d’eau andins s’y perdent en saison sèche, mais s’étalent sur d’immenses surfaces en saison humide, provoquent des inondations et forment des marécages.

Le climat est le facteur prépondérant pour différencier le milieu naturel. Par suite de l’éloignement de l’Océan et de la latitude, il présente un changement progressif d’est en ouest, non pas du point de vue des températures, qui restent partout relativement élevées, mais dans les totaux pluviométriques annuels, qui passent de 1 700 mm dans la partie orientale à moins de 500 mm à l’extrémité occidentale. Aussi les plateaux humides de l’Est, plateau du Paraná et bordure nord du Chaco, soit 20 p. 100 du territoire, sont-ils recouverts d’une forêt continue, dont seules la lisière et de rares clairières abritent des villages. Au contraire, l’immense pays plat de la partie ouest du Chaco, affecté d’un climat de plus en plus sec en allant vers les Andes, est une steppe de broussailles et d’herbes ; la zone orientale du Chaco est le domaine du quebracho (rouge), exploité pour le tanin. Entre ces deux zones, la plaine centrale du río Paraguay recueille suffisamment d’humidité pour entretenir une véritable savane plus ou moins arborée, qui constitue l’essentiel de l’espace utilisé pour l’agriculture, les sols y étant fertiles.

M. R.


L’histoire


Les Jésuites au pouvoir

À la fin du xvie s., la conquête du Paraguay, la patrie des Guaranis, n’était pas achevée du fait de la résistance acharnée de ce peuple indien semi-nomade. Les Guaranis occupaient le bassin des trois grands fleuves qui convergent vers le Río de la Plata, soit beaucoup plus que le Paraguay moderne.

L’impossibilité de soumettre ce peuple guerrier décida le gouvernement espagnol à faire confiance aux Jésuites, qui voulaient sauver les Indiens de la servitude en les isolant de la société espagnole. Refuge contre les Espagnols et les Portugais du Brésil, les « réductions » (reducciones) devaient servir à la fois à l’évangélisation des Indiens et à leur organisation selon un schéma rationnel et planifié. La république jésuite du Paraguay fut ainsi une étonnante utopie, dont le fonctionnement pendant cent cinquante ans n’a pas fini de faire couler de l’encre, d’autant que sa fin tragique permet toutes les spéculations.

Les pères jésuites persuadèrent les tribus de renoncer à leur vie errante et à leur habitat dispersé, les rassemblant dans une série de villes construites selon un plan géométrique et leur enseignant l’agriculture et l’élevage. En quinze ans, une trentaine de réductions prospéraient déjà, et leur existence fut la plus efficace des propagandes auprès des peuples guaranis. Vers 1630, l’essor et la vitalité des missions inquiétaient déjà les colons blancs ; l’économie, les institutions politiques et sociales ainsi que la vie religieuse étaient dirigées de façon à former un tout homogène. L’« utopie » de Thomas More était descendue sur terre.

Entre 1630 et 1640, les ennemis des réductions se manifestèrent sous la forme des esclavagistes venus du territoire brésilien de São Paulo. Ces bandes de chasseurs d’esclaves, connus sous le nom de Mamelouks, agissaient avec la complicité des autorités coloniales (Portugal et Espagne étaient alors sous une monarchie unique). Les réductions du Guairá et de la sierra del Tapé furent ravagées, 100 000 personnes tuées ou réduites en esclavage, et 30 villes abandonnées. Les Jésuites organisèrent le repli sur un territoire plus homogène, entre les fleuves Paraná et Uruguay, puis obtinrent en 1640 l’autorisation d’armer les Indiens de fusils. Tout changea alors, et, dès 1641, les Paulistes connurent leur première défaite. Quelques années plus tard, la menace mamelouk avait cessé d’exister.

Au cours du siècle suivant, la prospère république jésuite ne cessa de se heurter à l’hostilité des colons blancs et des autorités espagnoles d’Asunción, sans jamais être sérieusement menacée. Forte de l’intérieur, elle succomba à l’offensive conjuguée du Brésil portugais et des Espagnols.