Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Papillon (suite)

La rencontre des sexes met en jeu des mécanismes olfactifs d’une extrême sensibilité, que Fabre a observés sur le Paon de nuit (Saturnia pyri) et qui ont été retrouvés chez d’autres espèces, les femelles émettant par des glandes abdominales une odeur spécifique dont les mâles décèlent la présence grâce à leurs antennes ; ils peuvent alors parcourir plusieurs kilomètres pour en retrouver l’origine. Après la fécondation, c’est aussi l’odorat qui guide la femelle vers l’espèce végétale propre à recevoir les œufs et qui constituera la nourriture exclusive des larves.

M. D.

➙ Bombyx / Chenille / Chrysalide / Lépidoptères / Teigne.

 J.-F. Aubert, Papillons d’Europe (Delachaux et Niestlé, 1949-1952 ; 2 vol.). / P. Portier, la Biologie des Lépidoptères (Lechevalier, 1949). / Les Plus Beaux Papillons (Larousse, 1954). / A. B. Klots, Vie et mœurs des Papillons (Horizons de France, 1957). / G. Mathot, les Papillons (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958). / L. G. Higgins et N. D. Riley, A Field Guide to the Butterflies of Britain and Europe (Londres, 1970 ; trad. fr. Guide des papillons d’Europe, Delachaux et Niestlé, 1971). / T. C. Emmel, les Papillons (Stock, 1976).

Papineau (Louis Joseph)

Homme politique canadien (Montréal 1786 - Montebello, prov. de Québec, 1871).


Fils d’un notaire qui fut longtemps député de Montréal, Louis Joseph Papineau, d’abord destiné à la prêtrise, s’oriente vers le barreau. Mais sa véritable vocation est la politique, et sa personnalité dominera la vie publique du Bas-Canada jusqu’aux révoltes de 1837.

Il est élu député de Chambly dès 1808. Sa doctrine politique n’est guère fixée et, tout en disant son inquiétude devant l’immigration britannique au Canada, il n’en chante pas moins les louanges du système politique anglais et de sa tolérance, qu’il a appris à apprécier par ses lectures clandestines au séminaire, lorsque de « mauvais » livres lui ont fait connaître les encyclopédistes français et les matérialistes anglais.

À partir de 1814, Papineau est député de Montréal-Est. L’année suivante, il est élu président (speaker) de l’Assemblée. Ce poste de première importance va lui permettre de jouer un très grand rôle dans le conflit qui se développe alors avec le gouverneur : pour les besoins de son administration, ce dernier a pris l’habitude de puiser dans le produit des taxes qui sont perçues en propre par l’Assemblée ; aussi cette dernière cherche-t-elle à imposer son contrôle sur ces dépenses.

Pour mettre fin à l’obstruction des élus du Bas-Canada, en majorité francophones, un projet d’union avec le Haut-Canada est élaboré (1822) : dans la, nouvelle assemblée commune, les descendants des Français seraient alors minoritaires. Les citoyens du Bas-Canada, au nombre de 60 000, signent une protestation : Papineau et un Écossais radical, John Neilson, sont chargés de porter la pétition à Londres et obtiennent gain de cause ; le projet de loi est retiré.

Après une nouvelle crise, due comme toujours aux questions du contrôle budgétaire, le gouverneur Dalhousie refuse de reconnaître l’élection de Papineau à la présidence de l’Assemblée (1827). Nouvelle pétition de protestation qui réunit, cette fois, 87 000 signatures : un gouverneur plus conciliant est nommé. Mais il échoue dans sa tentative de faire entrer Papineau, devenu le leader du parti « patriote », au conseil exécutif.

La révolution de 1830 a un grand retentissement dans les milieux « patriotes », qui demandent avec de plus en plus d’insistance la constitution d’un gouvernement responsable devant l’Assemblée. De graves incidents éclatent lors de la campagne électorale de 1832 : trois jeunes Montréalais sont tués par la troupe, et les positions de Papineau se radicalisent. Il contribue beaucoup à la rédaction, en 1834, des « quatre-vingt-douze résolutions », qui sont adoptées par l’Assemblée et qui reprennent l’ensemble des revendications démocratiques du Bas-Canada. La tension ne cesse de monter et l’Assemblée refuse chaque année de voler le budget. En 1837, enfin, le secrétaire à l’Intérieur, John Russell, fait repousser par les Communes toutes les revendications des sujets du Bas-Canada. Une épreuve de force semble dès lors inévitable. Papineau est devenu le drapeau de la faction extrémiste des « patriotes ». On dresse des mâts en son honneur, surmontés de l’emblème républicain, le bonnet phrygien. Il va se révéler incapable de prendre franchement la tête d’une résistance nationale armée, se contentant de demander le boycottage des banques et des marchandises britanniques au profit des produits canadiens. Mais l’action de la « base », très atteinte par les conséquences d’une grave crise économique, a vite dépassé Papineau : des assemblées populaires, tout en le proclamant « chef et régénérateur du peuple », commencent à prôner l’emploi des armes. Papineau, pour sa part, cherche à maintenir la lutte sur le plan économique. Un mandat d’arrêt est toutefois lancé contre lui après des heurts violents entre anglophones et patriotes dans les rues de Montréal (16 nov. 1837). Des bandes armées se constituent, et l’une d’elles, accompagnée de Papineau, remporte un beau succès sur une troupe anglaise à Saint-Denis, dans la vallée du Richelieu (23 nov.). Mais le chef des patriotes ne s’est pas mêlé à l’affaire : il s’est tout de suite mis à l’abri et passera quelques jours plus tard aux États-Unis, dès que les forces de répression commenceront à l’emporter. Ce départ, qui ressemble trop à une fuite, sera sévèrement jugé.

Après avoir séjourné à Albany et à New York, où il ne fera pas grand-chose pour relancer l’insurrection, Papineau s’embarque pour Paris, où il fréquentera Béranger, Louis Blanc et les milieux socialisants. Il bénéficie d’une amnistie en 1842 et revient dans sa patrie en 1845. Il est réélu député en 1848, fonction qu’il conservera jusqu’en 1854 : tout en se proclamant « grand réformiste » en matière politique, il s’opposera à l’abolition de la tenure seigneuriale : « Je suis un grand conservateur pour la conservation du droit sacré de propriété. » De sa confortable retraite seigneuriale de Montebello, il marquera son opposition à la naissance de la confédération.

S. L.

 J.-J. Lefebvre, la Vie sociale du grand Papineau (Montréal, 1959).