Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Panamá (république de) (suite)

Le Panamá est faiblement peuplé (22 hab. au km2) et sa population est très inégalement répartie sur le territoire (75 650 km2). Deux régions, — l’une à prédominance rurale, l’autre urbaine — réunissent 80 p. 100 de la population totale. Principaux centres de peuplement depuis la conquête, les basses terres du Pacifique à l’ouest et surtout « El Interior » rassemblent plus de la moitié de la population totale avec des densités de 30 à 40 habitants au kilomètre carré ; les trois quarts de la population rurale du Panamá vivent dans ce secteur. Un tiers de la population panaméenne est concentré dans la zone de passage de l’isthme : zone du canal, villes de Colón et de Panamá. Un petit foyer de peuplement s’est formé dans la province de Bocas del Toro ; le reste du pays, versant caraïbe, province de Darién, est pratiquement inoccupé (moins de 4 hab. au km2). La croissance démographique (3 p. 100 par an depuis les années 1960) est semblable à celle des autres pays d’Amérique centrale. Par contre, son produit national croît plus rapidement que celui de ses voisins (de 5 à 10 p. 100 par an dans la décennie 1960-1970) ; le Panamá possède le produit par tête le plus élevé de toute l’Amérique centrale (929 dollars en 1973).


L’économie

Cette relative richesse n’est nullement due au développement des activités agropastorales, qui demeurent restreintes, ni à l’exportation de produits agricoles, mais à la présence du canal et aux activités urbaines qu’elle favorise. De grandes inégalités existent dans la répartition du revenu. L’agriculture, qui fait vivre 60 p. 100 de la population, ne rapporte que le quart du revenu national ; la zone de passage du canal, où vit le tiers de la population, reçoit 60 p. 100 du revenu national grâce à ses activités urbaines de commerce et de services. L’histoire du pays éclaire ce contraste entre le retard des régions agricoles et l’intensité de la vie économique liée au canal.

Dès l’époque coloniale existaient deux centres d’activités. Les savanes des basses terres du domaine pacifique, zones d’élevage et d’agriculture, étaient le principal foyer de peuplement. La région de l’actuel canal était déjà une voie de passage transisthmique empruntée par le commerce entre le Pérou et l’Espagne. Selon la conjoncture historique, cette dernière région allait connaître des périodes d’activité intense, entrecoupées de périodes de stagnation. Ce n’est qu’en 1914, avec l’achèvement du canal, que cette fonction de lieu de passage allait se confirmer. Depuis, les activités commerciales et la taille des villes n’ont cessé de croître, en relation avec la présence nord-américaine sur le canal. Ainsi allait s’accentuer l’opposition entre le vieux pays agricole, centre traditionnel du pays, et la zone de population urbaine cosmopolite vivant du commerce et des services en liaison avec le canal.

L’agriculture occupe, de façon temporaire ou permanente, moins de 20 p. 100 de la superficie totale du pays ; la forêt recouvre encore la majeure partie du territoire. Prairies et pâturages occupent les trois quarts de la superficie agricole utile, le reste est occupé par des cultures le plus souvent temporaires ; les cultures permanentes ne représentent que le dixième de la superficie agricole utile. De grandes inégalités existent dans la taille des exploitations ; 64 p. 100 des exploitants cultivent moins de 11 p. 100 de la superficie agricole, dans des exploitations inférieures à 10 ha ; 3 p. 100 des exploitants accaparent la moitié des terres cultivées, avec des exploitations souvent très supérieures à 100 ha. Aussi existe-t-il de grandes différences dans les méthodes et les types de culture. Les petits et moyens exploitants, soit la majorité des agriculteurs, sont rarement propriétaires ; ils pratiquent une agriculture sur brûlis, selon la technique héritée des Indiens. Ce mode de culture, pratiqué sur les collines boisées du pays de savanes et sur le versant pacifique de la chaîne centrale, s’accompagne d’un habitat dispersé. Dans la plaine à savanes et dans la péninsule d’Azuero, il se combine avec un petit élevage dans des exploitations de taille moyenne (de 20 à 40 ha). Ces petites et moyennes exploitations produisent la presque totalité des denrées constituant l’alimentation de base du Panamá (riz, maïs, haricots, tubercules). La majeure partie de cette production est destinée à l’autoconsommation, mais avec l’amélioration du réseau routier une proportion croissante est dirigée vers les centres urbains. L’élevage extensif, à grande échelle, est pratiqué dans les haciendas établies à l’époque coloniale dans les savanes de la région d’« El Interior », provinces de Coclé et Herrera. D’autres haciendas se sont établies plus récemment dans la plaine côtière de la province de Chiriquí, autour de la ville de David. Ces haciendas d’élevage écoulent la majorité de leur production dans les villes de la région du canal. L’agriculture commerciale à grande échelle commence au Panamá en 1880, avec les plantations de bananiers de la United Fruit Company (auj. United Brands), dans la province de Bocas del Toro. Par suite d’une maladie de la plante, la compagnie transfère, vers 1927, une partie de ses activités sur la côte pacifique, près de Puerto Annuelles, dans la province de Chiriquí. Dans les vieilles terres à banane de Bocas del Toro, la United Fruit a établi de grandes superficies de cacao et d’abaca ; la production bananière y a repris récemment. La United Fruit fournit les deux tiers de la production de bananes du Panamá ; les bananes représentent le principal produit agricole d’exportation du pays. Plus récemment se sont développées les cultures mécanisées de riz et de café, notamment dans la province de Chiriquí encore. Ces productions sont destinées pour l’essentiel à la consommation intérieure.

La pêche de la crevette géante dans le golfe de Panamá a connu un développement spectaculaire durant les dernières décennies. Les crevettes, conditionnées dans la ville de Panamá, sont exportées, principalement vers les États-Unis.

Le Panamá a peu de voies de communication en dehors du réseau routier et ferroviaire de la zone du canal. Le seul axe de transport est la route panaméricaine ; longeant le versant pacifique, elle ne se prolonge guère au-delà de la ville de Panamá. Les provinces de Bocas del Toro et de Darién n’ont aucune liaison terrestre avec le reste du pays.

R. P.