Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Palerme (suite)

En 1282, les Palermitains se révoltèrent contre les Français. Ce massacre des « Vêpres siciliennes » fit passer la ville et l’île sous la domination de l’Aragon, puis de l’Espagne, qui les gardera jusqu’en 1713-14. À partir de 1816, Palerme fit partie du royaume des Bourbons des Deux-Siciles. Le 27 mai 1860, les troupes de Garibaldi* s’emparaient de la ville, et, le 21 octobre, Palerme et la Sicile votaient leur rattachement au jeune royaume d’Italie.

P. R.

➙ Sicile.


Palerme, ville d’art

Il ne reste à peu près rien d’antérieur à l’ensemble monumental qu’a laissé l’âge d’or (xiie s.) du royaume normand de Sicile*, héritier des civilisations byzantine et musulmane. La netteté géométrique des volumes distingue l’église San Cataldo, aux trois coupoles très orientales, comme celles de San Giovanni degli Eremiti, dont le cloître a beaucoup de grâce. Fondée en 1143, l’église de la Martorana est franchement byzantine par son plan en croix grecque et par sa parure de mosaïques à fond d’or. Du palais des rois normands, il reste essentiellement la « tour pisane », la chapelle Palatine et la salle dite « de Roger ». Fondée en 1132 par Roger II, la chapelle Palatine offre une vision de splendeur avec ses revêtements de marbre, sa voûte de bois ouvragé à la manière arabe, ses mosaïques d’esprit byzantin ; la salle de Roger (v. 1170), ornée aussi de mosaïques, est l’exemple le mieux conservé d’un art de cour auquel appartiennent plusieurs pavillons (la Zisa, la Cuba, la Cubula) de l’ancien parc royal. La fin de la période normande a laissé Santo Spirito, aux volumes simples, mais animés à l’extérieur par la polychromie des matériaux assemblés en figures géométriques, comme au chevet de la vaste cathédrale, fondée en 1185, mais très remaniée depuis lors.

L’architecture gothique apparaît d’abord tributaire tantôt de la tradition siculo-normande, comme le montrent au xive s. plusieurs parties de la cathédrale et des palais (Chiaramonte, Sclafani), au caractéristique décor d’arcs entrecroisés, tantôt des formes continentales, que traduisent San Francesco et le portail de Sant’Agostino (xiiie s. - début du xive). Une forte influence de la Catalogne et de l’Aragon se manifeste au xve s., inspirant la mode des arcs aigus ou surbaissés, d’une mouluration complexe et fine. L’exemple en est donné par le portail sud de la cathédrale ou par les ouvrages de Matteo Carnelivari : le palais Abbatelli — qui abrite la Galleria Nazionale —, le palais Aiutamicristo, sans doute l’église Santa Maria della Catena. Dans la fresque du Triomphe de la Mort, aujourd’hui à la Galleria Nazionale, on reconnaît le langage international de la peinture gothique tardive.

Comme dans toute l’Italie méridionale, la Renaissance a le caractère d’un art importé. Au xve s., Palerme accueille les sculpteurs Francesco Laurana, un Dalmate, et Domenico Gagini, un Lombard au talent gracieux, fondateur d’une dynastie artistique, tandis que les peintres Tommaso De Vigilia, Riccardo Quartararo et Pietro Ruzzolone (représentés, comme les sculpteurs, à la Galleria Nazionale) dominent une école locale où, à diverses influences italiennes, s’ajoute celle du Levant espagnol. Avec la Porta Nuova (1535), le monument principal du xvie s. est la fontaine de la Piazza Pretoria, aux riches sculptures importées de Florence.

Palerme doit davantage à la floraison baroque. L’architecture du xviie s. est représentée par le carrefour monumental des Quattro Canti, la cour à arcades du Palais royal, le couvent des Filippini (auj. Musée archéologique), l’église du Gesù — avec son fastueux décor intérieur de marbres polychromes et de stucs —, les églises de goût romain élevées par Giacomo Amato (1643-1732) [Santa Teresa, la Pietà] et de nombreux palais, aujourd’hui assez mal entretenus. On note la venue du Caravage*, qui peignit en 1609 une Nativité pour l’oratoire San Lorenzo, et celle de Van Dyck*, auteur de la Madone de l’oratoire del Rosario (1624-1628). L’influence de ces deux maîtres marque, avec celle de Ribera*, le talent robuste de Pietro Novelli (1603-1647). Au xviiie s., d’habiles fresquistes, tel Guglielmo Borremans, d’origine flamande, ont décoré palais et églises, mais les stucs de Giacomo Serpotta*, parure des oratoires, ont un charme plus original. Le néo-classicisme apparaît dans la froide rénovation intérieure de la cathédrale, exécutée de 1781 à 1801 sur un projet de l’architecte romain Ferdinando Fuga. Plus amusante est la note exotique du « palais chinois » que Ferdinand III de Bourbon fit construire et décorer par Venanzio Marvuglia (1729-1814), vers 1800, dans le parc della Favorita.

B. de M.

 C. Diehl, Palerme et Syracuse (Laurens, 1907). / Les Mosaïques de la chapelle Palatine de Palerme (Amiot-Dumont, 1956).

Palestine

Région du Proche-Orient.



L’Empire païen (70-325)

Après la rude répression des derniers sursauts de la révolte juive de 66-73, Rome prit des précautions pour surveiller la turbulente Judée. Celle-ci fut érigée en vraie province. Son gouverneur serait désormais indépendant de celui de Syrie, disposant de troupes propres et non de quelques cohortes auxiliaires. Une légion, la Xa Fretensis, y fut casernée.

Ces mesures n’empêchèrent pas la seconde révolte juive en 132-135, sous la direction de Bar-Kokheba (le fils de l’Étoile), reconnu comme messie par le grand docteur. Cette fois, la répression fut radicale. Jérusalem, déjà partiellement ruinée, fut rebâtie en ville païenne par Hadrien sous le nom d’Aelia Capitolina et interdite aux Juifs. De nombreux Juifs furent déportés et de nouveaux colons étrangers païens installés dans la province, qui prit officiellement le nom de Syria Palaestina. Le nom de Judaea, évoquant la judéité, sortit de l’usage. La province comprenait une partie de la Transjordanie et s’agrandit vers 295 du côté du Néguev aux dépens de la province d’Arabie (créée en 106).