Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paléolithique (suite)

Cas de l’Australie

Le peuplement de l’Australie pose de sérieux problèmes aux anthropologues. Les aborigènes australiens, par leur morphologie, ont conservé de nombreux traits archaïques. La découverte en 1971 des sites du lac Mungo (État de Victoria) donne des datations remontant à plus de 30 000 ans avant notre ère. Eu égard à la situation du gisement dans l’extrême sud-est du continent, il est vraisemblable que la pénétration de l’Homme en Australie doive être repoussée au XLe millénaire (la baisse du niveau des mers due à la glaciation würmienne aurait d’ailleurs permis cette colonisation à partir des terres indonésiennes).

Ce cas particulier présente un intérêt considérable si on le rattache à la théorie de Franz Weidenreich, émise en 1943, selon laquelle les aborigènes australiens descendraient en droite ligne des Pithécanthropes javanais. La conséquence extraordinaire de cette hypothèse est que l’Homo sapiens aurait une origine polycentrique. Or, les découvertes du lac Mungo tendraient à corroborer les idées de Weidenreich.


La vie quotidienne des chasseurs paléolithiques

L’économie était basée sur la cueillette et la chasse. L’image classique de l’Homme préhistorique armé d’une massue et cherchant désespérément sa nourriture ne correspond guère à la réalité. Marshall Sahlins a écrit à ce propos un article au titre évocateur : « la Première Société d’abondance » (1968).

Nous savons peu de choses des Australopithèques, sinon qu’ils ignoraient le feu, invention des Archanthropiens. Le régime alimentaire de ces derniers consistait en végétaux et en petits animaux, mais l’Eléphant améliorait parfois l’ordinaire. Les Archanthropiens fréquentaient généralement les terrasses fluviales et les bords des lacs propices à la quête du gibier. Les Néandertaliens se réfugient dans les grottes, où la température moyenne oscille entre 11 et 14 °C contre – 50 °C à l’extérieur. Les Hommes du Paléolithique supérieur continuent à habiter les grottes, mais ils connaissent aussi les tentes en peaux de bêtes et des cabanes semi-souterraines dont l’armature est faite de défenses de Mammouth. Le campement magdalénien de Pincevent révèle plusieurs structures d’habitat : à l’entrée de la tente (9 m2 environ) se plaçait le foyer, à proximité duquel les déchets se répartissaient en cône.


La religion

Il est certain que l’Homme de Neandertal enterrait ses morts. Est-ce à dire qu’il avait organisé un système religieux ? André Leroi-Gourhan fait remarquer que les pratiques funéraires ne sont pas la preuve absolue de croyances métaphysiques. Il écrit : « Le mort, tant qu’il conserve (parole et geste retranchés) son aspect ordinaire, appartient encore au monde des vivants et sa mise en sommeil dans la terre n’implique pas directement son réveil ultérieur. » De telles pratiques pourraient donc constituer des réactions affectives comparables à celles de certains animaux supérieurs. Par contre, d’après le même préhistorien, la présence d’épieux d’ivoire dans une tombe du Paléolithique supérieur « suggère le dépôt d’un armement en prévision d’un futur ». Nous ne restituerons sans doute jamais les arrière-pensées de l’Homme du Paléolithique. Nous pouvons cependant, en vertu des schémas universels de comportement, poser le postulat suivant : l’art préhistorique contient des symboles religieux. Dès lors, nous rechercherons ces symboles pour les analyser et en découvrir peut-être le contenu. Si on constate effectivement une certaine organisation des thèmes dans l’art pariétal, cette dernière étape nous échappe encore.


L’art paléolithique

Les premières œuvres d’art figuré apparaissent au Gravettien. On distingue dans cet art des œuvres mobilières, des statuettes, des gravures sur os, galet, schiste ou bois de Renne, des plaquettes décorées et des pigmentations pariétales. La plus grande partie de l’art pariétal se trouve dans les sites du sud-ouest de la France et dans le nord-ouest de l’Espagne. C’est pourquoi on donne souvent à cet art le nom de franco-cantabrique, aujourd’hui contesté par certains. De fait, on le trouve aussi en Italie du Sud. Dans l’Oural, on a découvert une grotte à peinture paléolithique (1961). Le principal motif de cet art est l’animal, fréquemment associé à des signes et rarement à des représentations humaines. On remarque une certaine prédilection pour quelques espèces (Cheval, Bison, Renne). L’art paléolithique est un art qui semble se développer en même temps que les techniques de la chasse et qui se termine lorsque la chasse s’éteint.

H. Breuil a distingué deux cycles évolutifs successifs : le « cycle aurignaco-périgordien » et le cycle « solutréo-magdalénien ». Depuis 1956, A. Leroi-Gourhan a élaboré une chronologie des styles.

• La période préfigurative (– 35 000). Elle se caractérise par l’apparition des premières plaquettes en os ou en pierre, qui sont gravées par incisions parallèles, et par l’utilisation abondante de l’ocre.

• La période primitive (– 30 000). À l’Aurignacien se développe le « style I » (La Ferrassie, Isturits) : sur des blocs de calcaire, des figures représentant des avant-trains ou des têtes d’animaux (Chevaux, Taureaux) associés à des représentations génitales. Le « style II » correspond au Gravettien et au Solutréen ancien (de – 25 000 à – 20 000). On le trouve dans les grottes des Hautes-Pyrénées (Gargas) et en Gironde (Pair-non-Pair). On remarque alors une certaine évolution vers un canon artistique : apparition de la ligne cervico-dorsale, avec des détails qui permettent de différencier les espèces (Mammouth, Bouquetin) ; quelques figures humaines, avec une partie centrale très développée (les « Vénus aurignaciennes » de Willendorf, de Lespugue appartiennent à ce style).

• La période archaïque (de – 20 000 à – 15 000) est celle du « style III » : apparition de crinières, oreilles ; accentuation de la ligne cervico-dorsale de la faune ; représentation schématique des figures humaines. On trouve ce style dans la grotte de Lascaux, en Dordogne, aux Cantabres et à La Pasiega.

• La période classique (de – 15 000 à – 12 000) forme le « style IV ancien » : La figuration des animaux est de plus en plus réaliste (nombreux détails), mais ce n’est qu’à la fin de cette période que les membres des animaux reposeront sur le sol (Font-de-Gaume, Combarelles, Altamira, Niaux).

• La période tardive (– 10 000) est caractérisée par un art essentiellement mobilier. Les grottes sont de moins en moins décorées. Ce qui frappe dans ce « style IV récent », c’est le réalisme des formes et du mouvement (Teyjat et Limeuil).