Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Paléolithique (suite)

• À partir de la seconde poussée de la glaciation de Würm, soit approximativement 40 000 ans avant notre ère, apparaissent les Néanthropiens. Rapportés à l’espèce Homo sapiens, ces Néanthropiens — à l’origine encore obscure — ne présentent guère de différences avec les Hommes actuels. Le progrès physique réside dans le développement de la zone frontale, qui se traduit par une augmentation de la capacité crânienne. Plusieurs groupes raciaux ont été reconnus, dont les Hommes de Cro-Magnon, de Chancelade et de Grimaldi pour l’Europe. Les Néanthropiens se sont répandus sur toute la surface de la planète, y compris l’Amérique, et sont les auteurs des magnifiques réalisations du Paléolithique supérieur.


Les industries

Les premiers outils, œuvres des Australanthropiens, se réduisaient à de simples galets éclatés, sans retouches, soit sur une seule face (chopper), soit sur les deux faces (chopping-tool). Cette industrie, qui représente la forme la plus primitive de la pierre taillée, est groupée sous l’expression pebble culture. Par la suite, on reconnaît trois grandes catégories d’industries lithiques : les industries à bifaces, les industries à éclats et les industries à lames. Les deux premières caractérisent les Paléolithiques inférieur et moyen et la dernière le Paléolithique supérieur.


Le Paléolithique inférieur

• Les industries lithiques du Paléolithique inférieur témoignent du lent processus d’évolution de l’esprit humain depuis les galets taillés de la pebble culture jusqu’aux bifaces affinés de l’Acheuléen. On distingue deux types d’industries, suivant que l’Homme taille le nucleus primitif jusqu’à l’obtention d’un biface ou bien qu’il utilise les enlevés de ce nucleus. Ces deux industries, à bifaces et à éclats, se développent simultanément avant de fusionner.

• Le biface est, par définition, taillé sur les deux faces. Les plus anciens bifaces sont grossiers, et leurs arêtes sinueuses ; une partie du rognon primitif est conservé afin de ménager une zone de préhension : ces bifaces sont caractéristiques de l’Abbevillien. Ils vont devenir plus réguliers ; leur tranchant, rectiligne, sera finement retouché, et, finalement, ils aboutiront aux magnifiques amandes du faciès acheuléen dont la durée s’étale sur plus de 300 000 ans.

• Le Clactonien constitue le premier faciès industriel basé sur les éclats. Les premiers vestiges clactoniens seraient antérieurs à la glaciation de Mindel (plus de 400 000 ans). Ce mode de débitage des éclats est caractérisé par un angle très ouvert entre le plan d’éclatement et le plan de frappe. Le bulbe de percussion, lui, est le plus souvent saillant et conique. Au cours d’une phase moyenne, ces éclats clactoniens subissent des retouches moustériennes. Plus tard, associés avec des éclats levalloisiens, ils composeront les industries tayaciennes.

• Sur le plan chronologique, l’Acheuléen succède à l’Abbevillien, mais il en est séparé dans certaines régions par le Clactonien. La phase finale de l’Acheuléen prend parfois le nom de Micoquien, caractérisé par un type de biface à talon épais et à extrémité mince et finement retouchée. Utilisant parfois la technique levalloisienne, le Micoquien est contemporain du Moustérien.


Le Paléolithique moyen

• La technicité des Paléanthropiens est manifeste dans le procédé de débitage levallois. Dans ses grandes lignes, cette technique consiste à préparer soigneusement le plan de frappe du nucleus par une série d’enlèvements afin d’en tirer le plus long éclat tranchant de forme diverse (éclat levallois) ou d’en extraire une pointe de forme caractéristique, la pointe levallois.

• Le Moustérien compose le faciès principal du Paléolithique moyen. Il est caractérisé par des pointes triangulaires et des racloirs obtenus par des retouches d’éclats sur une seule face. La diversité des horizons moustériens a conduit François Bordes à proposer quatre groupes : le Moustérien type, qui utilise parfois la technique levallois ; le Moustérien de tradition acheuléenne, qui comprend des bifaces et des couteaux à bord abattu courbe ainsi que des outils tels que les burins et les perçoirs préfigurant les industries supérieures ; le Moustérien à denticulés, dont les pièces possèdent des encoches et des bords denticulés ; le Moustérien de type Quina, ou Charentien, avec ses nombreux racloirs et ses tranchoirs (racloirs à retouches bifaciales). Notons que les différences entre ces types de Moustérien restent encore difficiles à expliquer et que les deux faciès du Paléolithique moyen se fondent souvent en un complexe levalloiso-moustérien.

Les industries moustériennes, œuvre des Néandertaliens, possèdent déjà quelques lames et une ébauche d’outillage osseux : elles nous amènent au seuil du Paléolithique supérieur vers le XXXVe millénaire.


Le Paléolithique supérieur (ou « Leptolithique »)

• En France, la phase supérieure du Paléolithique débute avec le Châtelperronien (de – 35 000 à – 30 000), qui conserve des caractères moustériens, dont le débitage levallois. Le couteau de Châtelperron, lame à dos courbe obtenu par des retouches abruptes, caractérise ce faciès. La rupture avec la période précédente est marquée par le développement de l’outillage osseux, directement lié d’ailleurs à la multiplication des grattoirs et des burins. Le bois de Renne était ainsi débité au burin. À ce faciès correspondent le Szélétien hongrois et le Kostienkien russe.

• L’Aurignacien (de – 30 000 à – 27 000) succède au Châtelperronien. L’abattage des bords disparaît, mais une retouche extrait de minuscules lamelles : les « lamelles Dufour » et le burin busqué caractérisent ainsi l’industrie lithique. Ce type de burin cédera la place au grattoir caréné à mesure de l’évolution. L’outillage osseux est essentiellement représenté par des pointes de sagaie à base fendue et d’autres sans base fendue, mais losangiques ; d’abord ovales, ces pointes deviennent peu à peu circulaires. Le Pavlovien de l’Europe centrale correspond en gros à l’Aurignacien occidental.

• Le Gravettien (de – 27 000 à – 20 000) constitue le stade final de l’Aurignacien. La pointe de La Gravette, obtenue par des retouches abruptes, est considérée comme le fossile directeur de ce faciès, mais le burin sur troncature retouchée est l’outil le plus fréquent.