paléochrétien (art) (suite)
Les catacombes, ou hypogées, se font plus rares, tout en se criblant de loculi par dévotion pour les martyrs. C’est à cette époque également que, dans plusieurs catacombes, des espaces sont aménagés pour abriter des basiliques souterraines, comme à Domitille. La décoration picturale ou, sur les sarcophages, sculpturale s’enrichit de sujets tirés de l’Évangile ; elle ne fait pas fi de représentations de métiers et campe volontiers les défunts eux-mêmes, selon la pente normale du christianisme à s’insérer dans la vie quotidienne pour la transfigurer. Cette dernière tendance est patente à Sainte-Priscille de Rome dans la chapelle des tonneliers ou à Domitille dans la scène montrant la dame Veneranda introduite dans l’au-delà par sainte Pétronille. Le style « tassé » se perpétue dans la première œuvre, tandis qu’un retour au classicisme est perceptible dans la seconde, aussi bien que dans les scènes d’une grande finesse artistique de la catacombe de la via Latina.
L’évidence de cette nouvelle facilité de manœuvre, comme de l’expansion sociale du christianisme, se manifeste dans la présence et la multiplication d’objets de culte, d’ailleurs fort riches. Les sujets empruntés à la mythologie s’y mêlent souvent aux sujets chrétiens, dans un symbolisme nouveau qui évacue la signification païenne. C’est le cas de coffrets à reliques, qu’ils soient en ivoire, comme celui de Brescia (Musée municipal), ou en argent doré, comme celui de Secundus et Projecta au British Museum. Les scènes en relief de pyxides en ivoire, comme celle de l’abbaye de San Colombano à Bobbio, et les scènes incisées sur des récipients en bronze (par exemple au musée du Vatican) ou sur une coupe en verre provenant d’Arras (au Louvre) présentent les mêmes caractères. Parallèlement, le style s’en retrouve sur des enluminures de manuscrits, telles les Géorgiques et l’Énéide de la bibliothèque du Vatican. L’empereur lui-même est soumis au Christ, comme il apparaît sur le camée Rothschild : Constance II, près de son épouse, a le front ceint d’une couronne de lauriers tenue par une plaque marquée du chrisme.
Au terme de cette période où le christianisme, peu à peu, s’est posé en pleine lumière, les grandes lignes de son art se dégagent au contact de la vie personnelle et sociale : elles annoncent tout l’art chrétien à venir.
P. du B.
➙ Basilique / Byzantin (Empire) / Christianisme / Moyen Âge (art du haut).
E. Coche de La Ferté, l’Antiquité chrétienne au musée du Louvre (Éditions de l’Œil, 1958). / W. F. Volbach et M. Hirmer, Frühchristliche Kunst (Munich, 1958). / P. du Bourguet, la Peinture paléochrétienne (Laffont, 1965) ; Art paléochrétien (Cercle d’art, 1971). / R. Krautheimer, Early Christian and Byzantine Architecture (Harmondsworth, 1965). / A. Grabar, le Premier Art chrétien (Gallimard, 1966). / J. Beckwith, Early Christian and Byzantine Art (Harmondsworth, 1970). / F. Gerke, la Fin de l’art antique et les débuts de l’art chrétien (trad. de l’allemand, A. Michel, 1973). / C. Neyret, Art paléo-chrétien, art byzantin (Desclée De Brouwer, 1973).