Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

paléochrétien (art) (suite)

Les catacombes, ou hypogées, se font plus rares, tout en se criblant de loculi par dévotion pour les martyrs. C’est à cette époque également que, dans plusieurs catacombes, des espaces sont aménagés pour abriter des basiliques souterraines, comme à Domitille. La décoration picturale ou, sur les sarcophages, sculpturale s’enrichit de sujets tirés de l’Évangile ; elle ne fait pas fi de représentations de métiers et campe volontiers les défunts eux-mêmes, selon la pente normale du christianisme à s’insérer dans la vie quotidienne pour la transfigurer. Cette dernière tendance est patente à Sainte-Priscille de Rome dans la chapelle des tonneliers ou à Domitille dans la scène montrant la dame Veneranda introduite dans l’au-delà par sainte Pétronille. Le style « tassé » se perpétue dans la première œuvre, tandis qu’un retour au classicisme est perceptible dans la seconde, aussi bien que dans les scènes d’une grande finesse artistique de la catacombe de la via Latina.

L’évidence de cette nouvelle facilité de manœuvre, comme de l’expansion sociale du christianisme, se manifeste dans la présence et la multiplication d’objets de culte, d’ailleurs fort riches. Les sujets empruntés à la mythologie s’y mêlent souvent aux sujets chrétiens, dans un symbolisme nouveau qui évacue la signification païenne. C’est le cas de coffrets à reliques, qu’ils soient en ivoire, comme celui de Brescia (Musée municipal), ou en argent doré, comme celui de Secundus et Projecta au British Museum. Les scènes en relief de pyxides en ivoire, comme celle de l’abbaye de San Colombano à Bobbio, et les scènes incisées sur des récipients en bronze (par exemple au musée du Vatican) ou sur une coupe en verre provenant d’Arras (au Louvre) présentent les mêmes caractères. Parallèlement, le style s’en retrouve sur des enluminures de manuscrits, telles les Géorgiques et l’Énéide de la bibliothèque du Vatican. L’empereur lui-même est soumis au Christ, comme il apparaît sur le camée Rothschild : Constance II, près de son épouse, a le front ceint d’une couronne de lauriers tenue par une plaque marquée du chrisme.

Au terme de cette période où le christianisme, peu à peu, s’est posé en pleine lumière, les grandes lignes de son art se dégagent au contact de la vie personnelle et sociale : elles annoncent tout l’art chrétien à venir.

P. du B.

➙ Basilique / Byzantin (Empire) / Christianisme / Moyen Âge (art du haut).

 E. Coche de La Ferté, l’Antiquité chrétienne au musée du Louvre (Éditions de l’Œil, 1958). / W. F. Volbach et M. Hirmer, Frühchristliche Kunst (Munich, 1958). / P. du Bourguet, la Peinture paléochrétienne (Laffont, 1965) ; Art paléochrétien (Cercle d’art, 1971). / R. Krautheimer, Early Christian and Byzantine Architecture (Harmondsworth, 1965). / A. Grabar, le Premier Art chrétien (Gallimard, 1966). / J. Beckwith, Early Christian and Byzantine Art (Harmondsworth, 1970). / F. Gerke, la Fin de l’art antique et les débuts de l’art chrétien (trad. de l’allemand, A. Michel, 1973). / C. Neyret, Art paléo-chrétien, art byzantin (Desclée De Brouwer, 1973).

paléoclimatologie

Étude des climats anciens. Au sens propre du terme il s’agit des âges géologiques. On conviendra, cependant, d’envisager aussi les climats qui se sont succédé à des époques plus récentes (époque glaciaire, époque historique jusqu’à l’Actuel).



Les moyens de la paléoclimatologie

Les climats des âges géologiques peuvent être reconstitués grâce à la nature des roches et à la présence des fossiles (faune et flore). À partir du Quaternaire, on dispose de documents plus précis. Les glaciations anciennes ont laissé des formes d’accumulation (moraines) et d’érosion (roches raclées et polies des socles des hautes latitudes, verrous rocheux des vallées glaciaires de type alpin, zones de surcreusement occupées sur les boucliers et dans les montagnes par des lacs ou des alluvions de comblement). Elles ont suscité aussi la morphologie périglaciaire et fluvio-glaciaire. À l’analyse de ces formes, on peut ajouter dans le même ordre d’idées celles qu’ont laissées les climats désertiques (par exemple dunes). On reconstitue les paléoclimats également grâce aux forages sous inlandsis et aux carottages sous-marins ; dans l’un et l’autre cas, on aboutit à une chronologie de dépôts (neige, sédiments). On utilise encore l’analyse pollinique, l’observation des varves (dépôts lacustres annuels réalisés sur le front des inlandsis et alternativement fins et grossiers selon les saisons) et la dendrologie (par la science des arbres, à partir du comptage des anneaux du bois, on déduit la succession des conditions climatiques subies par les sujets). Si certains des moyens évoqués intéressent surtout les âges glaciaires, il en est qui servent aussi à la mise en évidence des variations climatiques de l’époque historique (étude des sédiments sous-marins et des dépôts lacustres, analyse pollinique, dendrochronologie). Ces moyens sont alors soutenus par l’archéologie, par l’analyse des documents d’archives et par des disciplines comme la phénologie (étude des variations de la floraison, de la feuillaison des végétaux, de la maturation des fruits en fonction du climat). À partir du xixe s. s’ajoutent à cela les observations météorologiques instrumentales.


La réalité des faits


Les âges géologiques

Ils connurent de considérables changements de climats. L’ère primaire comporta des glaciations dont l’ère tertiaire fut privée. Ainsi, cette dernière a-t-elle révélé des conditions climatiques plus égales, du point de vue thermique, que celles que l’on connaît actuellement. De sorte qu’en l’absence de calottes glaciaires polaires les temps tertiaires se manifestaient par un gradient thermique méridien beaucoup plus faible qu’aujourd’hui : le fort contraste zonal actuel entre masses d’air polaires et masses d’air tropicales que reflète la présence du front polaire n’existait certainement pas alors, et, par conséquent, n’existait pas la grande turbulence des « latitudes tempérées ».