Pākistān oriental, auj. Bangladesh (suite)
Le riz est la culture vivrière essentielle, base de l’alimentation, couvrant plus de 8 millions d’hectares : il représente 99 p. 100 de la production de grains. Il provient essentiellement des récoltes « aus » et « aman », la récolte « boro » ne pourrait être développée que par un meilleur contrôle de l’eau. Le Bangladesh est importateur de riz. Les cultures commerciales sont le jute (878 000 ha, 1 Mt en 1973) — dont le Bangladesh est le premier producteur mondial —, la canne à sucre, le thé et le tabac. L’élevage est essentiellement un élevage de bovins (buffles et bœufs), chétifs et trop nombreux (près de 30 millions de têtes). Il n’y a pas d’élevage de porcs en raison de l’influence musulmane, ni d’élevage de moutons à cause du climat humide. Mais il y a plus de 4 millions de chèvres, élevées pour leur viande et leur peau.
La pêche, de caractère artisanal, s’efforce de pallier la carence de l’élevage ; c’est surtout une pêche d’eau douce (0,2 Mt par an).
L’industrie
En 1947, elle était représentée presque exclusivement par les artisanats traditionnels : tissage à main et mousseline (Dacca), soierie (Dacca, Rājshāhī), poterie, bois. Le pays se trouvait dépourvu d’industries de jute, celles-ci étant localisées à Calcutta. La période pakistanaise du Bangladesh a donc été une période d’industrialisation, la plupart des industries créées étant sous le contrôle d’une vingtaine de riches familles du Pākistān occidental. L’industrialisation a été rendue possible par la découverte de charbon à la frontière nord et surtout de gaz naturel dans la région de Sylhet (réserves totales évaluées à plus de 200 milliards de mètres cubes). Chittagong bénéficie de l’usine hydro-électrique construite sur la Karnāphulī. La principale industrie du pays est celle des filatures et tissages de jute (Dacca-Narāyanganj, Khulnā, Chittagong). Les autres industries sont surtout à base agricole : soie (Dacca), sucreries et usines de décorticage du riz (dispersées), tabac (Dacca, Chittagong). On compte aussi des industries non agricoles : allumettes (Dacca, Khulnā, Chittagong, etc.), papier fait avec des bambous (l’usine de Chandragona sur la Karnāphulī est une des plus importantes d’Asie tropicale), construction de bateaux, verre, engrais, ciment. Le Bangladesh n’en est pas moins resté un pays nettement sous-industrialisé, peu favorisé par les investissements (les bénéfices tirés du jute ont d’abord servi à développer le Pākistān occidental). L’indépendance, en supprimant la domination financière pakistanaise, a provoqué une étatisation de la plus grande partie du secteur industriel. D’une manière générale, l’indépendance a mis fin à une situation de dépendance, fréquemment qualifiée de situation coloniale, à l’égard du Pākistān. Elle permet au Bangladesh de mieux tirer parti de ses propres ressources, notamment des devises étrangères que fournit l’exportation du jute. Elle entraîne un renversement complet des relations économiques, l’Inde prenant la place du Pākistān comme partenaire privilégié. L’extrême pauvreté du pays rend indispensable l’aide étrangère.
J. D.
➙ Asie de la mousson / Bengale.
N. Ahmad, An Economic Geography of East Pakistan (Londres, 1958 ; 2e éd., 1968). / D. et L. Bernot, les Khyang des collines de Chittagong (Plon, 1958). / P. Bessaignet, Tribesmen of the Chittagong Hill Tracts (Dacca, 1958). / B. L. C. Johnson, How People live in East Pakistan (Londres, 1961). / S. M. H. Zaidi, The Village Culture in Transition. A Study of East Pakistan Rural Society (Honolulu, 1970).
Voir aussi la bibliographie de l’article Pākistān.