Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pākistān oriental, auj. Bangladesh (suite)

Le riz est la culture vivrière essentielle, base de l’alimentation, couvrant plus de 8 millions d’hectares : il représente 99 p. 100 de la production de grains. Il provient essentiellement des récoltes « aus » et « aman », la récolte « boro » ne pourrait être développée que par un meilleur contrôle de l’eau. Le Bangladesh est importateur de riz. Les cultures commerciales sont le jute (878 000 ha, 1 Mt en 1973) — dont le Bangladesh est le premier producteur mondial —, la canne à sucre, le thé et le tabac. L’élevage est essentiellement un élevage de bovins (buffles et bœufs), chétifs et trop nombreux (près de 30 millions de têtes). Il n’y a pas d’élevage de porcs en raison de l’influence musulmane, ni d’élevage de moutons à cause du climat humide. Mais il y a plus de 4 millions de chèvres, élevées pour leur viande et leur peau.

La pêche, de caractère artisanal, s’efforce de pallier la carence de l’élevage ; c’est surtout une pêche d’eau douce (0,2 Mt par an).


L’industrie

En 1947, elle était représentée presque exclusivement par les artisanats traditionnels : tissage à main et mousseline (Dacca), soierie (Dacca, Rājshāhī), poterie, bois. Le pays se trouvait dépourvu d’industries de jute, celles-ci étant localisées à Calcutta. La période pakistanaise du Bangladesh a donc été une période d’industrialisation, la plupart des industries créées étant sous le contrôle d’une vingtaine de riches familles du Pākistān occidental. L’industrialisation a été rendue possible par la découverte de charbon à la frontière nord et surtout de gaz naturel dans la région de Sylhet (réserves totales évaluées à plus de 200 milliards de mètres cubes). Chittagong bénéficie de l’usine hydro-électrique construite sur la Karnāphulī. La principale industrie du pays est celle des filatures et tissages de jute (Dacca-Narāyanganj, Khulnā, Chittagong). Les autres industries sont surtout à base agricole : soie (Dacca), sucreries et usines de décorticage du riz (dispersées), tabac (Dacca, Chittagong). On compte aussi des industries non agricoles : allumettes (Dacca, Khulnā, Chittagong, etc.), papier fait avec des bambous (l’usine de Chandragona sur la Karnāphulī est une des plus importantes d’Asie tropicale), construction de bateaux, verre, engrais, ciment. Le Bangladesh n’en est pas moins resté un pays nettement sous-industrialisé, peu favorisé par les investissements (les bénéfices tirés du jute ont d’abord servi à développer le Pākistān occidental). L’indépendance, en supprimant la domination financière pakistanaise, a provoqué une étatisation de la plus grande partie du secteur industriel. D’une manière générale, l’indépendance a mis fin à une situation de dépendance, fréquemment qualifiée de situation coloniale, à l’égard du Pākistān. Elle permet au Bangladesh de mieux tirer parti de ses propres ressources, notamment des devises étrangères que fournit l’exportation du jute. Elle entraîne un renversement complet des relations économiques, l’Inde prenant la place du Pākistān comme partenaire privilégié. L’extrême pauvreté du pays rend indispensable l’aide étrangère.

J. D.

➙ Asie de la mousson / Bengale.

 N. Ahmad, An Economic Geography of East Pakistan (Londres, 1958 ; 2e éd., 1968). / D. et L. Bernot, les Khyang des collines de Chittagong (Plon, 1958). / P. Bessaignet, Tribesmen of the Chittagong Hill Tracts (Dacca, 1958). / B. L. C. Johnson, How People live in East Pakistan (Londres, 1961). / S. M. H. Zaidi, The Village Culture in Transition. A Study of East Pakistan Rural Society (Honolulu, 1970).
Voir aussi la bibliographie de l’article Pākistān.

Palacký (František)

Historien et homme politique tchèque (Hodslavice, Moravie, 1798 - Prague 1876).



Les années de formation

Il naît d’une famille protestante fidèle à la tradition hussite des frères tchèques. Son père, instituteur et écrivain public, désire, malgré sa pauvreté, faire instruire ses six enfants. Le jeune František a lu toute la Bible à six ans. Il étudie d’abord à l’école évangélique de Bratislava (Presbourg), où l’enseignement est ouvert aux influences internationales. Les liens sont étroits avec l’université d’Iéna, où Heinrich Luden assigne pour but à l’histoire l’exaltation du génie national. Passionné de philosophie et d’esthétique, lecteur de Kant et de Hegel, Palacký a déjà une profonde culture lorsqu’il quitte Bratislava. De 1819 à 1823, il est précepteur d’une famille noble hongroise et travaille dans les archives de Vienne, où il fait la connaissance du grammairien Josef Dobrovský (1753-1829).

En 1823, il se rend à Prague et, sur la recommandation de Dobrovský, il devient l’historiographe privé d’un riche noble de Bohême, le comte Franz Šternberk. Il rencontre chez lui un groupe de nobles, Eugen Černín, Rudolf Kinský, qui s’intéressent à la renaissance du passé, mais qui recherchent plus la justification des droits régionaux de la Bohême qu’un nationalisme purement tchèque. Šternberk et ses amis ont fondé le Musée national de Bohême. En 1827, Palacký publie une revue en tchèque et en allemand, le Bulletin du Musée national, qui devient très vite un des instruments de la Renaissance nationale. En 1829, il est nommé historiographe officiel des États du royaume de Bohême. Il veut un moment éditer un dictionnaire encyclopédique, mais il y renonce faute d’argent et de collaborateurs. Il forme un comité pour la langue et la littérature tchèques, qui se transforme en 1831 en une association privée pour « l’édition de bons livres tchèques, utiles, scientifiques ou voués aux belles-lettres ». Cette association, la Matice česká, vit des cotisations volontaires de ses membres, qui ne sont que 35 en 1831, mais 2 329 en 1847. Ainsi se créent les institutions qui rendent possible le remarquable essor intellectuel tchèque à l’époque romantique.


L’historien de la Bohême

Palacký crée les bases de l’école historique tchèque. Il définit un programme, la résurrection de l’histoire nationale, et une méthode, l’étude systématique des archives. Son activité est inlassable : de 1823 à 1868, il visite tous les dépôts d’archives de Bohême et de Moravie ; à l’étranger, il travaille au Vatican, à Dresde, à Munich, à Paris. En 1836, il publie en allemand le premier tome de son Histoire de la Bohême ; c’est seulement à partir de 1848 qu’il peut en publier une édition tchèque remaniée sous le titre d’Histoire de la nation tchèque en Bohême et en Moravie. Il continue à travailler à son Histoire toute sa vie, mais son œuvre, inachevée, s’arrête aux origines de la Renaissance en 1526.