Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pākistān (suite)

La guerre indo-pakistanaise

En juin 1971, le général Yaḥya khān prononce une amnistie générale qui permet aux réfugiés de rentrer au Pākistān, mais il refuse de libérer Mujibur Rahman. Cependant, la tension croît entre l’Inde et le Pākistān, dégénérant, après une incursion des troupes indiennes au Bengale (22 nov.), en véritable conflit armé (3 déc.). Défaite en quelques jours au Bengale, n’obtenant aucun succès notable sur le second front ouvert du Cachemire, l’armée pakistanaise doit capituler sans condition quand les troupes indiennes du général Aurora Singh entrent à Dacca (16 déc.). Au Cachemire, Indira Gāndhī, Premier ministre indien, décide un cessez-le-feu unilatéral le 17 décembre. Zulfikar Ali Bhutto succède le 20 décembre au général Yaḥyā khān et rencontre Indira Gāndhī du 28 juin au 2 juillet 1972 à Simla (Inde) pour rechercher les possibilités de paix entre l’Inde et le Pākistān, et pour régler le sort de 90 000 prisonniers de guerre pakistanais. D’autre part, l’accord de Simla précise que la ligne de cessez-le-feu du 17 décembre 1971 au Cachemire sera respectée.


Le Bangladesh

Mujibur Rahman (1920-1975) regagne le Bangladesh le 10 janvier 1972 et forme le 11 janvier le premier gouvernement, au sein duquel il occupe les postes de Premier ministre, de ministre de l’Intérieur, de la Défense et de l’Information. Dévasté par la guerre, le Bangladesh accepte de l’Inde une importante aide économique : un accord d’assistance (17 janv. 1972) lui permet de faire face au retour des réfugiés. L’U. R. S. S. contribue au redressement économique du nouvel État, qui, par la nationalisation des banques et des industries, tente d’instaurer un régime socialiste. En octobre 1972, le gouvernement présente un projet de Constitution : le nouveau régime sera une démocratie parlementaire, et le Premier ministre sera choisi par le président de la République, lui-même élu par le Parlement. En avril 1973, le Bangladesh vote pour la première fois depuis son indépendance : Mujibur Rahman est confirmé à son poste de Premier ministre. En décembre 1974, il abolit le système parlementaire et instaure un régime présidentiel. Il devient président de la République et appuie son pouvoir sur un parti unique. Mais, en août 1975, il est tué lors d’un coup d’État. En novembre, un nouveau putsch permet au général Ziaur Rahman de s’emparer du pouvoir.


Le Pākistān sans le Bengale

Zulfikar Ali Bhutto (né en 1928) prête serment comme président du Pākistān le 21 avril 1972. Élu le même jour président de l’Assemblée constituante, il annonce la levée de la loi martiale et l’entrée en vigueur de la Constitution provisoire. De type fédéral, celle-ci prévoit que le président, élu pour cinq ans, détient le pouvoir exécutif, assisté du Conseil des ministres. Le 20 octobre 1972, une Constitution définitive est adoptée : le président de la République (Chaudhri Fazal Elahi, né en 1904) est subordonné au Premier ministre (Ali Bhutto), qui devra rendre compte de son gouvernement à la Chambre basse, ou Assemblée nationale, comprenant deux cents membres élus au suffrage universel direct, et au Sénat (Chambre haute), composé de soixante membres. Les assemblées provinciales élisent quatorze sénateurs, les zones tribales et le Territoire de la capitale fédérale Islāmābād sont représentés par deux sénateurs. En 1972-73, le Pākistān normalise progressivement ses relations avec l’Inde et le Bangladesh.

M. S.

➙ Bengale / Cachemire / Inde.

 F. de Festa, le Pakistan (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 2e éd., 1968). / Pakistan Year Book (Karachi, 1963 et suiv., publ. annuelle). / S. Kazi Ahmad, A Geography of Pakistan (Karachi, 1964). / G. Étienne, Progrès agricole et maîtrise de l’eau. Le cas du Pakistan (P. U. F., 1967). / F. Balsan, Étrange Baloutchistan (Soc. continentale d’éd. modernes illustrées, 1969). / F. Kahnert, R. Carmignani, H. Stier et P. Thomopoulos, Agriculture et industries para-agricoles au Pakistan (O. C. D. E., 1970). / T. Ali, Pakistan, dictature militaire au pouvoir populaire ? (Maspero, 1971). / P. Dreyfus, Du Pakistan au Bangla Desh (Arthaud, 1972). / J. Dupuis, l’Himalaya (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).

Pākistān oriental, auj. Bangladesh

État d’Asie constitué en 1971, correspondant à la partie orientale de l’ancien Pākistān ; 143 000 km2 ; 76,8 millions d’hab. Capit. Dacca.


Le Bangladesh (Banglādeś) s’identifie géographiquement au Bengale oriental, région détachée de l’Inde en 1947 pour constituer une partie du Pākistān d’alors.


Les caractères physiques

À l’exception des monts de Chittagong et d’une étroite frange du plateau de Shillong, le territoire est essentiellement deltaïque. Il a été constitué par les apports alluviaux de plusieurs fleuves : le Gange, le Brahmapoutre, la Tīsta, la Surma-Meghna, fleuves particulièrement abondants, puisque les pays du Nord-Est indien sont une des régions les plus arrosées du monde. Par suite de l’évolution du delta depuis le xvie s., les eaux du Gange se sont déversées davantage dans les branches orientales. Il en résulte que le territoire du Bangladesh est en majeure partie un delta en évolution rapide, se distinguant du Bengale-Occidental (territoire indien), qui est dans l’ensemble un delta plus évolué. On peut, cependant, y reconnaître plusieurs zones morphologiques correspondant à des phases du développement deltaïque.

Au nord s’étend la zone du « para-delta », plus haute (entre 15 et 30 m), formée d’alluvions plus anciennes, constituée par des interfluves non inondables, tels que le Bārind (entre le Gange et le Brahmapoutre) et la jungle de Madhūpūr (entre le Brahmapoutre et la Meghna). Le paysage est celui de plateaux légèrement ondulés et ravinés — dont les sols ont déjà pris une teinte rougeâtre, due à un commencement de latérisation sous l’influence du climat tropical humide.

La zone médiane, la plus étendue, est constituée par un delta plus récent. C’est une plaine basse, de formation inachevée, où subsistent de nombreuses aires déprimées remplies d’eaux stagnantes. Tandis que la partie septentrionale de cette plaine, plus évoluée, échappe aux inondations, la partie méridionale est régulièrement inondée chaque année : à l’époque de la mousson, l’eau la recouvre pendant plusieurs mois, et l’on ne voit émerger que les levées de terre où sont édifiés les villages ; en saison sèche subsistent de nombreux lacs et marécages aux eaux saumâtres. La plaine de Sylhet, qui est isolée au nord-est du Bangladesh, est comparable morphologiquement à ce delta : plaine basse, très plate, amphibie, inondée chaque année par les eaux de la Surma, formant une sorte de golfe entre la jungle de Madhūpūr, les collines de Chittagong et la bordure du plateau de Shillong.