Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pākistān (suite)

L’industrie

À sa naissance, le Pākistān possédait surtout des artisanats de tradition indienne, qui gardent aujourd’hui une large place dans l’économie par les emplois qu’ils distribuent. Ce sont notamment la poterie, les industries du bois et du métal, et surtout le tissage à main, qui produit des couvertures et des châles de laine, du khaddar (cotonnade blanche), du lungī (tissu à carreaux), du paṭṭu (tissu de laine) grossier. Cependant, les conditions de la grande industrie se sont beaucoup modifiées grâce au développement de plusieurs sources d’énergie. Tandis que le charbon reste peu abondant (gisements de la Salt Range et du Baloutchistan), le Pākistān peut disposer de l’énergie hydraulique fournie par ses barrages et surtout de divers gisements de gaz naturel découverts depuis 1952 au Baloutchistan, notamment à Sui, à Uch et à Mari (les réserves étant estimées à près de 500 milliards de mètres cubes). Actuellement, les gazoducs alimentant les villes distribuent annuellement une production de l’ordre de 3 milliards de mètres cubes. En outre, des gisements de pétrole ont été mis en exploitation dans le Nord (district de Jhelam), alimentant de quelque 500 000 t la raffinerie de Morgah, près de Rāwalpindī. Les matières premières de l’industrie sont surtout agricoles : coton, canne à sucre, céréales. Parmi des ressources minérales variées, le chrome (Baloutchistan) et le sel (Salt Range, marais salants) ont seuls une importance considérable.

Les plans quinquennaux ont entraîné un développement accéléré de l’industrie : usines textiles, raffineries de sucre, tanneries, cimenteries, engrais chimiques, allumettes, pharmacie, dont la prospérité soutient la croissance urbaine. Le taux de croissance industrielle était de 10 p. 100 par an entre 1965 et 1970 : des difficultés politiques et économiques l’ont ensuite réduit à 2-3 p. 100 en 1970-71. Si l’industrie peut assez facilement couvrir les besoins du marché intérieur grâce à la protection douanière, son développement est freiné par divers facteurs : le faible pouvoir d’achat du monde rural, des coûts de production élevés (défavorables à l’exportation), la pénurie fréquente de matières premières et, depuis 1971, la perte du marché bengali.


Transports et échanges

Depuis l’indépendance, les moyens modernes de transport (camions, tracteurs, minibus et autocars) se sont considérablement développés, se substituant en partie aux chars à bœufs et aux chameaux. Ils ont entraîné une intensification rapide des échanges intérieurs, la multiplication des bazars, la croissance des bourgs ruraux et des petites villes. La commercialisation de l’économie accompagne ainsi le développement agricole et industriel ; l’équilibre général de l’économie est lié au commerce extérieur. Celui-ci a été très affecté par la sécession du Bangladesh : le marché bengali absorbait en moyenne pour 1,5 milliard de roupies de marchandises par an contre 1,65 milliard de ventes sur les marchés extérieurs, et le Pākistān importait annuellement pour 900 millions de roupies de marchandises en provenance du Bengale oriental. Toutefois, celui-ci avait cessé d’être le pourvoyeur essentiel du Pākistān en devises étrangères ; les exportations en provenance de l’Ouest oscillaient dans les dernières années entre 50 et 55 p. 100 du total.

Le développement du pays reste très largement sous la dépendance des crédits extérieurs (notamment américains), qui accroissent l’endettement. Ces crédits permettent à l’État de soutenir l’action des entreprises privées, dont l’efficacité créatrice est insuffisante. C’est donc un socialisme d’État qui semble devoir régir le développement pakistanais dans la décennie 1970-1980.

J. D.


Histoire


La mise en route

‘Alī Jinnah (1876-1948) qui, avec la Ligue musulmane, luttait aux côtés du parti du Congrès indien contre la domination britannique, lance en 1937 une campagne pour défendre « l’islām en danger » et réclame à partir de 1940 (conférence de Lahore, 24 mars) la création de l’État islamique du Pākistān, séparé de l’Inde et regroupant les musulmans du sous-continent indien. En juin 1947, lord Mountbatten, vice-roi des Indes, fait accepter par la Ligue musulmane et le parti du Congrès (dont le dirigeant, Nehru, est partisan de l’unité du sous-continent indien) le principe de la partition. L’Indian Independence Act, présenté en juillet 1947 par le gouvernement Attlee, prévoit que le Pākistān comprendra tous les territoires, à majorité musulmane, qui formaient jusqu’à la date de l’indépendance (15 août 1947) les provinces du Bengale oriental, du Sind et du Baloutchistan. Les États princiers peuvent opter pour le rattachement à l’Inde, au Pākistān ou se proclamer indépendants. La création d’un État musulman, vœu d’‘Alī Jinnah, est réalisée, mais cet État est divisé en deux parties distantes de 1 700 km.

Deux États princiers, Hyderābād et le Cachemire, remettent en cause le principe de la partition. Le niẓām d’Hyderābād, musulman qui régnait sur des sujets en majorité hindous, s’était proclamé indépendant. Prenant prétexte de désordres intérieurs, l’Inde envahit le territoire et l’annexe sans que le Pākistān puisse intervenir. Le Cachemire, à la population en majorité musulmane, est gouverné depuis 1846 par un mahārājā hindou appartenant à la dynastie Dogra. Une guerre civile éclate dans le district de Punch : les troupes du souverain local sont décimées, et celui-ci, en échange de l’appui des troupes indiennes, accepte le rattachement de son État à l’Inde.

Le Pākistān refuse cette annexion de fait d’un territoire musulman, tandis que se constituent au Cachemire un mouvement de résistance et un gouvernement clandestin du Cachemire libre (Āzād Kāśmīr). La commission des Nations unies pour l’Inde et le Pākistān fait accepter le 1er janvier 1949 un cessez-le-feu ; un plébiscite est prévu qui doit décider du rattachement du Cachemire à l’un ou l’autre État.