Site archéologique le plus important de la Birmanie*, sur le cours moyen de l’Irrawaddy (rive gauche).
Pagan groupe, répartis dans l’ancienne cité et ses environs, sur quelque 40 km2, près de 5 000 monuments de brique généralement bien conservés en raison de la sécheresse du climat de la région et de diverses restaurations (xviiie s. et suivants).
Fondée, selon la chronique, dès 108, dotée de son enceinte en 849 ou en 874, Pagan (ou Pukam, en langue classique Arimaddanapura, « la cité destructrice de l’ennemi ») sera la capitale du royaume de Birmanie durant deux siècles et demi environ, du règne d’Aniruddha (1044-1077) à sa dévastation par les Chans [Shan] rebellés (1299), douze ans après sa prise par les Mongols. C’est à partir de Pagan qu’Aniruddha réalisera l’unification politique et religieuse du pays. Imposant le bouddhisme du ravāda lors de la conquête du royaume môn de Thaton (1057), il ramènera à Pagan artistes et lettrés môns qui y introduiront leur culture. L’art de Pagan, où deux des plus anciens monuments (Manuha et Nanpaya) sont attribués au roi captif de Thaton, doit beaucoup aux Môns et aux Pyus (royaume de Śrīkṣetra), mais son originalité et la diversité des influences reçues sont indéniables. Les monuments, essentiellement bouddhiques (un seul est brahmanique : Nat Hlaung Kyaung), sont des stūpa (dits « pagodes ») et des temples. Des monastères s’élevaient au voisinage des grands temples. Comme chez les Pyus, les premiers stūpa édifiés par Aniruddha sont cylindriques (Lawkananda), mais un type nouveau est bientôt élaboré : Shwesandaw (1057) impose la silhouette campaniforme et le soubassement considérablement développé en pyramide à gradins qui vont caractériser les grands stūpa ultérieurs : Seinnyet Nyima (xie s.), Shwezigon (v. 1100), Dhamayazika (1196), Mingalazedi (1234)...
Le temple renchérit sur la formule pyu de la salle sanctuaire précédée d’un vestibule, avec toiture en terrasses couronnées d’un stūpa (Śrīkṣetra : Lemyethna, Bebe...). Plus vaste, le temple de Pagan impose, pour supporter la masse considérable des superstructures, l’établissement d’un massif de maçonnerie au centre du sanctuaire, réduisant celui-ci à un couloir pourtournant sur lequel s’ouvrent des niches ou des chapelles. En même temps, le ou les vestibules deviennent des avant-corps de plus en plus importants, le temple s’élève sur des terrasses, et une tour śikhara, inspirée de l’art de l’Orissa (Nanpaya [xie s.], Thatbyinnyu [1144], Gawdawpalin [v. 1200]...) tend à remplacer le couronnement en stūpa (Patothamya [xie s.], Abeyadana [v. 1100], Nandamannya [1248]...). Le couloir pourtournant est redoublé dans les très grands temples (Ananda [1090], Dhammayangyi [env. 1160 ?]). L’influence de l’Inde du Nord-Est paraît s’expliquer par l’importance accordée, dès le règne d’Aniruddha, au haut lieu du bouddhisme, Bodh-Gayā*, dont le temple, évoqué par les tablettes votives, restauré par le roi Kyanzittha († 1112), sera copié dans Pagan même au début du xiiie s.
Le décor est toujours sobre : à l’intérieur, des panneaux de pierre sculptée ou de terre cuite (souvent émaillée ou dorée) narrent les Jātaka et la carrière du Bouddha, figuré par des statues de tradition pāla. La peinture murale tient une place importante dans l’art de Pagan (Patothamya, Abeyadana, Nagayon, Nandamannya...). Les œuvres de style proprement birman (Sulamani, Upali Thein...) ont été exécutées aux xviiie s.
J. B.
➙ Birmanie / Inde.
U Lu Pe Win, Pictorial Guide to Pagan (Calcutta, 1955). / G. H. Luce, Old Burna - Early Pagan (New York, 1969-70, 3 vol.).