Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Paestum (suite)

• La cité lucanienne. Si, dans son architecture, Poseidônia est typiquement grecque, la cité vit au milieu des barbares lucaniens et prospère grâce à ses échanges avec eux. Aussi, quand les Lucaniens deviennent maîtres de la ville, tout montre qu’ils se sont profondément hellénisés. Ils gardent le cadre architectural et construisent un rempart à la grecque, sans doute à l’emplacement d’un rempart archaïque. Les potiers de Paestum, qui ont donné leur nom à un style de vases peints, utilisent les mêmes techniques qu’Athènes et puisent l’inspiration de leurs décors dans le répertoire théâtral grec.

Les coutumes funéraires soulignent bien l’importance de cette hellénisation. On a fouillé récemment une série de tombes à chambre dont les parois étaient décorées de peintures. Les mieux conservées montrent tantôt des guerriers dont l’armement, notamment les casques ornés de grandes aigrettes, relève de la tradition locale, tantôt des scènes de chasse ou de banquet. L’une des plus remarquables, dégagée en 1968, représente un plongeur ; une telle image est certainement l’expression de croyances locales, et sa signification mystique n’est pas parfaitement claire ; mais la technique est bien grecque. La population de Paestum, dans laquelle Lucaniens et descendants des premiers colons se sont fondus, a donc élaboré une civilisation originale, satisfaisant aux besoins religieux et matériels du vieux fond italien grâce aux inventions du génie grec.

O. P.

 M. Napoli, Paestum (Novare, 1965) ; la Tomba del Tuffatore (Bari, 1970).

Pagan

Site archéologique le plus important de la Birmanie*, sur le cours moyen de l’Irrawaddy (rive gauche).


Pagan groupe, répartis dans l’ancienne cité et ses environs, sur quelque 40 km2, près de 5 000 monuments de brique généralement bien conservés en raison de la sécheresse du climat de la région et de diverses restaurations (xviiie s. et suivants).

Fondée, selon la chronique, dès 108, dotée de son enceinte en 849 ou en 874, Pagan (ou Pukam, en langue classique Arimaddanapura, « la cité destructrice de l’ennemi ») sera la capitale du royaume de Birmanie durant deux siècles et demi environ, du règne d’Aniruddha (1044-1077) à sa dévastation par les Chans [Shan] rebellés (1299), douze ans après sa prise par les Mongols. C’est à partir de Pagan qu’Aniruddha réalisera l’unification politique et religieuse du pays. Imposant le bouddhisme du ravāda lors de la conquête du royaume môn de Thaton (1057), il ramènera à Pagan artistes et lettrés môns qui y introduiront leur culture. L’art de Pagan, où deux des plus anciens monuments (Manuha et Nanpaya) sont attribués au roi captif de Thaton, doit beaucoup aux Môns et aux Pyus (royaume de Śrīkṣetra), mais son originalité et la diversité des influences reçues sont indéniables. Les monuments, essentiellement bouddhiques (un seul est brahmanique : Nat Hlaung Kyaung), sont des stūpa (dits « pagodes ») et des temples. Des monastères s’élevaient au voisinage des grands temples. Comme chez les Pyus, les premiers stūpa édifiés par Aniruddha sont cylindriques (Lawkananda), mais un type nouveau est bientôt élaboré : Shwesandaw (1057) impose la silhouette campaniforme et le soubassement considérablement développé en pyramide à gradins qui vont caractériser les grands stūpa ultérieurs : Seinnyet Nyima (xie s.), Shwezigon (v. 1100), Dhamayazika (1196), Mingalazedi (1234)...

Le temple renchérit sur la formule pyu de la salle sanctuaire précédée d’un vestibule, avec toiture en terrasses couronnées d’un stūpa (Śrīkṣetra : Lemyethna, Bebe...). Plus vaste, le temple de Pagan impose, pour supporter la masse considérable des superstructures, l’établissement d’un massif de maçonnerie au centre du sanctuaire, réduisant celui-ci à un couloir pourtournant sur lequel s’ouvrent des niches ou des chapelles. En même temps, le ou les vestibules deviennent des avant-corps de plus en plus importants, le temple s’élève sur des terrasses, et une tour śikhara, inspirée de l’art de l’Orissa (Nanpaya [xie s.], Thatbyinnyu [1144], Gawdawpalin [v. 1200]...) tend à remplacer le couronnement en stūpa (Patothamya [xie s.], Abeyadana [v. 1100], Nandamannya [1248]...). Le couloir pourtournant est redoublé dans les très grands temples (Ananda [1090], Dhammayangyi [env. 1160 ?]). L’influence de l’Inde du Nord-Est paraît s’expliquer par l’importance accordée, dès le règne d’Aniruddha, au haut lieu du bouddhisme, Bodh-Gayā*, dont le temple, évoqué par les tablettes votives, restauré par le roi Kyanzittha († 1112), sera copié dans Pagan même au début du xiiie s.

Le décor est toujours sobre : à l’intérieur, des panneaux de pierre sculptée ou de terre cuite (souvent émaillée ou dorée) narrent les Jātaka et la carrière du Bouddha, figuré par des statues de tradition pāla. La peinture murale tient une place importante dans l’art de Pagan (Patothamya, Abeyadana, Nagayon, Nandamannya...). Les œuvres de style proprement birman (Sulamani, Upali Thein...) ont été exécutées aux xviiie s.

J. B.

➙ Birmanie / Inde.

 U Lu Pe Win, Pictorial Guide to Pagan (Calcutta, 1955). / G. H. Luce, Old Burna - Early Pagan (New York, 1969-70, 3 vol.).

Paget (James)

Chirurgien anglais (Yarmouth 1814 - Londres 1899).


D’abord élève chez un chirurgien, J. Paget entre, en 1834, au Saint Bartholomew’s hospital de Londres, où il poursuit des études d’anatomie et de pathologie. Examinant des muscles au microscope, il découvre la présence de petits Vers auxquels Richard Owen donne le nom de Trichina spiralis. C’est la première découverte de la trichinose chez l’Homme. Diplômé du Collège royal de chirurgie, Paget est nommé successivement secrétaire de rédaction des revues médicales, puis en 1837 conservateur du musée de Pathologie, poste qu’il occupera durant six années ; il est en même temps démonstrateur d’anatomie et d’anatomie pathologique. En 1847, il est nommé professeur au Collège royal de chirurgie et, en 1851, il est élu membre de la Royal Society. La même année, il ouvre son propre cabinet chirurgical. Il deviendra vite célèbre. En 1871, il est fait baron et, en 1877, il est chirurgien de la reine.

Il a publié en 1851 Lectures on Tumours, en 1863 Surgical Pathology, en 1875 Clinical Lectures and Essays.

Son nom reste attaché à plusieurs maladies qu’il a décrites : en 1874, l’eczéma du mamelon, suivi de carcinome mammaire (maladie de Paget du sein pouvant atteindre d’autres régions) et, en 1876, l’ostéite déformante (maladie de Paget osseuse).