Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Ouzbékistan ou Ouzbékie (suite)

L’Ouzbékistan est la principale république du coton, assurant près de 5 Mt annuellement (les deux tiers de la production soviétique). Le coton occupe plus de la moitié des superficies irriguées. On lui associe les céréales, dont le blé et le riz, les légumes et les fruits (raisins de table, melons, pastèques), traditionnellement cultures d’oasis, mais remontant assez haut sur les premières pentes. Grâce à l’extension des fourrages (dont le maïs), l’élevage du gros bétail a progressé (près de 3 millions de têtes actuellement), tandis que se maintient l’élevage ovin (plus de 8 millions de têtes), dont une partie se compose de mérinos et assure une laine de qualité.

L’industrialisation de la république, commencée après la guerre seulement, repose sur plusieurs atouts. La production d’énergie hydro-électrique est assurée par le Tchirtchik et les affluents du Syr-Daria (plus de 15 TWh). Les gisements de pétrole de la Fergana sont relativement modestes, mais l’énorme gisement de gaz naturel de Gazli, au nord de Boukhara, fournit plus de 30 milliards de mètres cubes, dont la majeure partie est exportée vers Tachkent, Frounze et l’Oural. Les gisements de minerais polymétalliques sont variés et abondants (cuivre associé au tungstène et au molybdène dans la région d’Almalyk).

Des investissements prioritaires ont été affectés aux branches de l’industrie de transformation, peu développées jusqu’alors : textiles (filatures, tissages et confection) associant coton, laine, soie naturelle dans le gros combinat de Tachkent ; matières plastiques et engrais chimiques à partir du gaz naturel (dans la Fergana) ; industries agricoles et alimentaires (conserveries, minoteries, distilleries ; l’Ouzbékistan est renommé pour la qualité de ses vins et des ses « cognacs ») ; constructions mécaniques pour l’industrie minière et textile.

L’indice de la production industrielle a doublé de 1960 à 1970, progression la plus rapide des quatre républiques.

A. B.

➙ Samarkand / Tachkent.


L’art de l’Ouzbékistan

Ce n’est qu’artificiellement qu’on peut séparer l’art de l’Ouzbékistan de celui de ce qui constitue aujourd’hui les autres républiques musulmanes de l’U. R. S. S., bien que ce pays ait sans doute produit les œuvres les plus importantes et les plus significatives. Deux grandes villes n’ont jamais cessé d’y exercer une influence prépondérante : Boukhara et Samarkand* ; plusieurs autres ont joué un rôle non négligeable, ainsi Tachkent, Termez, Ourguentch, Khiva. Mais, dans les républiques voisines, des foyers d’art existèrent qu’on ne saurait passer sous silence : Mary (Merv) au Turkménistan, Turkestan au Kazakhstan.

Malgré le haut degré de civilisation de l’ancienne Sogdiane et la longue résistance que le mazdéisme, le nestorianisme et le manichéisme opposèrent à l’islām, le pays devint rapidement un grand centre de culture musulmane. Il ne reste aucun monument des premiers siècles de l’hégire, mais l’étude archéologique permet de considérer que les cités s’y développèrent selon un plan et une structure purement arabes. Très vite, cependant, la réaction iranienne s’y manifesta, en même temps que les traditions turques s’y donnaient libre cours.


Art funéraire

L’époque sāmānide (xe s.) y fut particulièrement brillante. Boukhara présentait alors une puissante citadelle, sans cesse remaniée et qui existe toujours. S’il ne reste plus de traces de la Grande Mosquée, qui fut célèbre jusqu’au xiie s., il demeure un mausolée d’une beauté et d’un intérêt exceptionnels : le tombeau d’Ismā‘īl al-Sāmānī, construit en brique entre 892 et 907 et mesurant 9,30 × 9 m. Ses quatre arcs disposés sur ses quatre côtés et supportant une coupole savante le font dériver des temples du feu sassanides. Après lui, l’art funéraire prend un essor considérable dans tout le monde iranien. En Asie centrale soviétique, il est illustré par la tombe de Ḥusayn (xie s.) à Termez, ville de l’Amou-Daria où des fouilles ont fait connaître un palais seldjoukide dans lequel fut trouvé le thème bien connu en Europe de l’animal à deux corps et à tête unique. Parmi les autres mausolées des xie et xiie s., citons celui de Fakhr al-Dīn al-Rāzī à Ourguentch, composition fort intéressante qui semble allier le principe de la tour funéraire à celui de la salle carrée. Au xive s., à Turkestan, celui d’Aḥmad Yasawī (Ahmed Yesevî) fut un centre de pèlerinage. Au xiie s., le principal tombeau fut cependant celui du sultan Sandjar (1157) à Merv (Turkmenistan). Sa réputation fut immense ; il passait en son temps pour une des merveilles du monde et il exerça une influence considérable, surtout à l’époque mongole. Il a beaucoup souffert, mais demeure encore expressif.


Minarets

Comme en Iran*, le xiie s. fut la grande époque des minarets. Le plus célèbre est, à Boukhara, celui de l’ancienne mosquée Kalān (Kalian), un des plus hauts du monde (46 m au-dessus du niveau actuel du sol). Sa personnalité est indéniable : construit sur plan circulaire, d’aspect tronconique, assez large, solidement accroché au sol, il présente au sommet un renflement qui forme pavillon, supporté par des stalactites et percé d’arcatures. Il est décoré de bandes circulaires successives à très faible relief. Les minarets d’Ourguentch et de Vabkent (1196-97), avant d’autres, appartiennent à la même série. Celui de Djar-Kourgan, près de Termez (1108-09), s’en éloigne de façon caractéristique par son haut socle octogonal et ses seize fûts à fortes cannelures.


Bois

Il est admis que c’est au Turkestan russe que s’est développé, sans doute à partir de l’an 1000, le système de supports à colonnes en bois propre à la région, ainsi que les colonnes en bois décoratives qui demeureront en faveur jusqu’au xviiie s. et qui ont influencé l’Anatolie.


Céramiques

Samarkand, une des plus anciennes cités d’Asie, ne devait rien avoir à envier à Boukhara quand elle portait le nom d’Afrāsiyāb, mais elle ne conserve aucun édifice de sa première époque islamique. Elle est cependant connue par les belles céramiques sorties des ateliers de la ville (et sans doute d’ailleurs aussi) auxquelles on donne son nom. Leur matière est rouge ou rose, sous couverte blanche, rouge ou noire. Le décor est fait de motifs tracés en blanc, rouge, noir, brun, jaune, sous épaisse glaçure transparente. Les plus séduisantes de ces faïences sont peut-être celles qui se contentent de quelques lettres, calligraphiées avec une rare élégance.