Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

architecture (suite)

Aux États-Unis, Richard Morris Hunt (1828-1895) « importe » une Renaissance française plus ou moins modifiée, qui coexiste avec le « roman » de Henry Hobson Richardson (1838-1886), avec le néo-ionique de la bibliothèque de Columbia University (New York, 1897) par Charles McKim (1847-1909) ou avec les styles « georgian » et « colonial » réhabilités. En même temps, la construction de bois se perpétuait et une architecture en fer se constituait pour aboutir aux réalisations de l’école de Chicago*.


Le renouvellement de la fin du xixe siècle

Il est le fait soit de 1’« Art* nouveau », soit de l’emploi du béton*.

• Les styles historiques engendrent une lassitude qu’expriment en termes vifs les tenants de l’art nouveau. L’architecture sera influencée par l’aspect formel du mouvement : d’où l’adoption de formes végétales. Cela répond à une recherche de nouveauté, mais le souci d’insertion dans l’évolution contemporaine apparaît plus important par ses conséquences : intégration du métal dans la construction d’habitations, à l’image des immeubles commerciaux (maison Tassel à Bruxelles [1892] par Victor Horta [1861-1947]), ou utilisation de celui-ci en éléments préfabriqués (accès du Métropolitain de Paris [à partir de 1898] par Hector Guimard [1867-1942]). Par sa volonté même de rupture, l’art nouveau préparait l’avenir.

• On peut dire que l’emploi d’un nouveau matériau, le béton armé, qui passe vite du domaine de l’ingénieur à celui de l’architecte, est le facteur d’une véritable révolution à la fois technique et formelle. Les expériences sont précoces (entre 1840 et 1850) et, assez vite, les facilités d’emploi du béton le font remplacer la pierre et le fer dans les travaux publics, puis dans l’architecture. Mais le « ciment armé », comme le fer, est utilisé d’abord comme substitut d’un matériau employé antérieurement (on en fait des linteaux, des allèges, etc.), puis comme une structure que l’on habille, que l’on dissimule ; ce n’est qu’ensuite qu’il deviendra un matériau total, grâce à une connaissance de ses qualités spécifiques et à une conception d’ensemble de l’ouvrage.

Dans le domaine des expériences, on peut retenir l’église Saint-Jean-l’Évangéliste de Montmartre (Paris, 1894-1904), d’Anatole de Baudot (1834-1915), et l’immeuble du 1, rue Danton, à Paris (1898), monolithe en béton construit par François Hennebique (1842-1921). Les premières grandes réalisations architecturales sont celles des frères Perret* : immeuble du 25 bis, rue Franklin, à Paris (1902), garage Ponthieu (1905, détruit). L’importance des ouvrages réalisés pendant les quelques années qui précédèrent la Première Guerre mondiale permet de considérer cette période comme marquant l’origine directe de l’architecture du xxe s. La reconstruction de San Francisco fait appel au béton ; à Oak Park, dans l’Illinois, Frank Lloyd Wright* construit Unity Temple (1906). Simon Boussiron (1873-1958) réalise à la gare de Bercy (Paris, 1910) les premiers sheds paraboliques en voile mince, et les frères Perret construisent le Théâtre des Champs-Élysées (1911-1913). Avec ce dernier édifice, structure hardie qui accueille et conditionne le décor, synthèse raisonnée de la technique, de la fonction et de l’expression architecturale, s’achevait le xixe s.

J.-B. A.

➙ Appareil / Béton / Brique / Charpente / Construction / Fer / Ordres / Pierre / Urbanisme.

 E. Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie siècle (Morel, 1858-1868 ; 10 vol.) ; Entretiens sur l’architecture (Morel, 1858-1872 ; 2 vol. et atlas). / C. Bauchal, Nouveau Dictionnaire biographique et critique des architectes français (André, Daly et Cie, 1887). / A. Choisy, Histoire de l’architecture (Gauthier-Villars, 1899 ; 2 vol.). / F. Benoit, l’Architecture (Laurens) : Antiquité (1911) ; l’Orient médiéval et moderne (1912) ; l’Occident médiéval, du romain au roman (1933) ; l’Occident médiéval, romano-gothique et gothique (1934). / A. de Baudot, l’Architecture. Le Passé, le Présent (Laurens, 1916). / H. Focillon, Art d’Occident : le Moyen Âge roman et gothique (A. Colin, 1937 ; rééd., le Livre de Poche, 1965 ; 2 vol.). / N. Pevsner, An Outline of European Architecture (Harmondsworth, 1943 ; trad. fr. Génie de l’architecture européenne, Hachette, Tallandier, 1966). / S. Giedion, Space, Time and Architecture (Cambridge, Mass., 1944 ; 3e éd., 1954 ; trad. fr. Espace, temps et architecture, Éd. de la Connaissance, Bruxelles, 1968). / L. Hautecœur, Histoire de l’architecture classique en France (A. et J. Picard, 1947-1957 ; 9 vol. ; rééd. du tome I en 4 vol., 1964-1967). / A. Gutton, Conversations sur l’architecture (Vincent et Fréal, 1952-1962 ; 6 vol.). / A. Lurçat, Formes, composition et lois d’harmonie (Vincent et Fréal, 1953-1957 ; 5 vol.). / B. Zevi, Saper vedere l’architettura (Florence, 1956 ; trad. fr. Apprendre à voir l’architecture. Éd. de Minuit, 1959). / C. Perogalli, Storia dell’architettura (Milan, 1964 ; 2 vol.). / J.-B. Ache, Éléments d’une histoire de l’art de bâtir (éd. du « Moniteur des travaux publics et du bâtiment », 1970). / R. Moulin et coll., les Architectes. Métamorphose d’une profession libérale (Calman-Lévy, 1973). / P. A. Michelis, l’Esthétique de l’architecture (Klincksieck, 1975).
On consultera également les nombreux volumes des deux collections suivantes : « The Pelican History of Art » (Harmondsworth) et « Architecture universelle » (Office du livre, Fribourg).


Architecture du xxe siècle

On peut situer la naissance de l’architecture moderne autour de 1920 et en jalonner la maturation par quelques dates essentielles : 1917 ou 1918, révolution russe ou armistice ; 1925, installation du Bauhaus à Dessau et Exposition des arts décoratifs à Paris ; 1929, krach de Wall Street ; 1933, prise du pouvoir par Hitler ; 1936, guerre civile en Espagne, Front populaire en France et naissance de la « maison sur la cascade » de F. L. Wright ; 1958, qui apparaît surtout comme un réveil économique.

Finalement, quatre dates (1917, 1925, 1936, 1958) déterminent autant de moments dans l’architecture contemporaine : sa naissance, son premier épanouissement — celui qu’on a appelé le « style international » —, puis sa maturation et son second épanouissement.