Ottomans (suite)
Une campagne menée dans la région du Caucase se termine par une sévère défaite. L’offensive russe de mai 1915 se traduit par la chute d’Erzurum, de Trébizonde, de Van, de Bitlis. Une expédition turque contre le canal de Suez échoue de peu (janv. 1915). De farouches combats se déroulent aux Dardanelles, où Français et Anglais ont débarqué (mars-août 1915). En Iraq*, les Britanniques ont occupé Bassora dès novembre 1914. Ils essaient de remonter le long du Tigre, mais le général Townshend est enfermé dans Kūt al-‘Amarā, où il capitule (28 avr. 1916). Cependant, ils peuvent reprendre l’offensive et s’emparer de Bagdad (mars 1917). En Syrie et en Palestine, la révolte des Bédouins et l’avance britannique se heurtent jusqu’au début de 1918 à une solide résistance.
La révolution soviétique a dégagé le front russe (armistice du 15 déc. 1917). Mais la capitulation de la Bulgarie entraîne celle de la Turquie : un armistice est signé à Moudros (30 oct. 1918). Le traité de Sèvres subséquent consacre la dissolution de l’Empire ottoman (août 1920). La Thrace doit être cédée à la Grèce ; les pays arabes du Proche-Orient seront placés sous mandats français et anglais ; la Cilicie, les régions de l’Égée, l’Arménie, le Kurdistān, Istanbul même sont menacés. Tandis qu’en Anatolie s’organise la Révolution nationale et la résistance autour de Mustafa* Kemal Atatürk, Mehmed VI (1918-1922) fait figure de prisonnier dans Istanbul occupée.
Le 1er novembre 1922, le gouvernement insurrectionnel déclare : « 1. L’Empire ottoman fondé sur l’autocratie est renversé... 6. Le gouvernement turc libérera le califat prisonnier des étrangers. » Le 17 novembre au matin, le Sultan se réfugie à bord d’un bâtiment de guerre britannique. La Grande Assemblée nationale turque proclame calife Abdülmecid II. Moins de seize mois plus tard (mars 1924), elle décrétera l’abolition du califat.
Quittant pour toujours le pays où ses ancêtres avaient fait le meilleur et le pire, Abdülmecid passe devant l’armée et dit seulement : « Au revoir, soldats ! »
J.-P. R.
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J. von Hammer-Purgstall, Geschichte des osmanischen Reiches (Pest, 1827-1835, 10 vol. ; trad. fr. Histoire de l’Empire ottoman depuis son origine jusqu’à nos jours, Bellizard et Cie, 1835-1843, 18 vol.). / A. de La Jonquière, Histoire de l’Empire ottoman (Hachette, 1881 ; nouv. éd., 1914 ; 2 vol.). / E. Driault, la Question d’Orient depuis son origine jusqu’à la paix de Sèvres (Alcan, 1898 ; nouv. éd., 1921). / F. Babinger, Suleyman (Stuttgart, 1922 ; 2 vol.) ; Mehmed der Eroberer und seine Zeit (Munich, 1953 ; trad. fr. Mahomet II le Conquérant et son temps, Payot, 1954). / L. Lamouche, Histoire de la Turquie depuis les origines jusqu’à nos jours (Payot, 1934 ; nouv. éd., 1953). / M. F. Köprülü, les Origines de l’Empire ottoman (Payot, 1935). / N. M. Penzer, The Harem (Londres, 1936). / A. S. Atiya, The Crusade in the Later Middle Ages (New York, 1938). / P. Wittek, The Rise of The Ottoman Empire (Londres, 1938). / R. Mantran, Histoire de la Turquie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 3e éd., 1968) ; Istanbul dans la seconde moitié du xviie siècle (Maisonneuve, 1963). / J.-P. Roux, la Turquie (Payot, 1953). / J. P. Garnier, la Fin de l’Empire ottoman (Plon, 1973).