Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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os (suite)

• Les tumeurs bénignes du squelette sont beaucoup plus rares : angiomes, lymphangiomes, fibromes sont exceptionnels ; les ostéomes ont le plus souvent une origine traumatique. Ces ostéomes se forment dans le tissu conjonctif qui envahit un hématome non résorbé, par calcification, notamment au voisinage des articulations, dans les tendons ou les ligaments. Les ostéomes ostéogéniques font partie de la maladie exostosante (v., ci-dessus, les maladies du squelette d’origine génotypique). Beaucoup plus fréquents sont les chondromes, atteignant soit les petits os des extrémités et toujours bénins, soit les grands os, localisation où l’on peut observer une dégénérescence maligne. Les tumeurs à myéloplaxes, constituées de cellules géantes, ou ostéoblastomes, sont souvent révélées par une fracture spontanée. La radiographie permet généralement d’affirmer le diagnostic : géode bien limitée, en fond de coquetier, aspect aréole, en nid d’abeilles, de la cavité, sans réaction périostée. Le traitement chirurgical par curetage et comblement de la cavité donne d’excellents résultats.

Le kyste solitaire des os, ou kyste essentiel, se rencontre essentiellement chez l’enfant entre cinq et quinze ans à l’occasion de fractures spontanées. Il siège sur la métaphyse des os longs. Le curetage chirurgical en assure la guérison.


Les ostéopathies de nature inconnue

Il s’agit de la maladie de Paget, de la chondromatose du squelette, de la mélorhéostose et de la dysplasie fibreuse des os, de l’ostéopathie hypertrophiante pneumique.

La maladie de Paget* se rencontre dans les deux sexes. Elle se caractérise par la survenue progressive, passée la quarantaine, de douleurs osseuses (mais elles peuvent être complètement absentes), de déformations des os avec augmentation de volume du crâne, épaississement et incurvation des os longs, déformations du squelette du tronc.

La mélorhéostose est caractérisée par des lésions d’ostéosclérose disposées en coulées le long des os. La dysplasie fibreuse des os se révèle habituellement dans l’enfance par des déformations osseuses et des fractures spontanées. À ces signes s’ajoutent parfois des troubles endocriniens et des troubles pigmentaires.

L’ostéopathie hypertrophiante pneumique est un syndrome caractérisé par une hypertrophie d’un type spécial atteignant principalement les mains et les pieds et dont la cause habituelle est une tumeur ou une infection intrathoracique.

La pathologie osseuse est un vaste domaine. Il faut y rattacher la pathologie rhumatismale, celle des muscles et tendons.

La moelle osseuse

La moelle rouge des os est le tissu qui forme les hématies (lignée érythroblastique), les granulocytes (globules blancs « polynucléaires », lignée granuleuse) et les plaquettes (lignée mégacaryocyto-plaquettaire), tout en participant à la fabrication des cellules immunologiquement compétentes. L’importance de ce tissu dans la formation des trois lignées cellulaires du sang varie au cours de la vie. La moelle commence à être le siège de l’hématopoïèse à partir du 5e mois avant la naissance. Après la naissance, durant toute l’enfance, elle est très développée et très active au même titre que les tissus lymphoïdes (thymus, ganglions, rate, plaques de Peyer de l’intestin) ; à l’âge adulte, la moelle osseuse fonctionnelle a un volume relatif moindre.

Les processus de maturation médullaire sont distincts pour les trois types de lignées. (V. hématopoïèse et sang.) La lignée érythroblastique aboutissant à la maturation des hématies se caractérise par la synthèse d’une protéine spécifique, l’hémoglobine, qui se manifeste par une acidophilie progressive du cytoplasme remplaçant la basophilie liée à la richesse en acide ribonucléique, et par la perte complète du noyau. La lignée granuleuse qui aboutit à la maturation des polynucléaires se caractérise par l’apparition dans le cytoplasme de granulations dites « spécifiques » (neutrophiles, éosinophiles ou basophiles) et par la segmentation avec déformation progressive du noyau. Quant à la lignée mégacaryocyto-plaquettaire, elle se caractérise par la naissance des plaquettes sanguines à partir d’une fragmentation directe du cytoplasme des mégacaryocytes. En dépit de ces différences, il existe un certain nombre de points communs dans le développement de ces lignées, en particulier l’existence d’un ou de plusieurs stades intermédiaires entre cellules souches et cellules matures et l’aboutissement (depuis la cellule souche jusqu’à la cellule mature) à une réduction de taille de la cellule.

Si la moelle osseuse est le lieu de naissance exclusif des trois lignées cellulaires ci-dessus énoncées, elle n’en contient pas moins de nombreuses autres cellules, en particulier des lymphocytes ; elle est aussi le siège d’un pool de cellules indifférenciées, appelées hémocytoblastes, qui donnent naissance aux cellules souches des diverses lignées.

Exploration de la moelle osseuse

En clinique humaine, l’exploration de la moelle osseuse se fait par ponction d’un os, le plus souvent le sternum, au moyen d’un trocart spécial : c’est la ponction sternale. L’interprétation du myélogramme ainsi obtenu après aspiration de la moelle à travers le trocart et son étalement en frottis minces sur des lames porte-objets doit commencer par l’appréciation de la richesse de la moelle. Ensuite, il convient d’évaluer le pourcentage des différents éléments. En pratique, on considère que le myélogramme est formé de cinq catégories cellulaires représentant chacune un cinquième du total des cellules. Il s’agit des érythroblastes au noyau central et foncé (20 p. 100), des myélocytes neutrophiles au noyau arrondi légèrement excentré (20 p. 100), des métamyélocytes neutrophiles au noyau incurvé en croissant (20 p. 100), des polynucléaires neutrophiles au noyau segmenté en plusieurs lobes (20 p. 100) et de toutes les autres cellules éosinophiles et basophiles : myéloblastes, promyélocytes et monocytes, lymphocytes, plasmocytes (20 p. 100). Les mégacaryocytes sont trop rares pour entrer dans le pourcentage.