Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
T

Théorème

Teorema

Film de politique-fiction de Pier Paolo Pasolini, avec Terence Stamp (le visiteur), Silvana Mangano (Lucia, la mère), Massimo Girotti (Paolo, le père), Anne Wiazemsky (Odetta, la fille), Andres José Cruz (Pietro, le fils), Laura Betti (Emilia, la bonne), Ninetto Davoli (Angiolino, le messager).

Scénario : Pier Paolo Pasolini, d'après son roman
Photographie : Giuseppe Ruzzolini
Décor : Luciano Puccini
Musique : Ennio Morricone et Requiem de Mozart
Montage : Nino Baragli
Production : Franco Rossellini, Manolo Bolognini
Pays : Italie
Date de sortie : 1968
Technique : NB et Couleurs
Durée : 1 h 38
Prix : Prix de l'Office catholique international du cinéma (O.C.I.C.), Venise (1968)

Résumé
Dans une famille bourgeoise (père industriel, mère frustrée, fils et fille étudiants, servante) arrive, annoncé par un « messager », un étrange visiteur, jeune, beau, aimable, taciturne, qui bouleverse ces vies bien ordonnées : chacun s'éprend de lui à sa manière et parvient, grâce à lui, à l'assouvissement de ses désirs sexuels les plus secrets. Quelque temps plus tard, quand il annonce son départ, c'est la panique : par sa présence, il a permis à chacun de découvrir sa propre vérité. Lui parti, tous se remettent en question : la servante retourne à son village, ne mange plus que des orties et fait des miracles ; la fille, atteinte de dépression nerveuse, doit être internée ; le fils se met à peindre tout en étant amèrement conscient de la médiocrité de ses œuvres ; la mère se jette dans la nymphomanie puis dans la religion. Quant au père, il abandonne son usine, qu'il a léguée à ses ouvriers, et s'enfonce, tout nu, dans un désert volcanique.

Commentaire

Géométrie dans les spasmes
Après un prologue en style de reportage où sont interrogés les ouvriers de l'usine, le film se poursuit en noir et blanc jusqu'à l'arrivée du visiteur : la couleur semble alors signifier que commence la « vraie vie » ou que, du moins, chacun des membres de la famille a la révélation de sa vérité profonde et refoulée. Dans le langage métaphorique de Pasolini, il s'agit d'une révélation-révolution, le psychologique étant toujours conditionné par l'appartenance de classe chez ce chrétien marxiste pour qui la grâce (le visiteur est précédé par l'ange de l'Annonciation – qui se prénomme Angiolino, l'Angelot – comme dans la mystique chrétienne) est une autre forme de la prise de conscience, qu'elle soit d'ordre sexuel, artistique ou social, cette dernière forme étant suggérée de manière sarcastique dans le cas du mari qui effectue spontanément la « nationalisation » de ses biens, et se déshabille en pleine gare de Milan tout comme saint François s'était dépouillé de ses richesses. L'attribution du prix de l'O.C.I.C. (par un jury présidé par un jésuite) suscita un scandale dans certains milieux catholiques et valut à Pasolini un procès pour obscénité, qu'il gagna. La lucidité corrosive de cette fable sociale justifie son titre, qui se veut affirmation provocante d'une démonstration indiscutable.

la Théorie des dominos

The Domino Principle

Drame de Stanley Kramer, avec Gene Hackman, Candice Bergen, Richard Widmark.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1977
Technique : couleurs
Durée : 1 h 30

Résumé
Roy doit remplir un « contrat » en échange de son évasion. Il se rend compte qu'il est manipulé. Un style impeccable pour un scénario très dense.

The Pillow Book

The Pillow Book

Comédie dramatique de Peter Greenaway, avec Vivian Wu, Ewan McGregor, Yoshi Oida, Ken Ogata.

Pays : Grande-Bretagne
Date de sortie : 1996
Technique : couleurs
Durée : 2 h 05

Résumé
C'est sur la peau de ses amants que Nagiko écrit ses livres, à l'instar de son père, qui faisait la même chose avec elle lorsqu'elle était petite fille. Mais l'un d'eux l'aime plus que les autres, il se suicide, et c'est sur son corps mort que Nagiko écrira le Livre de l'amant.

The Player

The Player

Comédie dramatique de Robert Altman, d'après son propre roman, avec Tim Robbins, Greta Scacchi, Whoopi Goldberg.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1992
Technique : couleurs
Durée : 1 h 55

Résumé
Un homme tout-puissant à Hollywood voit des nuages apparaître à l'horizon : un concurrent aux dents longues, des lettres anonymes. Heureusement pour lui, il a de la ressource côté cynisme.

The Pledge

The Pledge

Film policier de Sean Penn, avec Jack Nicholson, Robin Wright, Aaron Eckhart, Benicio Del Toro, Sam Shepard, Vanessa Redgrave.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 2001
Technique : couleurs
Durée : 2 h 03

Résumé
Adapté d'un roman de Friedrich Dürrenmatt, le troisième film dirigé par Sean Penn est une quête métaphysique plus qu'un policier conventionnel, comme le point de départ le laisse pourtant penser : un inspecteur proche de la retraite, au lieu de partir pêcher au Mexique, fait le serment à des parents accablés par le meurtre de leur fillette de retrouver son assassin. Utilisant une technique de pêcheur (appâter, puis ferrer) pour capturer sa proie, il va devenir prisonnier de sa mission, dérivant dans une obsession proche de la folie, pour finir gérant d'une station-service isolée en pleine montagne, toujours dans l'attente de la capture. Plus que l'enquête, où Jack Nicholson (le policier) croise pourtant d'étranges personnages, c'est l'évolution interne de son héros qui intéresse le réalisateur, qui signe là un film remarquable dans son ambiguïté.

Thérèse

Biographie d'Alain Cavalier, avec Catherine Mouchet (Thérèse), Aurore Prieto (Céline), Sylvie Habault (Pauline).

Scénario : Alain Cavalier, Camille de Casabianca
Photographie : Philippe Rousselot
Décor : Bernard Evein
Montage : Isabelle Dedieu
Pays : France
Date de sortie : 1986
Technique : couleurs
Durée : 1 h 30
Prix : César du meilleur film (1986)

Résumé

Thérèse Martin a quinze ans. Elle brûle d'entrer au Carmel, comme l'ont fait ses sœurs aînées, et elle y réussit, avec l'autorisation papale. La vie au couvent est dure, Thérèse est atteinte de tuberculose. Elle meurt après avoir surmonté sa douleur et ses doutes.

Commentaire

Raconter l'histoire de sainte Thérèse de Lisieux était un pari audacieux. Alain Cavalier l'a tenu avec brio. Sa Thérèse est une jeune fille exaltée, gaie, vivante, et mystique de surcroît. La peinture de la vie au couvent n'est pas sulpicienne : le film est bâti comme des « scènes de la vie monastique » (la prise de voile de Thérèse, Thérèse en prière, Thérèse aux cuisines, Thérèse à l'infirmerie, Thérèse et ses compagnes…), sur un fond parfaitement neutre, mais illuminées par le formidable rayonnement de la sainte, nimbées par le mystère d'une foi qui ne se discute pas. Catherine Mouchet est une Thérèse parfaite.