Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
R

le Roman de Marguerite Gautier

Camille

Mélodrame de George Cukor, avec Greta Garbo (Marguerite Gautier), Robert Taylor (Armand Duval), Lionel Barrymore (M. Duval père), Henry Daniell (le baron de Varville), Elizabeth Allan (Nichette), Lenore Ulric (Olympe).

Scénario : Zoe Akins, Frances Marion, James Hilton, d'après le roman d'Alexandre Dumas fils la Dame aux camélias
Photographie : William Daniels
Décor : Cedric Gibbons, Fred Hope, Edwin B. Willis
Musique : Herbert Stothart
Montage : Margaret Booth
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1936
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 48

Résumé

En France au XIXe siècle, Armand Duval, jeune homme de bonne famille, s'éprend de Marguerite Gautier, demi-mondaine richement entretenue. Toute à son amour pour Armand, Marguerite délaisse ses soupirants et, pour subvenir à ses besoins dispendieux, vend ses bijoux et ses biens. Le père d'Armand intervient auprès de la jeune femme qui, pour ne pas compromettre l'avenir de son jeune amant, s'éloigne de lui. Elle meurt quelque temps plus tard, dans les bras de son grand amour.

Commentaire

La version la plus célèbre du roman. Le luxe et la richesse des costumes et des décors, l'élégance de la réalisation de George Cukor, l'éblouissante interprétation de Greta Garbo dans son rôle le plus célèbre font du film un pur joyau sorti des usines à rêve de la M.G.M.

le Roman de Mildred Pierce

Mildred Pierce

Film policier de Michael Curtiz, avec Joan Crawford (Mildred Pierce), Jack Carson (Wally Fay), Zachary Scott (Monte Beragon), Eve Arden (Ida), Ann Blyth (Veda), Bruce Bennett (Bert Pierce), Lee Patrick (Maggie Binderhof), Moroni Olsen (l'inspecteur Peterson).

Scénario : Ranald Mac Dougall, d'après le roman de James M. Cain
Photographie : Ernest Haller
Décor : Anton Grot
Musique : Max Steiner
Montage : David Weisbart
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1945
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 51

Résumé

Mildred Pierce est interrogée par l'inspecteur Peterson au sujet du meurtre du play-boy Monte Beragon, son deuxième mari. S'accusant du crime, elle relate au policier ses démêlés avec son premier époux, Bert, veule et incapable, ses efforts pour acquérir un semblant de « respectabilité » et mériter l'amour de sa fille Veda, une adolescente égoïste et assoiffée de luxe.

Commentaire

Moitié mélo, moitié film noir, le Roman de Mildred Pierce reflète bien les ambiguïtés morales de l'immédiat après-guerre. La femme indépendante, dont le cinéma hollywoodien célébrait un peu plus tôt les mérites, se transforme ici en victime. Prise au piège de ses ambitions, elle ne parvient à s'accomplir ni dans sa vie privée ni dans son travail, et son ascension sociale ne fait que souligner la médiocrité de ses origines. Victime du matérialisme ambiant (nous sommes à l'aube de la société de consommation), Mildred tente d'acquérir une distinction factice et d'acheter l'estime de sa fille Veda, se condamnant par là-même à d'amères désillusions. Sa vie est une succession d'échecs sentimentaux et de sacrifices inutiles, un long voyage au bout de la solitude. Un des films les plus incisifs de Michael Curtiz, qui relança la carrière de Joan Crawford (elle obtint un Oscar), métamorphosant celle-ci en « femme de tête ». Une image à laquelle la star ne tardera pas à s'identifier dans sa vie personnelle…

le Roman de Werther
ou Werther

Drame de Max Ophuls, d'après le roman de Goethe les Souffrances du jeune Werther, avec Pierre Richard-Willm, Annie Vernay, Jean Galland, Jean Périer, Paulette Pax.

Pays : France
Date de sortie : 1938
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 25

Résumé
Werther est amoureux de Charlotte, ignorant ses fiançailles puis son mariage. Sa passion le conduira au suicide.

le Roman d'un génie

Giuseppe Verdi

Biographie de Carmine Gallone, avec Fosco Giachetti, Gaby Morlay, Germana Paolieri, Maria Cebotari.

Pays : Italie
Date de sortie : 1938
Technique : noir et blanc
Durée : 2 h 09

Résumé
La vie romancée du célèbre compositeur, interprétée par l'une des rares « divas » masculines de l'époque.

le Roman d'un tricheur

Comédie satirique de Sacha Guitry, avec Sacha Guitry (le tricheur), Serge Grave (lui, petit garçon), Jacqueline Delubac (Henriette), Marguerite Moreno (l'aventurière), Rosine Deréan (la voleuse), Pauline Carton (Mme Moriot, la tante), Frehel (la chanteuse).

Scénario : Sacha Guitry, d'après son roman Mémoires d'un tricheur
Photographie : Marcel Lucien
Décor : Jacques Gut, Henry Ménessier
Musique : Adolphe Borchard
Production : Serge Sandberg (Cineas)
Pays : France
Date de sortie : 1936
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 17

Résumé

Pour avoir volé quelques francs, un jeune garçon est privé de champignons au repas du soir et échappe ainsi à l'empoisonnement qui anéantit sa famille… Il exerce divers petits métiers, chasseur de restaurant, groom, croupier, et trouve enfin sa voie en devenant tricheur professionnel. Il fait fortune et fréquente les casinos sous divers déguisements afin de pouvoir tricher uniquement sous sa véritable identité. Mais, un soir, il se rend compte que celui qu'il est en train d'abuser n'est autre que l'homme qui l'a sauvé d'une mort certaine durant la guerre, en y laissant un bras. Pris de remords et honteux, il va apprendre en sa compagnie le plaisir du jeu honnête. Au point que toute la fortune amassée en trichant y passera. Ruiné, il terminera sa carrière dans la police, le seul endroit où il se sente à l'abri de sa petite faiblesse !

Commentaire

La distance de la voix off

Quatrième film parlant de Sacha Guitry et adaptation de son unique roman paru en 1934, le Roman d'un tricheur est, grâce à François Truffaut, généralement considéré comme le plus réussi et le plus « cinématographique » de ses films (au sens où il ne s'agit pas d'une de ses pièces filmées). C'est probablement celui de la découverte par l'auteur de son propre système.

   Le film est définitivement une comédie, et Guitry ne signera aucun film d'un autre genre, à l'exception de quelques scènes plus sérieuses ou dramatiques dans Donne-moi tes yeux, Pasteur, le Diable boiteux, le Comédien. Ce n'est pas son film le plus représentatif sur les rapports amoureux, mais l'argument que l'on retrouve généralement dans ses pièces est ici le thème principal du film : le mensonge ou l'art de tricher. En effet, c'est tout de même de sa maîtresse, puis de sa femme que le héros apprend, de l'une, l'art de voler, de l'autre, celui de tricher, pratiques si féminines aux yeux de l'auteur…

   Le film est construit sur une voix off : c'est le personnage principal vieilli, en train de rédiger ses Mémoires à la terrasse d'un café, qui enclenche le récit par sa voix. Tous les personnages racontés par le tricheur sont subordonnés au flot continu d'une seule et même parole, celle de l'auteur-acteur-narrateur. Les seules scènes de dialogues réels sont celles du temps présent : répliques très courtes du garçon de café et de la vieille marquise (Marguerite Moréno), initiatrice du héros à l'amour.

   Plus Sacha Guitry fera de films, plus la mise en scène de sa parole deviendra omniprésente, régissant tout, même les génériques. Guitry cinéaste, oui et avant tout, puisque seul le cinéma permet de l'apprécier encore intégralement ; paradoxe pour un homme qui consacra sa vie au théâtre et le privilégia toujours.