Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
L

la Lumière bleue

Das blaue Licht

Film fantastique de Leni Riefenstahl, avec Leni Riefenstahl (Junta), Mathias Wieman (le peintre), Martha Mair, Beni Fuhrer.

Scénario : Leni Riefenstahl, Béla Bàlasz
Photographie : Hans Schneeberger
Décor : Leopold Blonder
Musique : Becce
Pays : Allemagne
Date de sortie : 1932
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 25

Résumé
En plein cœur des Dolomites, le Monte Cristallo étincelle par les nuits de pleine lune. Pour en découvrir le secret, un jeune peintre suit Junta l'orpheline, qui vit à l'écart du village et que l'on accuse de sorcellerie. Arrivé derrière elle au sommet, il découvre une grotte tapissée de cristaux, dont s'emparent aussitôt les villageois.

Commentaire
Dans la lignée des films qu'elle avait interprétés pour Arnold Fanck, premier apôtre de la montagne au cinéma, Leni Riefenstahl a réuni dans la Lumière bleue la recherche de la pureté, le sentiment du mystère suprahumain, la célébration de l'alpinisme comme un rite d'accès à une autre vie. Les glaciers, les cimes désertes et une population magnifiquement photographiés engendrent une poésie inoubliable qui se passe aisément de paroles.

Lumière dans la nuit

Romanze in Moll

Drame d'Helmut Käutner, d'après Maupassant, avec Marianne Hoppe, Paul Dahlke, Ferdinand Marian.

Pays : Allemagne
Date de sortie : 1943
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 39

Résumé
Dans un vieil appartement berlinois, une femme hésite entre l'amour pour son mari et la chaleur des bras de son amant. Incapable de prendre une décision, elle préfère se suicider.

Lumière dans les ténèbres

Luce nelle tenebre

Mélodrame de Mario Mattoli, avec Fosco Giachetti, Alida Valli.

Pays : Italie
Date de sortie : 1941
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 24

Résumé
Un ingénieur rendu aveugle à la suite d'un accident retrouve la vue en même temps que l'amour d'une belle jeune femme.

la Lumière d'en face

Drame de Georges Lacombe, avec Raymond Pellegrin, Roger Pigaut, Brigitte Bardot.

Pays : France
Date de sortie : 1956
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 40

Résumé
La jeune épouse provocante d'un ancien routier devenu impuissant provoque un drame de la folie en s'éprenant du pompiste voisin. Une atmosphère sensuelle et étouffante.

Lumière d'été

Drame psychologique de Jean Grémillon, avec Paul Bernard (Patrice), Madeleine Renaud (Cricri), Madeleine Robinson (Michèle), Pierre Brasseur (Roland), Georges Marchal (Julien), Marcel Levesque (M. Louis), Jane Marken (Mme Martinet).

Scénario : Jacques Prévert, Pierre Laroche
Photographie : Louis Page
Décor : Max Douy, Alexandre Trauner, André Barsacq
Musique : Roland-Manuel
Montage : Louisette Hautecœur
Pays : France
Date de sortie : 1943
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 30

Résumé

En Haute-Provence, l'amie d'un châtelain tient une auberge dans la montagne, près du chantier d'un barrage. Le châtelain, homme de plaisir, cherche à séduire une jeune femme, liée, elle, à un artiste à la dérive. Tout s'exacerbe jusqu'à ce qu'un bal masqué organisé par le châtelain serve de détonateur : la jeune femme découvre le bonheur avec l'ingénieur du barrage, que son rival essaie de tuer. Mais c'est le peintre qui meurt et les ouvriers se dressent contre l'aristocrate corrompu, qui fait une chute mortelle dans un ravin.

Commentaire

Résumer le scénario ne rend pas justice à un film qui, comme toute l'œuvre de ce grand cinéaste oublié que fut Grémillon, trouve sa pleine valeur dans le langage de l'image. Certes, il est tout à fait à part, ne serait-ce que par l'intrusion permanente d'un baroque évidemment lié à l'apport de Jacques Prévert. Le lyrisme parfois étrange des dialogues, l'intensité excessive de l'interprétation (on a vraiment l'impression que chaque comédien va jusqu'au bout de son personnage), la folie du bal masqué dans un décor étourdissant laissent cependant une place symboliquement importante à des éléments plus proches de l'univers habituel de Grémillon : une nature sauvage et dure, le travail et la dignité des ouvriers, la vérité des sentiments simples. Ainsi transparaît une opposition de classes sociales qui fait en définitive l'intérêt majeur du film.

la Lumière qui s'éteint

The Light that Failed

Drame de William Wellman, d'après le roman de Rudyard Kipling, avec Ronald Coman, Ida Lupino, Walter Huston.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1939
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 37

Résumé
Un peintre qui devient aveugle tente de créer son dernier chef d'œuvre : le portrait d'une très belle jeune femme. Mais le modèle le détruira.

les Lumières de la ville

City Lights

Mélodrame de Charlie Chaplin, avec Charlie Chaplin (le vagabond), Virginia Cherrill (la jeune aveugle), Harry Myers (le millionnaire), Florence Lee (la grand-mère), Allan Garcia (le valet de chambre), Hank Mann (le boxeur), Henry Bergman (le portier), Albert Austin (un voleur).

Scénario : Charlie Chaplin
Musique : C. Chaplin
Montage : C. Chaplin
Photographie : Rollie Totheroh, Gordon Pollock, Mark Marlatt
Décor : Charles D. Hall
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1931
Technique : noir et blanc ; muet
Durée : 1 h 27

Résumé
Un vagabond errant dans une grande ville rencontre une jeune fleuriste aveugle qui le prend pour un riche promeneur, puis sauve d'une noyade volontaire un millionnaire qui fait de lui son ami dans ses moments d'ébriété. Il tente en vain de gagner de l'argent en balayant les rues, ou en boxant, pour entretenir l'illusion de la jeune femme et la faire soigner à Vienne par un spécialiste. Dans un de ses moments d'ivresse prodigue, le millionnaire lui donne la somme nécessaire. Mais la police soupçonne le vagabond d'un cambriolage. Il s'enfuit, remet l'argent à la jeune femme et se retrouve en prison. Libéré, il erre, plus misérable que jamais, et découvre avec joie la fleuriste guérie. Il ne lui dit rien et accepte la pièce et la fleur qu'elle lui tend.

Commentaire

Le mélodrame du regard
La première des originalités de ce film est de demeurer fidèle au cinéma muet à une époque où le parlant triomphe, ce qui ne l'empêche nullement de rencontrer un immense succès, aussi bien public que critique. Méprisant le parlant, qui lui semblait menacer l'art de la pantomime sur lequel il avait fondé son personnage de « vagabond », Chaplin n'en éprouva pas moins de grandes inquiétudes et le film, commencé en 1928, mit près de trois ans à arriver à son plein accomplissement.

   Curieusement, c'est le film qui annonce le plus la dissociation du personnage, voire du mythe, de Chaplin, tel qu'il apparaîtra, quelques années plus tard, avec Monsieur Verdoux ou Limelight (les Feux de la rampe). Le vagabond est ici confronté à un malentendu quant à son identité. Il est aimé par la jeune aveugle pour une personnalité qui n'est pas la sienne (un homme riche), presque ignoré lorsqu'il apparaît tel qu'en lui-même à la jeune fille qui a recouvré la vue. De même, il est l'ami du millionnaire quand celui-ci ne jouit pas de sa lucidité, rejeté quand il est sobre. Tout est affaire de regard (ce que le sujet immédiat du film suggère) : preuve supplémentaire, s'il en était besoin, que Chaplin n'est nullement un clown qui s'est contenté de plier le cinéma à ses besoins, mais que celui-ci, au contraire, est au cœur de son univers et de son imagination créatrice.

   L'essentiel du comique, comme de l'émotion, tient au décalage entre le personnage social que tente de jouer Charlot et sa réalité de vagabond : tout le drame découle de sa volonté de se conformer au personnage que la jeune aveugle a imaginé. À l'inverse d'un précédent film de Chaplin, la Ruée vers l'or, le vagabond, ici, demeure en marge du monde de la prospérité.