Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
A

Amère Récolte

Bittere Ernte

Drame d'Agnieszka Holland, avec Armin Mueller-Stahl, Elisabeth Trissenaar.

Pays : R.F.A.
Date de sortie : 1985
Technique : couleurs
Durée : 1 h 42

Résumé
En 1942 en Silésie, une évadée d'un train de déportés est recueillie par un fermier célibataire qui, malgré la peur, la cache dans sa cave. Forcée de devenir sa maîtresse, elle finit par l'aimer et se suicide quand elle se croit trahie.

Amère Victoire

Bitter Victory

Film de guerre de Nicholas Ray, avec Richard Burton (capitaine Leith), Curd Jürgens (commandant Brandt), Raymond Pellegrin, Ruth Roman, Christopher Lee.

Scénario : René Hardy, Nicholas Ray, Gavin Lambert, d'après le roman de René Hardy
Photographie : Michel Kelber
Musique : Maurice Le Roux
Montage : Léonide Azar
Pays : Grande-Bretagne et France
Date de sortie : 1957
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 40

Résumé
Dans le désert de Libye en 1942. Un commando britannique est envoyé en mission sous l'autorité du commandant Brandt. Celui-ci s'oppose à son second, le capitaine Leith. Cette animosité est renforcée par le fait que les deux hommes aiment la même femme. La lâcheté de Brandt compromet la mission ; elle réussit néanmoins grâce à Leith, qui meurt piqué par un scorpion. Brandt est décoré, mais perd sa femme ainsi que l'estime de ses hommes.

Commentaire
Une œuvre maîtresse de Nicholas Ray, qui filme ici ses héros fragiles et vulnérables en un superbe CinémaScope noir et blanc. On peut certes regretter le choix de Curd Jürgens, peu crédible ; mais c'est l'un des plus beaux rôles de Burton : rêveur, poétique et inspiré, il est la parfaite représentation du romantisme de Ray. Le film a pourtant été retouché par les producteurs et mal distribué.

America America

America America

Drame d'Elia Kazan, avec Stathis Giallelis (Stavros Topouzoglou), Frank Wolff (Vartan Damadian), Harry Davis (Isaac Topouzoglou), Elena Karam (Vasso Topouzoglou), Lou Antonio (Abdul), Gregory Rozakis (Hohannes Gardashian).

Scénario : Elia Kazan, d'après son roman, et sa nouvelle inédite Hamal
Photographie : Haskell Wexler
Décor : Gene Callahan
Musique : Manos Hadjidakis
Montage : Dede Allen
Production : E. Kazan, Charles S. Maguire (Warner Bros)
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1963
Technique : noir et blanc
Durée : 2 h 48

Résumé

Parce que les Turcs massacrent les chrétiens, un jeune Grec s'embarque pour la terre promise, l'Amérique.

Commentaire

Conclusion provisoire

Aussi étrange que cela puisse paraître, et aussi différents soient-ils, une identique rupture unit Giono à Kazan. L'écrivain a dû connaître la prison, la mise à l'index, la honte attachée à son nom, pour changer radicalement de manière, tordre le cou à un lyrisme encombrant, et introduire du scepticisme là où l'on ne trouvait que de la crédulité. Pareillement, en rompant avec un maximum de publicité ses liens avec le parti de sa jeunesse, le Parti communiste, et en se refusant à l'acte d'héroïsme en face du maccarthysme, Kazan ne fait pas que changer d'opinion (après tout, c'est son droit absolu), il change de style. Et à la certitude larmoyante de ses premiers films répond désormais une incertitude enfiévrée.

   De sorte qu'America America, qui retrace l'odyssée des émigrants grecs du début du XXe siècle, ne tire pas sa puissance émotionnelle de relents nostalgiques, mais de son actualité immédiate. Car rien n'est plus neuf que de fuir le crime pour finir soi-même criminel.

   America America, c'est la boîte de Pandore. Quand on l'ouvre, le pire survient. Et le pire contraint ce jeune Grec, si pur, si désintéressé, en ses débuts dans l'existence, à tendre la main, à quêter le quarter qui, s'imagine-t-il, lui permettra d'humilier son prochain.

   Kazan est catégorique : « Le petit cireur de chaussures deviendra un dur des rues de New York ». Et il ajoute : « Je pense toujours qu'un riche est forcément un salaud ».

   Voilà pourquoi America America n'est que la provisoire conclusion de son enquête sur ses racines, et, en l'espèce, sur l'Amérique tout entière. Pour l'achever, il y faudra le meurtre du père (l'Arrangement), le sacrifice des fils (les Visiteurs), et la mise en doute de la machinerie qui aura, à son corps défendant, permis à l'illusion critique d'exister (le Dernier Nabab). Mais c'est dans America America, qui célèbre, par son approche volontairement documentariste, la fin du romanesque, que tout aura été dit : à savoir que la trahison est dans la nature même de l'homme. Et que l'artiste ne peut que l'enregistrer.

   Sans ciller. Et sans espoir de pardon.

   Tout est trahison, même ce sentiment de réalité que procure le cinéma. Pour l'attester, Kazan aura payé le prix fort.

l'Américain

Drame psychologique de Marcel Bozzuffi, avec Jean-Louis Trintignant, Bernard Fresson, Simone Signoret, Rufus.

Pays : France
Date de sortie : 1969
Technique : couleurs
Durée : 1 h 20

Résumé
Pour son unique passage derrière la caméra, Marcel Bozzuffi a peint les nostalgies du retour au pays. Pour l'« Américain », onze ans après, plus rien n'est comme avant.

American Beauty

American Beauty

Comédie dramatique de Sam Mendes, avec Kevin Spacey (Lester), Annette Bening (Carolyn), Thora Birch (Jane), Mena Suvari (Angela), Wes Bentley (Ricky).

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1999
Technique : couleurs
Durée : 2 h 02
Prix : Oscar du meilleur réalisateur et du meilleur acteur pour Kevin Spacey

Résumé
À quarante-deux ans, Lester Burnham décide de se mettre debout sur ses deux pattes de derrière et de dire enfin ce qu'il pense à son patron, à sa femme, à sa fille, à ses voisins, etc. Conséquence immédiate : son patron le vire, sa femme le trompe, mais la déflagration ne va pas s'arrêter là et c'est tout l'univers familier de Lester qui va s'enfoncer dans la folie et la mort.

Commentaire
Si ce n'est pas la première fois qu'un metteur en scène américain prend pour cible l'hypocrisie et la fragilité du bonheur douillet des suburbanites cossus, il est rare que cela soit fait avec autant d'efficacité. La qualité exceptionnelle de l'interprétation y est sans doute pour beaucoup, mais le scénario et la mise en scène ne sont pas en reste. En faisant insensiblement glisser dans le burlesque les situations et les conversations les plus ordinaires avant de les faire basculer dans la tragédie la plus noire, Sam Mendes nous fait rire et frémir tout en jetant un doute sur la validité des rêves de bonheur de tout un chacun, qu'il soit américain ou non.