Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
E

Emmène-moi

Comédie dramatique de Michel Spinosa, avec Karin Viard, Antoine Basler, Inès de Medeiros, Éric Savin.

Pays : France
Date de sortie : 1994
Technique : couleurs
Durée : 1 h 26

Résumé
Deux permissionnaires draguent une fille dans un buffet de gare vide. Ainsi commence l'histoire d'un amour impossible entre deux êtres qui ne peuvent s'aimer sans se déchirer. Une descente aux enfers excellemment interprétée par Karin Viard, violente et fragile, et remarquablement mise en scène par Michel Spinosa, dont c'est le premier film.

l'Emmerdeur

Comédie d'Édouard Molinaro, d'après la pièce de Francis Veber le Contrat, avec Lino Ventura, Jacques Brel.

Pays : France
Date de sortie : 1973
Technique : couleurs
Durée : 1 h 20

Résumé
Dans un hôtel, les préparatifs d'un tueur à gages sont contrariés par son voisin qui tente de se suicider. Les auteurs ont cassé les codes du polar dans cette comédie où s'affrontent deux grands solitaires et deux formidables acteurs.

l'Empereur de la Californie

Der Kaiser von Kalifornien

Film d'aventures de Luis Trenker, avec Luis Trenker, Viktoria von Balasko, Alexander Gulling, Berta Drews.

Pays : Allemagne
Date de sortie : 1936
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 42

Résumé
L'épopée américaine d'un aventurier d'origine suisse. La découverte de l'or en Californie ruina tous ses efforts de pionnier.

l'Empereur du Nord

The Emperor of the North Pole

Film d'aventures de Robert Aldrich, avec Lee Marvin, Ernest Borgnine, Keith Carradine.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1972
Technique : couleurs
Durée : 2 h

Résumé
L'Amérique de la grande dépression : des vagabonds les « trimards » s'accrochent aux wagons pour traverser le pays. L'un d'eux, surnommé « l'empereur du Nord », s'oppose à un chef de train sadique. C'est l'occasion pour Aldrich de filmer des scènes spectaculaires et très physiques.

l'Empereur et l'Assassin

The Emperor and the Assassin

Drame historique de Chen Kaige, avec Li Xuejian, Gong Li, Zhang Feng Yi.

Pays : Chine
Date de sortie : 1999
Technique : couleurs
Durée : 2 h 40

Résumé
Ying Zheng, roi de Qin, rêve de réunir sous son autorité les six autres royaumes de Chine et de devenir le premier empereur du nouvel empire. Il y parviendra par le fer et le sang mais perdra Zhao, son amour d'enfance.

Commentaire
Une reconstitution somptueuse et minutieuse de la Chine au IIIe s. avant J.-C. : meubles, armes, bâtiments, tout porte le sceau de l'authenticité la plus totale. L'exotisme qui en résulte fait d'autant mieux ressortir la proximité d'hommes, qui sont mus par les mêmes appétits et les mêmes sentiments que ceux qui nous animent.

Empire

Film expérimental d'Andy Warhol.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1964
Technique : noir et blanc
Durée : 8 h
Film non distribué en France

Résumé
Huit heures de la « vie » de l'Empire State Building de New York, vu de l'extérieur et filmé en plan fixe. Un film unique en son genre qui ne fut, dit-on, projeté intégralement qu'une seule fois.

l'Empire de la passion

Ai no borei

Drame de Nagisa Oshima, avec Kazuko Yoshiyuki, Tatsuya Fuji, Takahiro Tamura, Takuso Kawatni.

Pays : Japon et France
Date de sortie : 1978
Technique : couleurs
Durée : 1 h 48

Résumé
Un homme et sa maîtresse assassinent le mari dont le fantôme vient les hanter. Suspectés, ils avouent sous la torture avant d'être exécutés.

l'Empire de la terreur

Tales of Terror

Film fantastique de Roger Corman, d'après des récits d'Edgar Poe, avec Vincent Price, Peter Lorre, Basil Rathbone, Debra Paget.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1961
Technique : couleurs
Durée : 1 h 30

Résumé
Une belle adaptation de trois contes : l'histoire d'une femme morte en couches, d'un ivrogne trompé par sa femme et d'un moribond assassin par amour.

l'Empire des sens

Ai no Corrida

Drame érotique de Nagisa Oshima, avec Eiko Matsuda (Sada Abe), Tatsuya Fuji (Kichizo Ishida), Aoi Nakajima (Toku, l'épouse de Kichizo).

Scénario : Nagisa Oshima
Photographie : Hideo Ito
Décor : Jusho Toda
Musique : Minoru Miki
Montage : Keiichi Uraoka
Production : Argos Films (Paris) / Oshima Prod. (Tokyo)
Pays : Japon et France
Date de sortie : 1976
Technique : couleurs
Durée : 1 h 44

Résumé

Ancienne geisha, Sada Abe est servante dans une auberge de Tokyo. Elle devient l'amante de Kichi, le mari de sa patronne, et le couple, dévoré par une passion charnelle et boulimique, est obligé de s'enfuir, de quitter toute attache avec le réel ou le social. La femme, peu à peu, prend le « pouvoir » dans la relation de jouissance et de domination qui lie les deux amants. Imperceptiblement, le « mâle », est pris à ce jeu ne pouvant mener qu'à la mort, qui sera aussi l'ultime moment de sa jouissance. En effet, au cours d'une scène amoureuse, Kichi consent à se laisser étrangler par sa maîtresse, au cours d'un ultime coït. De scène répétée en scène répétée, les deux amants iront jusqu'au bout du plaisir physique. Quelques jours plus tard, la police arrêtera Sada errant radieuse dans les rues de Tokyo, cachant sur elle le sexe coupé de son amant Kichi. Une voix off nous dit que lorsqu'on arrêta Sada, son visage rayonnait de bonheur…

Commentaire

Le sexe et la mort

Au début des années 1970, le producteur Anatole Dauman proposa à Nagisa Oshima de coproduire un film à caractère érotique, pour ne pas dire pornographique. Nagisa Oshima, dont le dernier film, Une petite fille pour l'été, fut un échec en 1972, mit trois ans à relever le défi. Puis se mettant au travail, il s'inspira d'une affaire criminelle authentique qui agita le Japon en 1936. Oshima dut user de stratagèmes pour déjouer la censure et les ennuis pendant le tournage proprement dit. Mais dès la sortie du film au Japon, il fut la victime d'une puissante campagne de la part des tenants de la morale traditionnelle.

   L'Empire des sens (qui devait s'appeler la Corrida de l'amour) est sans doute le film le plus insolent jamais réalisé sur l'obsession érotique. Oshima brise les tabous en montrant les organes en gros plan, de manière presque clinique, et sa caméra ne quitte pratiquement jamais les corps des deux amants liés par une passion qui les pousse vers le paroxysme. Lentement, ceux-ci se coupent du réel pour s'enfermer dans des espaces clos et finir par ne plus devenir qu'un seul et même corps s'adonnant au plaisir sexuel. Son film est avant tout la mise en scène d'une relation « sacrificielle » – d'où le nom de « corrida » dans le titre japonais – qui verra l'un des deux amants aller jusqu'au bout du plaisir physique (le moment de la « mise à mort »).

   La force du film d'Oshima vient de ce qu'il évite tout voyeurisme, non par défaut mais, pourrait-on dire, par excès. La relation entre les deux personnages a quelque chose d'infernal, faisant tout basculer du côté d'une joie profondément morbide. À force d'être pris à témoin et de voir en gros plan les rapports physiques entre Kichi et Sada, le spectateur finit par comprendre qu'il s'agit là d'un film-manifeste sur l'amour fou, où la représentation du sexe excède la possibilité pour lui d'un regard facile, obscène. L'Empire des sens illustre avec force le mot de Georges Bataille : « L'érotisme est l'approbation de l'amour jusque dans la mort. »