Larousse agricole 2002Éd. 2002
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tournesol (suite)

Le tournesol est plus résistant à la sécheresse que le maïs, mais consomme cependant 650 mm d'eau sur l'ensemble de son cycle. Il est sensible au stress hydrique du stade bouton floral à la fin de la floraison. Un déficit en eau durant cette période affecte le rendement et la teneur en huile des graines. Un stress hydrique prolongé provoque une sénescence précoce des feuilles et une diminution de la production (mauvais remplissage des graines).

Les prélèvements d'éléments minéraux se réalisent sur une courte période en raison de la croissance rapide de la plante. Ils sont, pour 10 t de matière sèche, de 100 à 150 kg d'azote, de 50 kg de phosphore et de 250 à 300 kg de potasse. Les restitutions sont toutefois importantes : 50 kg d'azote et 200 à 250 kg de potasse. La réponse à la fertilisation azotée est relativement faible : en effet, le coefficient réel d'utilisation de l'azote (de 20 à 30 %) est nettement inférieur à celui d'une céréale.

Semis.

La date du semis est déterminée en fonction des conditions climatiques locales, de façon à réduire le risque de stress hydrique au moment de la floraison. En France, elle se situe de fin mars à fin avril dans la moitié sud, au cours des trois premières semaines d'avril dans l'Ouest et pendant la première quinzaine d'avril dans l'Est. Dans tous les cas, le semis doit être réalisé sur un sol dont la température est au moins égale à 8-10 °C. En règle générale, le peuplement visé est de 50 000 à 60 000 pieds/ha. Pour tenir compte des pertes diverses, la densité du semis varie entre 55 000 et 65 000 grains/ha, sauf dans des conditions difficiles où elle peut être augmentée de 10 %. L'écartement entre les lignes est de 50 à 60 cm.

Fertilisation.

Le tournesol n'utilise que faiblement l'azote apporté sous forme d'engrais, sauf dans le cas d'un enracinement superficiel ou d'une insuffisance des fournitures du sol. Un apport est alors nécessaire, mais doit être raisonné pour éviter un excès qui provoquerait une exubérance de végétation et un épuisement précoce de la réserve en eau du sol. Dans la pratique, on se limite à 50 kg/ha, apportés soit au moment du semis, soit juste avant le début de la floraison.

Le bore est un élément essentiel pour le tournesol. Il en absorbe plus de 400 g/ha entre le stade 5 paires de feuilles et l'apparition du bouton floral. En cas de risque de carence, cet élément est apporté soit au moment du semis à raison de 1 kg/ha, soit avant le début de la floraison par pulvérisation, sur la base de 300 à 500 g/ha. Les apports de phosphore et de potasse ne sont pas systématiques et sont fonction de la teneur du sol en ces éléments.

Irrigation.

Bien qu'assez tolérant à la sécheresse grâce à son système racinaire, le tournesol répond à l'irrigation lorsque la réserve utile du sol est limitée (moins de 100 mm) lors de la floraison. Un apport d'eau de 800 à 1 000 m3 est alors efficace.

Lutte contre les adventices.

La lutte contre les adventices se fait au moment du semis ou avant la levée, avec des produits à large spectre d'action sur les adventices les plus communes. Il n'existe pas de désherbants de post-levée actifs sur les dicotylédones et sélectifs vis-à-vis du tournesol. Le binage est une solution de rattrapage jusqu'au stade limite du passage du tracteur ; il a en outre l'avantage de limiter l'évaporation au niveau du sol. En outre, un indice foliaire élevé assurant une couverture importante du sol par les feuilles a un effet limitant sur le développement des adventices (par effet d'ombre sur le sol).

Maladies.

Parmi les maladies les plus importantes du tournesol figurent :
les attaques de champignons du genre Phomopsis, qui se manifestent par des nécroses des feuilles et de la tige, un échaudage du capitule et une rupture de la tige ;
le mildiou, qui provoque un nanisme de la plante lorsque l'attaque est précoce et une chlorose des feuilles lorsque l'attaque est plus tardive ;
les attaques par des champignons du genre Sclerotinia, qui surviennent au début de la floraison et peuvent atteindre différentes parties de la plante (collet, bouton, tige, capitule), causant aussi bien la pourriture de la tige que celle du capitule ;
les attaques par des champignons du genre Phoma, caractérisées par des taches noires à l'aisselle des feuilles et leur sénescence prématurée.

Les moyens de prévention et de lutte consistent dans le traitement des semences, obligatoire contre le mildiou mais d'une efficacité relative, et surtout par le choix de variétés résistantes. L'application de fongicides n'est efficace que contre les Phomopsis et les Phoma, avec cependant le risque qu'un traitement contre ces derniers ne facilite le développement des premiers.

Ravageurs.

Les limaces représentent le principal danger lors de l'implantation de la culture. Elles s'attaquent en effet à toutes les parties de la plante au moment de la germination et de la levée. La lutte consiste en un épandage d'hélicides.

Utilisations.

Les graines de tournesol sont destinées essentiellement à la production d'huile alimentaire. Elles contiennent environ 50 % de lipides, parmi lesquels dominent l'acide linoléique (de 65 à 70 %) et l'acide oléique (de 16 à 22 %). Après extraction de l'huile, elles fournissent un tourteau utilisé en alimentation animale, caractérisé par sa teneur élevée en matières azotées (de 45 à 55 %), ainsi que par sa richesse en méthionine et en vitamines du groupe B. Comparé aux autres tourteaux, celui de tournesol présente un meilleur équilibre phosphocalcique.

La culture de variétés à teneur élevée en acide oléique pour la fabrication de carburant diester commence à se développer.

Consommation.

Au sein de l'Union européenne, la consommation apparente d'huile de tournesol [(production + importations) - (exportations + stocks)] s'élève à 2 millions de t, pour une consommation totale en huiles végétales de 10 millions de t. Elle se situe au deuxième rang derrière l'huile de colza. La France, avec près de 500 000 t, dont 300 000 t pour la consommation directe, se classe en tête de la consommation de l'huile de tournesol.