Larousse agricole 2002Éd. 2002
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riz (suite)

Enfin, le riz exige une forte insolation (500 kcal/cm2/j) : il est par ailleurs très sensible à la photopériode.

Culture.

La multiplicité des conditions d'environnement dans lesquelles le riz est cultivé conduit à des pratiques culturales très variées. Elles sont toutefois liées par la nécessité de tenir compte du facteur hydrique et de maîtriser autant que possible la gestion de l'eau.

En maîtrise complète de l'eau, la création d'une rizière nécessite de gros travaux de terrassement. Il faut en effet niveler le sol pour obtenir une surface aussi plane que possible afin d'obtenir une lame d'eau régulière, construire des diguettes pour stocker l'eau ainsi que pour faciliter la circulation dans la rizière et réaliser des canaux d'irrigation.

La préparation du sol a lieu sur un sol saturé en eau, sur lequel est effectué un labour suivi d'un nivellement à l'aide d'un rouleau, d'une herse ou d'une simple planche. On effectue ensuite une mise en boue, qui consiste en un malaxage de la couche superficielle du sol. Cette mise en boue est pratiquée soit par passage d'animaux (piétinage) soit mécaniquement (utilisation d'une houe rotative). Cette opération a pour effet de diminuer les pertes d'eau par infiltration (on tasse le sol) et de détruire les mauvaises herbes.

Semis et repiquage.

Le riz est semé directement dans les rizières avec des grains pré-germés, surtout s'il y a mise en boue, ou bien mis en place par repiquage de plants issus de pépinières. Le repiquage a l'avantage de produire des plants de bonne qualité et, en raccourcissant le temps d'occupation de la rizière, de favoriser la double culture. Une pépinière de 400 m2 permet de repiquer un hectare de terrain. Pour accélérer la germination, on utilise souvent des grains pré-germés et la quantité de semences varie, en fonction du poids de 1 000 grains, entre 5 et 10 kg/are (soit un nombre de plants compris entre 150 000 et 180 000). Le séjour en pépinière, où les plants sont maintenus sous une lame d'eau de 50 mm, est de 30 à 40 jours. Les plants sont arrachés, réunis en bottes et transplantés en touffes de 2 à 4 brins. La distance de repiquage est d'environ 20 cm sur 20 en tous sens (soit 50 à 100 plants/m2).

En culture irriguée, le semis direct est utilisé pour des raisons d'économie de main-d'œuvre, car il exige moins de travail que le repiquage. Le semis est alors effectué sur sol sec avec des grains secs et suivi aussitôt d'une légère mise en eau, asséchée au bout de 24 heures, le riz ne germant pas en submersion.

Le semis direct est également pratiqué en culture sèche. Il s'agit alors du riz pluvial que l'on rencontre en Afrique, à Madagascar (riz de Tanety) et dans de nombreux pays d'Asie. Il est semé le plus souvent après défriche et brûlis, de la même façon qu'une autre céréale. La plupart du temps, il s'agit d'une culture itinérante. Les rendements sont en général faibles, de l'ordre de 600 kg à 1 t/ha.

Les seules façons culturales après le semis ou le repiquage sont le désherbage et la conduite de l'irrigation.

Fertilisation.

On estime que les exportations d'éléments minéraux par tonne de paddy sont en moyenne de 20 kg d'azote, de 5 kg de phosphore et de 12 à 15 kg de potasse. Les variétés améliorées ne peuvent atteindre des rendements élevés sans apport d'éléments fertilisants.

L'azote est essentiel au moment de l'émission des racines, de la formation de la panicule et à l'épiaison. Il est en outre indispensable pour l'obtention de rendements élevés. Le riz utilise préférentiellement l'azote sous forme ammoniacale. A cet effet, la fertilisation est principalement à base de sulfate d'ammoniaque et, dans une moindre mesure, d'urée. La quantité d'azote apportée par hectare est de l'ordre de 100 à 150 kg en saison sèche et de 60 à 90 kg en saison humide. Le riz n'absorbe cependant qu'une fraction des quantités de l'azote apporté.

Pour diminuer le coût élevé de la fumure azotée, plusieurs méthodes de fixation de l'azote par le sol ont été envisagées et font encore l'objet d'essais. Pour l'essentiel, il s'agit de mettre à profit des associations symbiotiques de plantes et de micro-organismes. Ainsi l'une d'entre elles associe une fougère aquatique (genre Azola) qui vit en symbiose avec une cyanobactérie (genre Anabaena) fixatrice d'azote. Une des techniques utilisées consiste à épandre un inoculum de la fougère, puis à cultiver cette dernière en couverture avec le riz et à la laisser se décomposer. La production d'azote résultant de cette association est de l'ordre de 20 à 30 kg /ha. L'inconvénient de cette production est toutefois la difficulté d'incorporation au sol des résidus de l'Azola (10 t de matière verte/ha).L'effet du phosphore sur le riz est mal connu et, malgré la pauvreté des sols en cet élément, l'utilisation des engrais phosphatés est très restreinte, compte tenu de leur coût et faute de preuve de leur efficacité. Les riziculteurs n'y ont recours que dans les cas de carence manifeste.

La réponse du riz au potassium est en général limitée. Comme dans le cas des engrais phosphatés, des apports de potasse sont effectués dans des cas de carence, à des doses de l'ordre de 60 kg/ha.

Lutte contre les adventices.

Le développement des adventices est favorisé par l'humidité du sol et a lieu surtout au début de la croissance du riz. Il s'agit principalement de graminées et de cypéracées. Des variétés de riz sauvage, appelées aussi riz rouges en raison de la couleur du péricarpe des grains, se développent également dans les rizières, pouvant causer des dégâts considérables. La lutte contre les adventices consiste surtout en sarclages manuels ou mécaniques. Le maintien d'une lame d'eau d'une dizaine de centimètres est un moyen efficace pour contrôler le développement des adventices. Le désherbage chimique, théoriquement possible, se heurte à la difficulté de l'utilisation des pulvérisateurs à grande largeur dans les rizières.

Maladies.

Deux maladies affectant la tige, les feuilles et la panicule, peuvent causer des pertes de rendements importantes. Il s'agit de la pyriculariose et, dans une moindre mesure, de l'helminthosporiose. Ces maladies peuvent être combattues par l'utilisation de variétés résistantes, par le traitement des semences et par l'utilisation de produits spécifiques. Parallèlement à ces deux maladies, il existe des maladies bactériennes, notamment le flétrissement bactérien. Enfin, le riz peut être atteint par des maladies à virus transmises par des insectes, notamment des cicadelles.