Larousse agricole 2002Éd. 2002
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engrais minéral (suite)

Le phosphate bicalcique (ou précipité) résulte du traitement des phosphates naturels par l'acide chlorhydrique, puis d'une neutralisation par la chaux de l'acide phosphorique obtenu après élimination du chlorure de calcium. Il contient au moins 38 % de phosphore (P2O5) soluble dans le citrate d'ammonium alcalin (citrate de Peterman). Sa finesse de mouture est déclarée : 98 % doivent passer au tamis de 0,63 mm et 90 % au tamis de 0,16 mm. Cet engrais est rarement utilisé en l'état mais plutôt pour la fabrication des engrais composés.

Le phosphate naturel partiellement solubilisé est obtenu à partir de phosphate naturel moulu par attaque partielle à l'acide sulfurique ou à l'acide phosphorique. Il contient essentiellement du phosphate monocalcique, du phosphate tricalcique et du sulfate de calcium. Sa teneur minimum est de 20 % de phosphore total (P2O5), dont au moins 40 % doit être soluble dans l'eau. Sa finesse de mouture est déclarée : 98 % doit passer au tamis de 0,63 mm et 90 % au tamis de 0,16 mm.

Le phosphate alumino-silicique (ou phospal) est fabriqué à partir d'un minerai d'origine du Sénégal qui est calciné puis broyé. Il dose au moins 30 % de phosphore total (P2O5) dont 75 % au moins est soluble dans le citrate d'ammonium alcalin (citrate de Joulie). Sa finesse de mouture doit être telle que 98 % du produit passe au travers d'un tamis à ouverture de maille de 0,63 mm et 90 % au travers d'une maille de 0,16 mm. Il se présente sous forme d'une poudre rouge utilisable telle quelle, mais il entre aussi dans la fabrication des engrais composés.

Les phosphates naturels tendres sont obtenus par broyage de phosphates naturels tendres. Ils contiennent essentiellement du phosphate bicalcique et du carbonate de calcium. Ils dosent au minimum 25 % de phosphore total (P2O5) dont au moins 55 % est soluble dans l'acide formique à 2 %. Leur finesse de mouture est importante : 99 % de la masse du produit doit passer au travers d'un tamis à ouverture de maille de 0,125 mm et 90 % au travers d'une maille de 0,063 mm. Ces phosphates ne peuvent convenir qu'aux sols acides et riches en matières organiques : les micro-organismes du sol sont susceptibles de les attaquer et de favoriser ainsi leur utilisation.

Certains minerais de fer contiennent du phosphore, qu'il faut éliminer de la fonte pour éviter la présence de paille (petite cavité qui rend les aciers cassants). Les scories Thomas sont obtenues en injectant de l'air ou de l'oxygène dans la fonte phosphoreuse préalablement additionnée d'un fondant à base de chaux et magnésie. Le phosphore est oxydé en acide phosphorique qui se combine avec le calcium du fondant pour former des phosphates et silicophosphates qui surnagent. Séparés et broyés, ces produits constituent des scories de déphosphoration. Les scories Thomas contiennent au moins 12 % de phosphore total (P2O5) dont 75 % au moins sont solubles dans l'acide citrique à 2 %. Produit pulvérulent, 96 % de la masse doit passer au travers d'un tamis à ouverture de maille de 0,63 mm et 75 % au travers d'une maille de 0,16 mm. Les scories contiennent de la chaux libre (10 %) et 30 à 35 % de chaux liée au phosphore ainsi que magnésium et plusieurs oligo-éléments (manganèse, silicium, fer, molybdène...). C'est un engrais intéressant pour les sols acides et il peut convenir à toutes les espèces cultivées dans ces types de sol. Cependant, c'est un produit qui tend à disparaître dans la mesure où les minerais de fer actuellement utilisés ne contiennent plus de phosphore.

Engrais potassiques.

Les engrais potassiques sont issus du traitement de divers minerais présents à l'état naturel sous forme de mélange de sels. Les principaux minerais utilisés sont la sylvinite (chlorure de potassium et chlorure de sodium), la carnallite (chlorure de potassium et chlorure de magnésium) et la kaïnite (chlorure de potassium et sulfate de magnésium). Tous les engrais potassiques sont solubles dans l'eau et ne sont donc caractérisés que par leur teneur exprimée en % d'oxyde de potassium (K2O). En fait, les produits les plus fréquemment rencontrés sont le chlorure de potassium perlé (61 % de K2O) et le chlorure de potassium compacté (dit granulé) à 60 % de potassium (K2O). Cet engrais convient à toutes les situations culturales, il est seulement à éviter pour les espèces sensibles au chlore (tabac et à un degré moindre haricot, pois, lin...).

Le sulfate de potassium résulte du traitement du chlorure de potassium par de l'acide sulfurique. Il dose au minimum 47 % de potassium (K2O) et aux environs de 43 % de soufre (SO3). Il est particulièrement adapté aux cultures exigeantes en soufre, comme le colza et autres crucifères, les liliacées (ail, oignon, poireaux) et les légumineuses.

Le Patentkali est un sulfate double de potassium et de magnésium. Il est issu d'un minerai de sulfate de magnésium (Kiéserite) traité par de l'acide chlorhydrique issu du chlorure de potassium. Après élimination du chlorure de magnésium, on obtient un engrais qui dose 30 % de potassium (K2O), 45 % de soufre (SO3) et 10 % de magnésium (MgO). C'est un engrais utilisé chaque fois que des déséquilibres nutritionnels entre le magnésium et le potassium sont à craindre. Il convient pour les cultures pérennes (vignes, vergers) et aussi pour le maïs.

Engrais complexes.

Il existe de nombreuses possibilités : les plus importantes sont les binaires apportant de l'azote et du phosphore et ceux apportant de l'azote et du potassium.

Les phosphates d'ammonium résultent de la neutralisation par l'ammoniac d'une ou de deux fonctions acides de l'acide orthophosphorique. On trouve les phosphates monoammonique ou diammonique, les polyphosphates d'ammonium enrichis ou non en azote. Il s'agit, dans ce dernier cas, d'un apport de nitrate d'ammonium. L'engrais le plus fréquemment utilisé est le phosphate diammonique qui titre 18 % d'azote (N) et 46 % de phosphore (P2O5). Cet engrais est souvent utilisé au semis (maïs) ou en fin d'hiver en couverture sur des céréales d'hiver ou du colza.