Larousse agricole 2002Éd. 2002
C

charrue (suite)

Le retournement des charrues réversibles, réalisé autrefois, manuellement ou mécaniquement, s'effectue aujourd'hui par des vérins hydrauliques pilotés par des distributeurs hydrauliques agissant (par leviers ou crémaillères) sur des pignons solidaires de la fusée de retournement.

Les charrues vigneronnes comportent deux corps de charrues disposés symétriquement sur un cadre, afin de verser la terre soit vers les rangs de vigne (chaussage), soit vers la zone située entre les rangs (déchaussage) ; d'autres charrues vigneronnes, dites décavaillonneuses, ont un corps qui s'efface au voisinage des ceps, piloté par un palpeur.

Les charrues fossoyeuses, de très grandes dimensions, sont utilisées pour creuser ou entretenir des fossés.

Les charrues défonceuses sont de lourdes charrues à un ou deux corps travaillant à plus de 50 cm de profondeur.

Les charrues-taupes comportent en arrière du corps une pièce de forme oblongue attachée par une chaîne. Dans la terre humide, cet « obus » moule une sorte de galerie qui a pour but de faciliter l'écoulement des eaux en excès : cette technique de drainage, peu efficace, a pratiquement disparu.

Charrues à disque.

Un disque de labour est une sorte de calotte sphérique de 0,60 à 1 m de diamètre, munie d'un bord tranchant, qui effectue un travail voisin de celui d'un corps de charrue à soc. Le plan de cette calotte fait un angle d'environ 45o avec la direction d'avancement (angle d'attaque) et de 20 à 25o avec le sol (angle d'entrure). Cette disposition provoque la découpe d'une bande de terre (de section elliptique) qui remonte du fait de la rotation du disque, l'émiettement de cette bande et un certain retournement de la terre éventuellement complété par un déflecteur appelé improprement versoir de disque.

Les charrues à disque, moins courantes que les charrues à soc, effectuent un labour plus grossier mais présentent un certain intérêt dans les sols usants et caillouteux.

Les dispositions (portées, semi-portées, traînées, réversibles...) sont les mêmes que pour les charrues à soc. Une roue stabilisatrice inclinée en sens inverse des disques compense les poussées de la terre et maintient la charrue en ligne.

Aubineau

chasse

Recherche, capture ou mise à mort de mammifères ou d'oiseaux vivant à l'état sauvage, constituant le gibier.

Législation.

La pratique de la chasse est soumise a une réglementation très stricte (loi du 26 juillet 2000). Nul ne peut chasser s'il n'est titulaire d'un permis délivré par l'autorité administrative à la suite de l'admission à un examen (environ 40 000 candidats sont reçus chaque année), comportant des épreuves théoriques et des épreuves pratiques. Ce permis, pièce officielle, est valable toute la vie du titulaire. Pour la pratique effective de la chasse, il doit être validé chaque année (de l'ordre de 1 500 000 validations délivrées en 2000). La validation implique l'adhésion obligatoire à une fédération départementale de chasseurs et l'acquittement des cotisations correspondantes. La validation peut être pour un seul département ou pour tout le territoire national. Des validations particulières (timbres) concernent le gibier d'eau et le grand gibier.

Le droit de chasser appartient au propriétaire foncier qui peut exercer son droit ou le rétrocéder à titre gratuit ou onéreux, à une autre personne ou à une association. Dans certains départements, l'adhésion des propriétaires à une association communale de chasse agréée (ACCA) est obligatoire, sauf à détenir des terrains d'un seul tenant d'une superficie supérieure à un seuil variable selon les départements (en général 20 ha). La période d'ouverture de la chasse est fixée chaque année par l'autorité administrative pour chaque département.

La pratique de la chasse est interdite du mercredi 6 heures au jeudi 6 heures. La chasse de nuit à partir de huttes ou gabions est possible dans certains départements. La chasse à l'intérieur d'un territoire attenant à une habitation permanente et entouré d'une clôture continue et constante est possible toute l'année pour le gibier à poil.

La liste des espèces dont la chasse est autorisée est fixée par arrêté ministériel en application d'une directive européenne (environ une cinquantaine d'espèces d'oiseaux et une douzaine d'espèces de mammifères. La chasse au grand gibier (cervidés, chamois, mouflon et dans certains départements, sanglier) fait l'objet de dispositions particulières (plan départemental de chasse).

Modes de chasse.

Les modes de chasse sont la chasse à tir, la chasse à courre (8 à 10 000 pratiquants), la chasse au vol avec des rapaces diurnes (fauconnerie, quelques centaines de pratiquants), les chasses traditionnelles aux engins. Tous les autres modes de chasse sont interdits. Le gibier n'appartient pas au propriétaire ou au locataire du territoire mais au chasseur qui l'abat. Son transport est libre en période d'ouverture, réglementé le reste du temps. Le gibier abattu selon les dispositions d'un plan de chasse doit être accompagné d'un document spécifique. La police de la chasse est assurée par les gardes nationaux de la chasse et de la faune sauvage, dépendant administrativement de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, établissement public.

Économie.

L'élevage du gibier est une activité économique importante qui génère 5 000 à 6 000 emplois. Les éleveurs sont des actifs agricoles à temps complet ou partiel et sont titulaires d'un certificat de capacité pour l'espèce considérée. La dépense annuelle du chasseur (de l'ordre de 1200 euros) génère un flux financier de 1,8 milliard d'euros et supporte 21 000 emplois. Cette dépense est constituée pour un tiers par l'entretien du chien et pour un quart par les déplacements; les cotisations (14 %), l'armurerie (12 %), les assurances et validations (9 %) sont les autres postes.

Si, au début du XX e siècle, la majeure partie des chasseurs appartenait au monde agricole (cultivateurs, propriétaires ou notables ruraux), elle est constituée, un siècle plus tard, d'urbains (ouvriers et employés). Les actifs agricoles, moins nombreux dans la société, ne représentent pas plus de 20 % des chasseurs. Par contre parmi les agriculteurs, la chasse est encore pratiquée par un tiers d'entre eux (à peine 10 % chez les ouvriers). Une part importante de la rente financière revient au monde agricole par le biais des locations de droits de chasse. De plus, certains exploitants gèrent des enclos de chasse qui comprennent des activités d'accueil, de restauration ou de gardiennage de chiens. Certaines régions françaises (Alsace, Camargue, Dombes, Somme, Sologne) ont une économie rurale très dépendante de la chasse.