Larousse agricole 2002Éd. 2002
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céréale (suite)

Pour améliorer leur valeur alimentaire, ou pour faciliter une distribution mécanique, on peut leur faire subir différents traitements tels que le broyage, l'agglomération ou l'enrobage. Le maïs ensilé sous forme de plante entière au moment où le grain est à une teneur en eau d'environ 40 % et les spathes encore vertes est utilisé pour l'alimentation des bovins. Les animaux préfèrent toujours les granulés aux moutures fines. L'ingestion des grains entiers provoque chez les ruminants une diminution de la digestibilité, tandis que les moutures fines risquent d'entraîner des troubles respiratoires, notamment chez les volailles. Signalons enfin que les pailles sont parfois utilisées pour l'alimentation des ruminants, particulièrement dans les pays où la ressource fourragère est rare. La valeur alimentaire, pauvre, peut être améliorée par l'adjonction d'urée ou de mélasse.

Surfaces cultivées et production.

La superficie mondiale consacrée aux céréales se situe autour de 700 millions d'ha, soit la moitié environ des superficies des terres consacrées aux cultures (classification Arable Lands - « terres arables » - de la FAO) dans le monde. Le blé est, avec 220 millions d'ha, la céréale la plus cultivée dans le monde. Le maïs, et surtout le riz, sont plus concentrés géographiquement en raison de leurs exigences climatiques.

La production mondiale de céréales est de l'ordre de 2 milliards de t (moyenne 1996-1998 d'après la FAO), en augmentation d'environ 800 millions de t par rapport à 1970. Le maïs, le blé et le riz viennent très largement en tête, avec 85 % de ce total. Le niveau de production du blé et du riz se situe dans une fourchette de 560 à 585 millions de t. Le maïs occupe désormais la première place, avec 605 millions de t en 1999. La production de l'orge est de l'ordre de 150 millions de t, celle du sorgho de 60 millions et celle de l'ensemble des autres céréales d'environ 100 millions. La part de certaines d'entre elles, telles que l'avoine ou le seigle, devient progressivement marginale. La culture du mil se maintient cependant en Afrique.

Le rendement moyen, toutes céréales confondues, s'établit autour de 3 t/ha, avec une assez large dispersion autour de cette moyenne : environ 2 t/ha pour l'orge ; 2,5 t/ha pour le blé; entre 3,5 et 4 t/ha pour le maïs et le riz.

La progression de la production au cours des trente dernières années résulte de l'augmentation des superficies cultivées, mais surtout de celle des rendements à la suite des progrès techniques réalisés au cours des dernières décennies : amélioration variétale, utilisation croissante des engrais, méthodes de lutte contre les ennemis des cultures, mécanisation, irrigation, etc. La comparaison entre le rendement moyen mondial et ceux des pays les plus avancés (6 à 7 t/ha) montre qu'il reste encore une large marge de progrès.

La Chine et l'ALENA (Canada, Mexique, USA), avec chacune une production de l'ordre de 450 millions de tonnes, assurent plus de 40 % de la production mondiale. Viennent ensuite, avec 220-230 millions de tonnes chacune, l'Inde et l'Union européenne. L'ANASE (pays de l'Asie du Sud-Est), l'Amérique du Sud, l'Afrique et la CEI ont un niveau de production compris entre 100 et 130 millions de t. La France, avec une production de 65 millions de t de céréales, est le premier producteur de l'Union européenne.

Commerce.

Les échanges internationaux représentent environ 10 % de la production mondiale de céréales (206,6 millions de t en 1996-98 ), avec une nette prédominance du blé qui assure près de la moitié des transactions internationales, avec environ 100 millions de t. Le maïs vient ensuite, avec environ 65 millions de tonnes. La part du riz dans le commerce international est en revanche limitée, les pays producteurs étant également les pays consommateurs ; elle ne concerne que 4 % de la production mondiale, avec environ 20 millions de t échangées annuellement.

L'offre sur le marché mondial du blé est très concentrée. Cinq grands exportateurs assurent 90 % des ventes. Il s'agit des États-Unis (29 %), du Canada (19 %), de l'Australie (17 %), de l'Union européenne (16 % dont 9 % pour la France) et de l'Argentine (7%). Les principaux acheteurs sont la Chine, l'Indonésie, la Corée du Sud, le Japon, l'Égypte, le Brésil et l'Afrique du Nord.

Au cours des vingt années qui ont suivi le dernier conflit mondial, les échanges mondiaux ont progressé modérément, au rythme de 4 millions de t/an. Le marché a ensuite connu une forte période d'expansion pendant les dix années suivantes, et les échanges sont passés de 90 millions de t environ à 200 millions, niveau auquel ils se sont stabilisés depuis 1980. La stabilité actuelle s'explique par l'augmentation de la production dans certains pays tels que la Chine et l'Inde, la stabilité de la demande des pays pétroliers, la réalisation de l'autosuffisance dans l'Union européenne et la demande moindre de l'ex-URSS.

Politiques céréalières.

L'importance des céréales aux plans social et économique a conduit de nombreux pays à mettre en œuvre des politiques tendant à développer leurs productions et à les protéger par différentes mesures : garanties de prix, de débouchés, barrières douanières, etc.

C'est ainsi que dès sa création, en 1957, la Communauté économique européenne (CEE) a mis en place une politique agricole commune (PAC). Il s'agissait alors de réduire la dépendance agro-alimentaire des États membres à l'égard du reste du monde, en augmentant la production. Le cadre général de la PAC était la libre circulation des produits à un prix unique pour chaque produit, la fixation de prix garantis, les taxes à l'importation, les aides à l'exportation et la solidarité financière entre les États membres pour financer les dépenses de la PAC, par la création d'un fonds commun d'orientation, d'organisation et de garantie agricoles (FEOCA).

La pression des pays exportateurs, notamment les États-Unis, hostiles aux mesures protectionnistes et désireux de parvenir progressivement à une libéralisation des échanges, a conduit à une réforme de la PAC en 1992. Un des fondements de cette réforme était une baisse, échelonnée dans le temps, des prix d'intervention des céréales (ainsi que ceux des oléagineux et des protéagineux) afin de les rapprocher des prix mondiaux. La perte de revenus résultant de cette baisse était compensée par des indemnités compensatoires par produit, calculées par hectare, ou par département en ce qui concerne la France, sur la base des rendements des années précédentes. Le montant des indemnités était lié à une surface maximale par produit, établie pour chaque pays membre, et tout dépassement de cette surface pour un produit donné entraînait une diminution du montant de l'indemnité. L'autre mesure importante était l'obligation de mettre en jachère une partie de la surface cultivée qui a varié au cours des années entre 10 et 15 % et qui est actuellement de 10 %. La mise en œuvre de ces politiques s'est traduite par un développement très important de la production communautaire de céréales. Ainsi, en France, la production de céréales est passée en moins de 20 ans de 35 millions de t à près de 70. Celle du blé, qui était de 20 millions de t au début des années 1980, atteignait 35 millions de t en 1996 pour une superficie comparable.